SYNDICALISME
Congrès FDSEA : « Soyons fiers de notre agriculture »

Marin du Couëdic
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Le congrès 2022 de la FDSEA a réuni près de 150 personnes, le 11 février, à Boffres. Au centre des débats, l’actualité nationale et les attentes ardéchoises pour une agriculture plus rémunératrice, plus protégée et plus valorisée. 

Congrès FDSEA : « Soyons fiers de notre agriculture »
Jérôme Volle, vice-président de la FNSEA, Arnaud Rousseau, premier vice-président de la FNSEA, Christel Cesana, présidente de la FDSEA et Dominique Laffont, vice-président de la FDSEA.

« Quel plaisir en tant qu’agriculteur et maire de vous accueillir à Boffres », s’est exclamé Hubert Juge en préambule de la séance publique, face à quelque 150 adhérents, invités et élus syndicaux. Un public visiblement heureux de se retrouver dans la salle des fêtes de cette petite commune proche de Vernoux-en-Vivarais pour ce 76ème congrès de la FDSEA de l’Ardèche, vendredi 11 février, un an après avoir eu recours à la visioconférence, crise sanitaire oblige.

Le lieu de rassemblement n’avait pas été choisi par hasard. Dénombrant 633 habitants pour 3 100 hectares (4ème commune du département par sa superficie !), terre d’élevage et de prairies, forte de sa châtaigneraie, de ses productions diversifiées (fruits rouges, miel, pain artisanal, herbes aromatiques…) et siège de l’entreprise de fabrication de chips « La Ducale », la commune de Boffres est à elle seule un symbole du dynamisme de l’Ardèche rurale et agricole. « Bien que notre commune ne résiste pas à la baisse du nombre d’exploitations agricoles et à l’augmentation de la moyenne d’âge des exploitants, nous gardons espoir en l’avenir car depuis quelques années de jeunes agriculteurs viennent s’installer à Boffres avec des projets de maraîchage ou de transformations de production locale, a poursuivi Hubert Juge. Et de conclure son intervention par un appel à prendre de la hauteur : « Les futures générations comptent sur les femmes et les hommes du monde rural pour imposer d’urgence une transition énergétique, économique et sociale pour les prochaines décennies. Nous devons nous impliquer car nous sommes les bâtisseurs de l’alimentation de demain. »

« La diversité de nos productions est une force »

Le ton était donné, avec un congrès tourné vers les questions locales mais aussi nationales et internationales, intimement liées comme l'ont souligné les élus. « Aujourd’hui plus que jamais, nous devons changer de paradigme avec la loi Egalim 2 et la réforme de la Pac 2023 en se battant pour prendre en compte les spécificités ardéchoises. La diversité de nos productions est une force face aux aléas climatiques, nous les défendrons toutes. Quant à l’alimentation, elle a un coût, ne nous laissons pas influencer. Même si cette contractualisation parait une montagne, ne laissons pas cette opportunité filer », a déclaré Christel Cesana, présidente de la FDSEA.

« Face à une société qui s’est un peu éloignée de l’agriculture, il est important d’avoir un engagement pour porter nos revendications et comprendre le monde qui le nôtre », a estimé Benoit Claret, président de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. De trop nombreuses années, nous avons subi la dévaluation du coût des produits agricoles. Nous devons aujourd’hui être acteurs du bras de fer dans la négociation commerciale et en parallèle, sur notre territoire, faire de la recherche de la typicité une démarche stratégique ».

Rétrospective 

La journée a été aussi l’occasion de tirer le bilan de l’année écoulée pour la FDSEA. Une année difficile marquée par les aléas climatiques, notamment pour la viticulture et l’arboriculture, mais aussi par des actions syndicales et des victoires.

Parmi les moments notables, la visite de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, venue constater les dégâts du gel, montrer son soutien à la filière et relancer le débat sur l’assurance climatique. L’année a aussi été marquée par la visite du Premier ministre Jean Castex, accompagné par le ministre de l’Agriculture Julien Denormandie et du ministre des Comptes publics Olivier Dussopt, et par la présence Joël Limouzin, vice-président de la FNSEA, qui s’est déplacé à deux reprises en 2021, pour la problématique des campagnols terrestres et pour la gestion des aléas climatiques.

Au rayon des satisfactions, il a bien sûr été question du Salon de l’agriculture ardéchoise du 26 septembre 2021, qui a réuni 5 000 visiteurs au domaine du Pradel à Mirabel. « Une très belle journée, qui a mis en lumière notre agriculture et nos agriculteurs, et que nous souhaitons évidemment renouveler pour une seconde édition en 2022 », a signalé Marlène Merle, élue FDSEA. « Nos produits seront également à l’honneur au Salon international de l’agriculture. Merci au Département de nous offrir une vitrine de choix », a poursuivi l'élue syndicale.

Retraites et transmission

L’après-midi, les responsables de sections et commissions du syndicat ont présenté le bilan des filières et leurs attentes pour 2022. Malgré une hausse des prix des produits pour certaines filières, notamment en élevage, l’explosion du coût des matières premières a été présentée comme l’un des principaux défis pour cette année, tout comme la contractualisation et l’accès à une assurance-récolte pour tous, particulièrement en arboriculture et prairies.

Les élus ont aussi eu un mot pour les retraités suite à l’intervention de Roger Roure, responsable de la section des anciens exploitants : « Après une vie au travail, nous avons droit à une retraite décente. Si la revalorisation des retraites des exploitants et de leurs conjoints était une nécessité, doit-on se réjouir d’avoir obtenu 85 % du smic ? C’est avec des retraités heureux que nous aurons une transmission facilitée », a exprimé Christel Cesana.

Le mot de la fin a été pour la jeunesse et le renouvellement des générations en agriculture. « Nous devons pouvoir offrir cet attrait du métier et avoir cette capacité à transmettre nos savoirs si nous voulons attirer durablement en agriculture », a lancé Benoit Claret. « Nous avons besoin de forces vives, de projets. Félicitons nous d’avoir une DJA forte et des jeunes motivés. Soyons fiers de notre agriculture, soyons fiers de nos produits », a conclu Christel Cesana.

RÉACTIONS / Riche de débats et d’interventions, ce 76ème congrès de la FDSEA n’a éludé aucun sujet. Retour sur les prises de parole fortes de la journée. 

« Un regard résolument tourné vers l’avenir »

Arnaud Rousseau, vice-président de la FNSEA : « Le premier combat de la FNSEA, c’est celui du revenu des agriculteurs. Un revenu fait du prix de nos produits et de la compétitivité de nos exploitations. Nous sommes capables de proposer à nos concitoyens des produits de qualité, d’origine, tracés qui font partie de ce qui se fait le mieux en termes de production alimentaire dans le monde. Le revenu, c’est aussi la question des volumes et des moyens de production, en résistant à la pression européenne. A la FNSEA, nous voulons aussi avoir un regard résolument tourné vers l’avenir. L’agriculture est un facteur de solution. Nous défendons celles et ceux qui ont le goût d’entreprendre en agriculture pour des territoires vivants et dynamiques. C’est cela qui nous motive au quotidien. »  

« La FDSEA est à vos côtés »

Christel Cesana, présidente de la FDSEA de l’Ardèche : « Les Français ont changé leur regard sur l’agriculture depuis la pandémie. Profitons de ce regard positif pour conforter une agriculture ardéchoise fière de ses produits, de sa diversité et de ses hommes et ses femmes passionnés. Pour parvenir à cela, je suis consciente des nombreuses difficultés qu’il nous faut dépasser au quotidien. Parmi nos défis, l’obtention de prix agricoles rémunérateurs, le refus de la suppression des matières actives sans alternatives technique, l’irrigation raisonnée, l’emploi agricole ou la pression de la faune sauvage. La FDSEA vous y accompagne et est à vos côtés. »

« Redonner toute sa place à l’agriculture ardéchoise »

Matthieu Salel, vice-président du Département chargé de l’agriculture, l’environnement et le tourisme : « En 2021, le Département s’est fortement mobilisé auprès des agriculteurs ardéchois. Cela a été le cas après le gel dévastateur du mois d’avril, avec une enveloppe de 500 000 euros débloquée avec la Région, ou concernant le retour du loup sur le Coiron, sujet sur lequel nous nous sommes mobilisés avec une enveloppe de 20 000 euros pour s’équiper en matériel pour la surveillance du loup. Pour 2022, nous avons fait le choix de redonner sa place à l’Ardèche au Salon international de l’agriculture à Paris. C’est un grand retour avec un partenariat fort avec la Chambre d’agriculture et l’ensemble des filières. En 2022 aussi, nous travaillons à la mise en place d’un plan chevreau avec la Région et le département de la Drôme. Il y a une nécessité à structurer cette filière pour donner de la valeur ajoutée aux éleveurs caprins. Ce congrès témoigne d’un bel avenir pour l’agriculture ardéchoise, qui est défendue haut et fort. »

« Un modèle de développement singulier et efficace »

Jean-Pierre Graule, directeur de la DDT : « Tous les sujets importants ont été abordés lors de la table ronde. Sur la Pac, nous pouvons penser que la ferme Ardèche va être bénéficiaire de cette réforme, essentiellement à travers le principe de la convergence. Il faudra toutefois faire attention aux exploitations qui ne rentreraient pas dans le schéma d'écorégime. Avec les lois Egalim, les outils sont dans les mains de l’agriculture, avec la prise en compte du coût de la production agricole. Le statu quo n’est pas envisageable, le ministre l’a rappelé. Au niveau local, le préfet demandera au service de la répression des fraudes de vérifier la bonne mise en place de la contractualisation. J’ai bien noté les difficultés qui viennent de l’interdiction de certaines molécules. Nous ne manquerons pas de relayer au niveau national. Quant au loup, nous allons mettre en place des analyses de vulnérabilité sur quelques exploitations pour approfondir le sujet. Pour conclure, l’Ardèche a un modèle de développement singulier mais extrêmement efficace. Sachez que les services de l’Etat sont à vos côtés pour vous accompagner. Votre dynamisme contribue pleinement à l’attractivité de ce territoire ».

Un hommage rendu à Jean-Paul Roux

Alors que les obsèques de Jean-Paul Roux se déroulaient au même moment, le 11 février, une minute de silence a observée lors du congrès de la FDSEA en mémoire de l’agriculteur et élu local décédé une semaine plus tôt. « C’était une personnalité dans le monde agricole ardéchois », a rappelé Christel Cesana, présidente du syndicat. « Un élu de terrain, de terroir, de territoire, a poursuivi Mathieu Salel, vice-président au Département de l’Ardèche.