AOC
Côtes du Vivarais : « Tirer l'appellation vers le haut de gamme »

Propos recueillis par Marin du Couëdic
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Désireuse de gagner en notoriété, l’AOC du Sud de l’Ardèche souhaite compenser ses petits volumes par la singularité de son terroir et la qualité de ses vins. Le point avec Alain Testut, président du syndicat de l'appellation, réunie en assemblée générale le 7 février.

Côtes du Vivarais : « Tirer l'appellation vers le haut de gamme »
Alain Testut, président de l'AOC Côtes du Vivarais et viticulteur à Orgnac-l'Aven.

Quel bilan tirez-vous de la campagne 2021 ?

Alain Testut : « Notre production se stabilise à 6 000 hectolitres pour cette récolte 2021. Nous notons une progression sur les Vivarais blancs et un équilibre sur les rouges et les rosés, voire un petit fléchissement. Globalement, cette campagne un peu déficitaire s’explique par les aléas climatiques que nous avons connus au printemps. Nous ne sommes pas le vignoble qui a le plus souffert du gel parce que notre aire de production se situe un peu en altitude (le plateau des Gras culmine à 250 mètres, ndlr). L'épisode de grêle a en revanche causé d’importants dégâts, notamment sur les communes de Lagorce et Vinezac, qui ont fait baisser la production. L'année 2021 est aussi marquée par le poursuite de nos efforts pour promouvoir nos vins. Nous avons un potentiel, nous le savons. Il faut continuer à travailler sur la qualité et la notoriété de l'appellation. »

Monter en gamme, c’est l’objectif pour les années à venir ?

A.T : « Nous sommes une très petite AOC. Avec nos volumes et nos rendements modestes (environ 30 hl à l’hectare, ndlr), la qualité et la singularité sont les seules épingles qui nous feront sortir la tête de l’eau.  Il faut taper dans l’excellence et tirer l’ensemble de l’appellation vers le haut de gamme, la tête de cuvée. Cela suppose de produire de très bons produits et les faire connaître. Aujourd’hui, nous sommes sur la pente ascendante avec des cuvées prometteuses, en Vivarais blancs notamment, et des vins qui se vendent plus chers qu'il y a dix ans. Une appellation de niche bien valorisée peut aussi intéresser certains cavistes souhaitant proposer des vins méconnus qui ont une typicité et une très bonne qualité. »

Quelle est votre stratégie pour gagner en notoriété ?

A.T : « Pour promouvoir nos vins, nous nous sommes rapprochés de l’organisme interprofessionnel Inter Rhône et sa section Vivarais. Nous avons posé les cartes sur la table pendant une année et sommes ressortis avec l’idée de rapprocher notre image à celle des Gorges de l’Ardèche, des domaines souterrains et des grottes, et de mettre en avant le terroir kartsique de notre vignoble. Nous avons ainsi changé notre charte graphique pour mettre en avant le Pont-d’Arc, qui est la porte de l’appellation, et les sites remarquables du Sud de l'Ardèche. Nous avons la chance d'être situés sur un secteur privilégié pour le tourisme, et notamment l’œnotourisme. Nous avons par exemple des Vivarais dans l'Aven d'Orgnac, où Vignerons Ardéchois fait vieillir des vins. Nous souhaitons créer une émulation autour de tous ces grands sites. »

Un mot sur l'actualité des prochains mois pour l'appellation ?

A.T : « Dès le 1er mars, nous organisons une dégustation entre producteurs et metteurs en marché, avec l’objectif de faire ressortir les meilleures cuvées. L'idée est de sélectionner des vins qui seront ambassadeurs de l’AOC. Dans l'actualité, nous avons aussi prévu une découverte en Vallée du Rhône début avril avec des professionnels viti-vinicoles et une journée d’immersion pour faire découvrir l’appellation aux professionnels de la restauration en mai. Ces événements vont se poursuivre au printemps, avec l’aide d’Inter Rhône, autour de l’œnotourisme, de manière à proposer des vins qualitatifs mais aussi avoir une histoire à raconter derrière. »

Repères / Les chiffres clés de la campagne 2021

● 183 hectares en production
● 6072 hl produits
● 520 hl de Côtes du Vivarais blanc
● 2 214 hl de Côtes du Vivarais rosé
● 3 337 hl de Côtes du Vivarais rouge
● 14 communes sur l’aire de production (9 en Ardèche, 5 dans le Gard)
● 16 opérateurs (13 caves particulières et trois caves coopératives)

Changement climatique / Un vignoble plutôt favorable

Face au changement climatique et à la sécheresse qui menace le vignoble ardéchois, l’AOC Côtes du Vivarais présente un avantage de taille. « Notre aire de production est située sur un terroir argilo- calcaire avec un sol assez poreux sur une grosse partie de l’appellation, qui stocke une partie de l’eau de pluie et la rétrocède en hiver lorsque la plante est installée », explique Alain Testut, président du syndicat de l’appellation. « De plus, nous ne sommes pas une AOC à gros rendement, environ 30 hl à l’hectare, ce qui fait que la vigne stresse beaucoup moins qu’une vigne à 100 hl à l’hectare », poursuit le viticulteur installé à Orgnac-l'Aven.