TOURNON
Distri’Ferm, le pari de la consommation locale et participative

Mylène Coste
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À l’heure où les consommateurs sont de plus en plus exigeants sur l’impact environnemental et la qualité des produits qu’ils mettent dans leur assiette, le magasin Distri’Ferm accorde une place de premier choix au dialogue entre les producteurs et les clients, actifs d’un bout à l’autre de l’acte d’achat !

Distri’Ferm, le pari de la consommation locale et participative
Marielle Banc est à l'initiative de "Distri'Ferm", un magasin tournonais proposant les de produits de près de 55 producteurs locaux.

Distri’Ferm ? Le magasin tournonais 100 % circuits courts, créé en 2008, rassemble aujourd’hui 55 producteurs de Drôme-Ardèche et propose une gamme de produits étoffée : fruits et légumes, œufs, pains, céréales, miels et confitures, viandes et produits laitiers, produits d’hygiène, bocaux… Le succès a été immédiat, et le point de vente attire des consommateurs toujours plus nombreux. Le magasin de produits locaux est aussi pourvoyeur d’emplois : trois vendeuses y travaillent toute l’année !

Distri’Ferm est avant tout un projet familial, comme l’explique Marielle Banc, maraîchère et arboricultrice installée à Plats au sein de la SCEA du Potager : « Mes frères Jean-Philippe et Jean-Christophe produisent des fruits et des olives à Larnage, et ma belle-sœur Marta est également arboricultrice à Plats. Nous avons eu envie d’associer nos forces pour créer un point de vente, avec la volonté de valoriser nos produits du mieux possible et d’être en contact avec les consommateurs. » Elle poursuit : « On s’est vite rendu compte que pour vendre en local, il fallait diversifier l’offre. J’ai donc petit à petit étoffé ma gamme de légumes, avec des produits très nombreux toute l’année. Nous avons aussi décidé de travailler avec d’autres producteurs locaux pour pouvoir proposer un maximum de produits, de qualité. » Dans les étals du magasin, chaque producteur a droit à sa photo, avec une description de son activité et des informations sur la conduite de la culture. « La transparence est primordiale si l’on veut établir une relation de confiance et de proximité avec nos clients. »

« L’auto-cueillette », ou quand le client met la main à la pâte !

Un panier garni de belles fraises à la main, un client passe à la caisse. Ces fruits, il les a lui-même cueillis dans les serres maraîchères de Marielle Banc, à deux pas du magasin Distri’Ferm : « Je suis un adepte de l’auto-cueillette. C’est très sympa, et on déguste avec d’autant plus de plaisir les produits », confie-t-il. Comme lui, de nombreux clients s’adonnent ponctuellement ou régulièrement à l’auto-cueillette, un concept mis en place dès les débuts du magasin et qui a fait ses preuves. « Les gens sont très contents, et apprécient d’être actifs et de participer. Avec une population rurale comme ici, les gens sont heureux de retrouver le plaisir du jardin, souligne Marielle Banc. C’est un concept qui plaît autant aux jeunes qu’aux retraités, et qui attire les familles avec les enfants le week-end ! » 

Un panier à la main, ce client cueille lui-même ses fraises avant de passer à la caisse du magasin.
Un panier à la main, ce client cueille lui-même ses fraises avant de passer à la caisse du magasin.

Elle ajoute : « Avec le Covid-19, nous leur demandons de se présenter à la caisse avant d’aller à la cueillette, pour contrôler les entrées et sorties. Cela nous permet aussi de pouvoir leur donner un couteau pour couper une salade, ou même de les accompagner s’ils ont besoin ! Certains sont autonomes, d’autres au contraire n’ont jamais eu de jardin et ont besoin d’être guidés. Cela nous donne aussi l'occasion d’expliquer comment sont cultivés nos légumes, de répondre aux questions. » Autre avantage : l’auto-cueillette épargne des frais de main-d’œuvre à la productrice et permet au client de bénéficier d’un meilleur prix !

Une association regroupant producteurs et consommateurs

Poussant un peu plus loin encore ce lien entre producteur et consommateur, la fratrie Banc est à l’initiative de l’association de consommateurs de Distri’Ferm, qui réunit une vingtaine de producteurs et une trentaine de clients, avec un bureau composé à 50 /50. « L’idée était de permettre à chaque client qui en a envie de s’investir davantage dans la vie et les orientations du magasin. L’association a été conçue comme un lieu d’échange qui permet aux producteurs de mieux cibler les attentes, les exigences et les envies des clients. Inversement, cela permet aussi au consommateur de se rendre compte des difficultés des agriculteurs, des problématiques qu’ils rencontrent au quotidien… » L’association avait par exemple organisé une rencontre autour des labels, certifications et signes de qualité, avec un intervenant. Si les rencontres ont été suspendues à cause de la crise sanitaire, tous espèrent pouvoir les relancer dès que possible !

Mylène Coste

 Marielle Banc, des fruits et légumes gorgés de passion !
La saison des fraises se poursuit encore pour quelques jours chez Marielle Banc.

Marielle Banc, des fruits et légumes gorgés de passion !

Fille d’agriculteurs, Marielle Banc s’est pourtant installée hors-cadre familial, en 2005. Son exploitation, la SCEA du Potager, comprend une dizaine d’hectares d’arbres fruitiers (principalement abricots) et 3 à 4 ha de maraîchage, entre Plats, Tournon et Saint-Jean-de-Muzols. « J’ai toujours voulu travailler dans l’agriculture, je suis une passionnée ! » affirme-t-elle. Une passion qu’elle partage avec ses frères Jean-Philippe et Jean-Christophe, ainsi que sa belle-sœur Marta, tous étant également agriculteurs. « Nous avons toujours travaillé ensemble. Mes frères ont créé une station d’emballage pour les fruits, on se donne des coups de main mutuellement, on se soutient… » Chaque membre de la fratrie a su s’épanouir dans le métier d’agriculteur : une véritable fierté pour le patriarche de la famille, Pierre Banc. Cette année, les arbres fruitiers ont été fortement touchés par le gel. Heureusement, la maraîchère peut compter sur la production légumière, pour laquelle elle emploie deux saisonniers.

Une agriculture raisonnée

En agriculture raisonnée depuis de nombreuses années, l’exploitation de Marielle Banc est certifiée Haute valeur environnementale (HVE), Label Rouge pour les fruits, Global gap et Eco-responsable. « Avec un site ouvert au public, il était logique pour moi d’avoir un système de culture respectueux de l’environnement et de la santé. » Le désherbage est entièrement mécanique, l’entretien des sols réalisé avec un motoculteur. Aussi pratique-t-elle la lutte intégrée au maximum : « Je fais des lâchers d’auxiliaires (Macrolophus, Encarsia) contre les trips, les pucerons et les aleurodes. J’ai également installé des toiles tissées au sol pour éviter que l’herbe ne pousse, je privilégie le piégeage des ravageurs jusqu’à ce qu’on atteigne le seuil de tolérance… En vergers, mes frères utilisent aussi la confusion sexuelle contre le carpocapse dans les pruniers, l’argile contre la mouche des oliviers… » 

Marielle Banc, vend 80 % de sa production en circuits courts, au magasin Ditri’Ferm, dans des épiceries locales ou dans les points de vente créés dans le Puy-de-Dôme et en Auvergne. « Nous vendons également une partie des fruits à Grand Frais. »