AIZAC
Châtaigneraie : des vergers enfin accessibles !

Anaïs Lévêque
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AIZAC / Une piste de desserte des châtaigneraies du massif de Chastagnier-Gourd – Les Devesses vient d’être inaugurée ! Un projet essentiel pour maintenir les vergers existants, favoriser l’entretien et la culture de ces zones de pentes, mais aussi l’installation de castanéiculteurs.

Châtaigneraie : des vergers enfin accessibles !
Grâce à une desserte de 3 km, plus de 40 hectares de châtaigneraies situés entre 550 et 900 mètres d’altitude sont désormais accessibles.

Le 8 septembre sur la commune d’Aizac, 3 km de desserte ont été inaugurés dans le massif de Chastagnier-Gourd – Les Devesses. Ce secteur historique de la châtaigne ardéchoise situé en zone de pentes était très difficilement mécanisable jusqu’ici. Grâce à cette piste, plus de 40 hectares sont devenus accessibles entre 550 et 900 mètres d’altitude. Ces parcelles pourront être mieux entretenues pour la culture des fruits et la valorisation du bois. Les rendre mécanisable est également déterminant pour consolider des projets d’installation et donner du poids à la filière ardéchoise.

« Humainement, c’était intenable »

Alexandre Guesdon peut en témoigner. En rachetant 3 ha de châtaigneraie en 2014, il était impensable pour lui de continuer à entretenir ses vergers à pieds. « Humainement, c’était intenable. Ma châtaigneraie était très enclavée, je ne pouvais passer que par des petits chemins et des calades, tout se faisait à pieds ou en brouette motorisée à chenilles… » Il travaille en bio sous AOP et transforme 90 % de ses fruits. « Le transport me prenait beaucoup de temps, il était dangereux et très physique », ajoute-t-il.

Reconquête foncière

Ce projet de piste répond à l'ambition de reconquête de châtaigneraies peu valorisées ou non entretenues. La création d’une Association syndicale libre (ASL) a permis d’animer le projet et de rassembler les propriétaires fonciers du massif de Chastagnier-Gourd – Les Devesses. Pour l’heure, 25 propriétaires possédant une grande partie du massif sont regroupés dans l’ASL d’Aizac. L’objectif était de favoriser les échanges, les droits de passage sur les terrains traversés par la desserte, la vente ou la location de châtaigneraies. « Ils ont parfois du mal à se détacher de leur foncier. Quand ils ont découvert ce projet de desserte et de développement de la châtaigneraie, ils sont devenus plus sensibles à louer ou vendre leurs terres », indique Alexandre Guesdon, président de l’ASL d’Aizac. « Certains propriétaires ont juste donné des droits de passage mais restent potentiellement ouverts à de la location ou de la vente. » L'accompagnement des positions foncières des propriétaires dans la durée est d'ailleurs une composante du programme de reconquête. Le dialogue reste ouvert avec les propriétaires initialement réticents.

Ces rencontres ont été déterminantes dans le projet d’installation d’Alexandre Guesdon qui a pu acquérir 9 ha supplémentaires et viabiliser son projet en fin d’année 2019. Il dispose désormais de 7 ha « très accessibles », traversés par la piste. En désenclavant une quarantaine d’hectares sur le massif, « deux à trois installations pourraient voir le jour », estime-t-il.

Dynamiser la filière

Les vergers de ce versant présentent aussi des atouts indéniables pour le développement de la filière. « Le côté vertueux de ce projet, c’est qu’il peut favoriser des installations, mais aussi la sauvegarde et la rénovation des vergers pour des doubles actifs passionnés par leur châtaigneraies mais découragés par la pénibilité du travail. Cela leur permet aussi d'intégrer l’AOP », explique Odile Audibert, chargée de mission en médiation foncière à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche.

3,6 km de desserte sont prévus dans le cadre de ce projet. « Les 600 mètres permettraient d’accéder à 10 ha de fruits et deux autres parcelles à destination de l’exploitation du bois. C’est un secteur à très haut potentiel, avec des arbres greffés depuis longtemps. La repousse des châtaigniers y est importante ce qui permet d’envisager la valorisation du bois de châtaignier qui est très demandé », ajoute Odile Audibert. « Ce projet de piste répond également aux contraintes du changement climatique car il permet aux producteurs de créer de nouveaux vergers plus haut en altitude. »

Initié en 2014 sous l’impulsion de l’ancien maire de la commune Edmond Fargier avec l’appui technique du Parc des Monts d’Ardèche et de la Chambre d’agriculture, ce projet s’inscrit pleinement dans le cadre du Programme de reconquête de la châtaigneraie visant à augmenter la production de châtaigne d’Ardèche AOP. Il a bénéficié du soutien financier de la Région Auvergne-Rhône Alpes, du Département de l’Ardèche, du programme européen Leader, de la commune d’Aizac et de la communauté de communes de Bassin d’Aubenas, et du Crédit Agricole.

Anaïs Lévêque