SANITAIRE
Prophylaxie des ruminants : « une image de marque du cheptel français »

Propos recueillis par Anaïs Lévêque
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SANITAIRE / La campagne de prophylaxie 2020-2021 a commencé le 1er octobre et est organisée jusqu'au 30 avril 2021. Le dépistage en Ardèche concerne chaque année 1 200 exploitations bovines et 500 exploitations ovines et caprines. Retour sur l'importance de cette campagne avec Sylvie Gleize, technicienne au Groupement de défense sanitaire (GDS) de l'Ardèche.

Prophylaxie des ruminants : « une image de marque du cheptel français »

Quels sont les grands principes de la campagne de prophylaxie ?

Sylvie Gleize : « Pour l'espèce bovine, tous les troupeaux sont concernés, quel que soit l'effectif. Parmi les maladies recherchées dans le cadre de la réglementation, il y a la Brucellose qui est une maladie abortive et une zoonose (transmissible à l'Homme). Elle est recherchée tous les ans dans tous les élevages bovins. Ensuite, il y a la Leucose bovine qui est une maladie virale, recherchée tous les 5 ans, c'est-à-dire par roulement sur 20 % des troupeaux ardéchois chaque année. Les dépistages de Brucellose et Leucose sont effectués sur 20 % des animaux de 24 mois et plus d'un troupeau, car la France est indemne par rapport à ces maladies depuis plusieurs années. Dans le cadre réglementaire, la Tuberculose bovine est également recherchée, mais uniquement si des cas positifs sont observés ce qui n'est pas le cas en Ardèche. La Rhinotrachéïte infectieuse bovine (IBR) est, quant à elle, recherchée dans tous les élevages et sur tous les animaux âgés de 24 mois et plus. Pour les élevages ayant éliminé leur dernier bovin positif à l'IBR au cours de la dernière campagne, ayant encore des bovins positifs ou leur qualification suspendue, les dépistages sont effectués sur tous les bovins de 12 mois et plus. »

Et pour les ovins et caprins ?

S.G. : « Pour les ovins et caprins, toutes les exploitations sont concernées par la prophylaxie tous les 5 ans, quel que soit l'effectif. Elle correspond à la recherche de la Brucellose sur tous les animaux mâles non castrés âgés de six mois au moins, tous les animaux introduits dans l’exploitation depuis le contrôle précédent et 100% des femelles de 6 mois au moins si l’effectif est inférieur à 50 ou sinon 25% des femelles de 6 mois au moins avec un minimum de 50. »

En plus des maladies dépistées de manière réglementaire, d'autres maladies sont recherchées sur les troupeaux ardéchois ?

S.G. : « L'IBR est une maladie confiée par l'État au GDS notamment, mais nous ne faisons pas de différence, c'est un dépistage à effectuer en prophylaxie annuelle. Il y a aussi le Varron, un parasite éradiqué, qui est recherché par sondage chez les bovins. Très peu d'exploitations bovines sont concernées, entre 10 et 20 chaque année. La prophylaxie annuelle est également l’occasion de rechercher des maladies non réglementées mais aux fortes conséquences comme la Besnoitiose. »

Comment cette campagne de prophylaxie est-elle organisée ?

S.G. : « Chaque éleveur doit désigner un vétérinaire sanitaire à la DDSCPP qui confie au GDS la programmation des dépistages. Les vétérinaires sont informés de cette programmation, des coordonnées de l'éleveur, de la commande des analyses à faire et du laboratoire à qui les envoyer, et interviennent alors sur les exploitations. Les laboratoires nous renvoient les résultats et nous vérifions la conformité des échantillons, des délais, des analyses, et que les animaux sont tous négatifs sur les maladies recherchées.

Dans le contexte sanitaire actuel lié à la Covid-19, les actes de prophylaxie ne sont pas suspendus. Ce sont des actions jugées prioritaires par l'Etat, comme cela a été le cas pendant le premier confinement où les vétérinaires et laboratoires ont continué leur activité. »

Comment les éleveurs peuvent-ils s'y préparer ?

S.G. : « Les éleveurs sont avertis à l’avance par le vétérinaire. Le GDS les informe également par le biais du « GDS Info » où sont indiquées les règles de prophylaxie à suivre selon les espèces. Elles sont aussi disponibles sur notre site Internet et notre page Facebook. »

En quoi cette campagne est importante ?

S.G. : « La prophylaxie permet de maintenir indemne la qualification des troupeaux, et donc d’assurer la circulation et la vente d’animaux sains. C'est un peu une image de marque du cheptel français. C'est aussi un moyen de surveillance de l’état sanitaire des cheptels. Pour les éleveurs qui n'ont pas besoin de soins pour leurs animaux ou sont un peu isolés, cela permet également d'avoir un bilan annuel, de prévenir d'éventuels problèmes ou dérives. Cette campagne est utile aussi pour maintenir un maillage de vétérinaires sur les territoires ruraux. Nous n'avons pas encore trop de problèmes sur ce point-là en Ardèche, mais il y a des départements proches où cela commence à poser soucis.

Dans le cadre de la loi de santé animale (LSA), prévue pour avril 2021, la prophylaxie permet également de s'intégrer dans un dispositif européen de recherche. Toutes les maladies que nous venons d'évoquer et bien d'autres y sont rassemblées, dans le but d'observer comment les troupeaux sont qualifiés et les maladies recherchées en Europe, de pouvoir échanger et discuter d'égal à égal. »

Les éleveurs peuvent-ils bénéficier d'aides financières pour réaliser les prophylaxies ?

S.G. : « Les tarifs des vétérinaires liés à la prophylaxie sont définis chaque année par une commission réunissant des représentants d'éleveurs et de vétérinaires, et sont fixés par un arrêté préfectoral régional. En Ardèche, nous avons la chance d'avoir un conseil départemental très à l'écoute qui octroie une enveloppe importante pour aider financièrement les éleveurs. Tous les éleveurs adhérents au GDS 07 en bénéficient. L'État aide en partie le GDS pour réaliser l’organisation des prophylaxies des ruminants. »

Qu'en est-il de la prophylaxie d'introduction et mouvements des animaux ?

S.G. : « Pour l’espèce bovine, quand un animal est introduit sur une exploitation, par achat ou en pension, un contrôle est effectué par le vétérinaire entre 15 et 30 jours après l'introduction. Certaines maladies sont recherchées de manière obligatoire : l'IBR et la BVD. Depuis le 1er octobre, le GDS de l'Ardèche a rajouté la Besnoitiose et la Paratuberculose qui sont des maladies impactantees pour les animaux. La Brucellose doit, quant à elle, être effectuée si le délai de transfert de l'animal est supérieur à 6 jours. Pour les sorties d'élevage, les vendeurs non qualifiés en IBR doivent effectuer un contrôle 15 jours maximum avant la sortie de l'animal. »

Propos recueillis par Anaïs Lévêque

Sylvie Gleize, technicienne au GDS de l'Ardèche

Sylvie Gleize, technicienne au GDS de l'Ardèche

NOTEZ-LE / Règles à suivre

Prophylaxie bovine

Maladies dépistées : Brucellose, Leucose, Tuberculose.

Suivant le statut du cheptel, l'âge des animaux à prélever change. Pour les troupeaux indemnes à l'IBR ou en cours de qualification, une prise de sang est effectuée sur les bovins allaitants de plus de 24 mois et 2 analyses de lait de mélange pour les laitiers. Pour les troupeaux en cours d'assainissement ou non conforme, une prise de sang est faite sur les bovins allaitants et laitiers de plus de 12 mois.

Prophylaxie caprin / ovin

Maladie dépistée : Brucellose.

Prévus tous les 5 ans, les dépistages de la brucellose doivent être réalisés sur tous les animaux mâles non castrés âgés de six mois au moins, tous les animaux introduits dans l’exploitation depuis le contrôle précédent et 100% des femelles de 6 mois au moins si l’effectif est inférieur à 50 animaux ou sinon 25 % des femelles de 6 mois au moins avec un minimum de 50 animaux. Les transhumants collectifs, quant à eux, doivent faire la prophylaxie sur leurs animaux tous les ans.

La recherche de la brucellose n'est pas obligatoire à l'introduction mais l'acheteur doit transmettre à la DDCSPP une copie de l'attestation de provenance remise par le vendeur.

La déclaration d'avortement est obligatoire à partir de 3 avortements sur une période de 7 jours. Elle doit être faite auprès de votre vétérinaire pour la recherche sérologique de la brucellose.

Pour bénéficier d’aides financières afin de réaliser ses prophylaxies, s'adresser au GDS de l'Ardèche.