PACTE D’ORIENTATION
L'enseignement face au renouvellement des générations en agriculture
Le Pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture présenté par le ministre de l'Agriculture en décembre dernier contient des mesures spécifiques à l’enseignement agricole pour relever ce défi. Rencontre avec Bruno Ferreira, directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) Auvergne-Rhône-Alpes.
Face au défi de taille de renouvellement des générations en agriculture, l'enseignement agricole est une carte maîtresse. En effet, c’est notamment sur les bancs de l'école que naissent les vocations et, depuis plusieurs années maintenant, ces vocations apparaissent au-delà du cercle familial. « Aujourd'hui, 7 % des élèves sont des enfants d'agriculteurs. » Pour Bruno Ferreira, directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (Draaf) Auvergne-Rhône-Alpes : « le défi du renouvellement des générations, afin de notamment préserver la souveraineté alimentaire, est devant nous et nous devons le relever. Le Pacte d’orientation pour le renouvellement des générations en agriculture, présenté le 15 décembre dernier par le ministre de l’Agriculture, donne un cadre notamment pour l'enseignement agricole ».
Ce pacte s’articule autour de quatre axes et trente-cinq mesures. La formation et l’orientation sont au cœur du processus. En effet, pour continuer à attirer de nouveaux agriculteurs et réconcilier l’agriculture et la société, faire connaître les métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire semble être primordial. « Il faut oser parler de la formation agricole », commente le Draaf. Ainsi, dès 2024, une campagne nationale de communication sur les métiers du vivant va être lancée avec, en ligne de mire, la promotion de la formation.
Agriculteurs ambassadeurs
À cette campagne, s’ajoutera un véritable « choc d’attractivité d’une ampleur inédite », selon le gouvernement, avec la mise en place d’un programme d’orientation et de découverte des métiers de l’agriculture et de l’agroalimentaire. Et quoi de mieux pour faire naître des vocations que d’enfiler les bottes des exploitants agricoles ? Ainsi, à partir de la rentrée scolaire 2024, chaque élève en école élémentaire bénéficiera d’au moins une action de découverte de l’activité agricole. Tous les collégiens et élèves de seconde qui le souhaitent auront également la possibilité de découvrir ces métiers lors d’un stage immersif. Les agriculteurs ne seront pas les seuls nouveaux intervenants. En effet, pour permettre aux futurs agriculteurs et professionnels de l’agriculture à être le mieux armés possible pour faire face aux nombreux défis climatiques, sociétaux et techniques qui leur feront face, un millier d’experts en tout domaine (robotique, hydraulique, agroéquipement…) seront associés à l’enseignement agricole. « Ces appuis autour de thématiques très techniques et spécifiques sont primordiaux », renchérit Bruno Ferreira. La carte de formations devra également évoluer. « C’est une injonction de France 2030 : repenser la carte de formations pour répondre aux besoins. Dans ce cadre, un contrat territorial de consolidation ou de création de formation agricole et agroalimentaire devra être établi », explique Bruno Ferreira. Objectif affiché : redynamiser, d’ici 2030, les classes à faible effectif et redéployer les moyens vers de nouvelles classes si nécessaire. Selon le gouvernement, la réussite des contrats territoriaux au niveau de la France permettrait de diplômer 2 000 futurs actifs de plus par an pour l’agriculture et l’agroalimentaire.
La région avance
En Auvergne-Rhône-Alpes, première région de France en termes d’enseignement agricole avec 117 établissements et plus de 30 000 élèves, étudiants et apprentis, l’ensemble des acteurs ne partent pas d’une page blanche. Le projet régional de l’enseignement agricole 2023-2028, qui est la feuille de route régionale de l’enseignement agricole pour les cinq ans à venir, a été adopté à l’unanimité en fin d’année dernière. « Ce projet régional est soutenu par la conviction profonde que notre enseignement agricole est prêt à relever collectivement les défis de notre société dans nos secteurs d’activité ». Par ailleurs, la Draaf, plusieurs établissements d’enseignement et des partenaires du milieu agricole travaillent main dans la main pour mettre en place une formation innovante sur l’élevage bovin. « Ce projet Actife a pour vocation d’accompagner les transitions agroécologiques et l’installation en élevage dans le Massif central. Sur les territoires, nous travaillons pour toucher davantage de personnes qui ne sont pas issues de l’agriculture », explique le directeur régional. La dynamique est en marche.
Marie-Cécile Seigle-Buyat
La création d’un Bachelor Agro
Selon Nathalie Prudon-Desgouttes, directrice régionale adjointe de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, l’une des mesures phares du Pacte est la mise en place d’un Bachelor Agro. Ce niveau de diplôme supplémentaire, qui entrera en vigueur en 2025, ouvre une perspective de formation de niveau Bac +3 aux élèves, étudiants et apprentis intéressés par de l’agriculture et de l’agroalimentaire. S’appuyant sur une formation Bac +2, agricole ou non, le Bachelor permettra de renforcer les compétences des futurs actifs en matière agronomique.
Les mesures du Pacte pour l’enseignement
- Lancement d’une campagne nationale de communication sur les métiers du vivant.
- Lancement d’un programme national d’orientation et de découverte des métiers du vivant.
- Création d’une nouvelle mission de l’enseignement technique agricole pour répondre aux enjeux du renouvellement des générations et des transitions agroécologique et climatique.
- Poursuite de l’adaptation des formations de l’enseignement agricole aux enjeux écologique et climatique.
- Création d’experts associés de l’enseignement agricole.
- Création d’un Bachelor Agro.
- Création d’un contrat territorial de consolidation ou de création de formation agricole et agroalimentaire.
- Faire des exploitations de l’enseignement agricole des incubateurs de projets innovants.
- Soutenir la formation de vétérinaires et délégation d’actes vétérinaires.
- Assurer une formation accélérée aux transitions agroécologiques et climatiques des 50 000 professionnels de l’agriculture en France.
- Faire de l’accès aux métiers du vivant un levier du plein-emploi.