POINT DE VUE
Jérémie Bosch : « Nous avons tous des intérêts communs et un rôle à jouer »

Pour accompagner au mieux les transitions agricoles en région, la Coopération agricole Auvergne Rhône-Alpes a créé un pôle Filière Transitions Valorisation (FTV). Son responsable, Jérémie Bosch, nous expose sa vision de l’alimentation durable.

Jérémie Bosch : « Nous avons tous des intérêts communs et un rôle à jouer »
Jérémie Bosch, responsable du pôle FTV de la Coopération agricole Auvergne-Rhône-Alpes. ©LCA AuRA

Organe régional de représentation unifiée des coopératives agricoles, agroalimentaires et forestières, la Coopération agricole d’Auvergne Rhône-Alpes rassemble 290 coopératives et plus de 160 filiales. « Il y a environ 17 000 salariés au sein des coopératives régionales. Au total, nos coopératives représentent un chiffre d’affaires annuel de 9 milliards d’euros ». La définition de l’alimentation durable de la Coopération agricole d’Auvergne-Rhône-Alpes repose sur quatre principaux piliers : la préservation de l’environnement, la performance économique, l’impact social et les dynamiques de gouvernance et enfin la préservation de la santé et du bien-être.

Mutualiser les forces

Pour Jérémie Bosch, responsable du pôle FTV à la Coopération agricole d’Auvergne Rhône-Alpes, réfléchir à la complémentarité des circuits d’approvisionnement est capital pour tendre à une alimentation plus durable. « À titre d’exemple, la loi Egalim impose 50 % de produits bio, de qualité et durables dans la restauration collective à l’horizon 2022. Pour y arriver, dans une logique de relocalisation de l’alimentation, il faut une réelle complémentarité entre les acteurs de l’alimentation dans notre région », explique-t-il. « Nous possédons des outils de transformation à l’échelle régionale qui permettent d'optimiser les flux. Bien souvent, la structuration de filières industrielles régionales permet de regrouper l’offre et d’avoir une logistique de transport optimisée, avec une empreinte carbone plus faible qu’une distribution éclatée. »

En complément des circuits courts et de la vente directe, il estime que la structuration de filières agricoles et agroalimentaires à l’échelle régionale et l’optimisation des outils industriels existants représentent « un levier important » pour bénéficier d'une alimentation durable, qualitative et quantitative. « On dit que l’on bétonne un département tous les dix ans en France. Mieux vaut rénover ou réhabiliter les nombreux outils industriels existants que de construire à nouveau. » Pour appuyer son propos, Jérémie Bosch reprend l’exemple d’un groupement d’éleveurs demandant à la collectivité le soutien à la création d’un nouvel abattoir de proximité. « S’il y a un abattoir existant à proximité, autant envisager de partager les coûts de fonctionnement, de le rénover avec une meilleure efficacité énergétique, voire l’agrandir. » Que ce soit pour les abattoirs, les laiteries, les légumeries ou autres, l’important reste de rentabiliser l’existant. « Souvent, le maillage d’outils industriels publics et/ou privés ne fonctionne pas de manière optimale et certains ne sont pas saturés. Il faut envisager des délégations de services et rendre la mutualisation accessible via des partenariats. » 

Objectif neutralité carbone

D’ici 2035, la Coopération vise la neutralité carbone au niveau national. Pour l’atteindre, de nombreuses actions sont d’ores et déjà menées ou verront prochainement le jour. Ces projets, qui mêlent des acteurs comme le Cluster herbe du Massif Central, sont la clé pour innover collectivement. « Il faut se mettre autour de la table et déterminer le schéma gagnant pour la société, les citoyens, la collectivité, les agriculteurs, et pour les industriels. Nous avons tous des intérêts communs et un rôle à jouer », affirme Jérémie Bosch.

Zoé Besle

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