CONCEPT
Des produits frais et locaux en libre-service 24h/24
Maraîchers et vignerons dans le Sud Ardèche, les frères Royé viennent d’installer un distributeur de produits bio à Rosières, au bord de la D104. Découverte.
C’est une première dans le Sud Ardèche. Depuis quelques semaines, les habitants de Rosières et des alentours peuvent accéder à un choix de produits bio et pour la plupart locaux à tout moment de la journée ou de la nuit, week-end compris. Fruits et légumes du cru, bœuf du Coiron, porc de Saint-Michel-de-Boulogne, fromage de Sainte-Eulalie, miel de Beaumont, jus de fruits et confitures d’Ardèche… Le client n’a qu’à dégainer sa carte bancaire et faire son choix sur un distributeur automatique installé au bord de la D104, à l’entrée de la ville en venant d’Aubenas.
Derrière le concept, des jumeaux installés en maraîchage bio à Rosières, les frères Royé. « Nous faisons de la vente directe sur la ferme depuis dix ans. C’est intéressant économiquement et humainement mais pas toujours évident d’allier les attentes des clients avec le travail au quotidien et la préparation des veilles de marché. Nous avons saisi l’opportunité d’un local bien placé pour tenter autre chose avec notre propre épicerie et ce distributeur en libre-service », expliquent ceux qui cultivent 5 ha de fruits et légumes à Rosière et 13 ha en viticulture entre Lablachère et Planzolles.
Produits de la ferme, dépôt-vente & achat-revente
Comme sur les marchés (Joyeuse le mercredi, Aubenas le samedi), Maël et Jehan Royé mettent à disposition des produits frais issus de leur production (légumes et fraises principalement) mais aussi de celles d’agriculteurs partenaires. « Nous travaillons quasi exclusivement avec de jeunes producteurs installés récemment en Ardèche et qui ont besoin de débouchés. Cela nous tient à cœur de participer à la dynamique d’installation locale », précise Maël Royé.
Pour remplir leurs étals et les 36 casiers réfrigérés du distributeur automatique, les frères jumeaux travaillent « le plus possible » en dépôt-vente, avec des producteurs partenaires qui fixent leurs prix et assurent la livraison et la gestion des stocks. « Cela concerne presque tous les produits frais comme la viande et le fromage mais aussi les terrines ou les confitures. Nous prenons une commission de 21 % sur le hors taxe », précisent les maraîchers.
Le reste des produits commercialisés relève de l’achat-revente, parmi lesquels les jus de fruits de la société Sanofruit (La Chapelle-sous-Aubenas) ou les Picodons de la fromagerie Peytot (Planzolles). Pour compléter l’offre locale, les frères Royé travaillent également avec une productrice en Sicile qui leur fournit agrumes et bananes en direct. « Notre chiffre d’affaires est composé à 50 % par notre production, à 25 % par le dépôt-vente et à 25 % par l’achat-revente », précisent-ils.
Dynamique locale et potentiel touristique
« Nous sommes complémentaires avec mon frère, souligne Maël Royé. Lui est très bon en logistique, moi j’aime regarder ce qui se fait ailleurs et innover pour répondre aux besoins de la clientèle. J’ai entendu parler pendant la crise du Covid-19 de ces distributeurs qui sont nombreux dans le nord et l’est de la France. On s’est dit que si ça marche là-bas, pourquoi pas en Ardèche ! »
L’idée en tête, les maraîchers ont fait appel à une entreprise spécialisée du nord de la France, le Casier français. En parallèle, ils ont aménagé leur épicerie dans un local en location au bord de la départementale. Coût total de l’investissement : 100 000 euros.
Quelle clientèle visent-ils avec ce système de casiers ? « Nous souhaitons d’une part répondre aux besoins des habitants qui chercheraient du dépannage alimentaire de qualité ou qui se lancent dans un barbecue improvisé le dimanche par exemple. Nous visons d’autre part le potentiel touristique de Rosières, qui passe de 1 000 habitants l’hiver à 10 000 l’été, avec une grosse demande en produits frais et locaux », détaille Maël Royé.
Un mois après le lancement du distributeur, le bilan est encourageant. « C’est encore le début mais on sent un engouement. Nous essayons différentes formules en se mettant à la place du consommateur », expliquent ceux qui reviennent remplir les casiers plusieurs fois le week-end.
« C’était aussi une occasion de se développer et de pérenniser nos emplois », concluent les frères Royé, qui emploient l’équivalent de 12 emplois temps plein à l’année, avec jusqu’à 18 employés en saison. Ceux qui ont « commencé en vendant vingt salades sur le marché de Rosières » mesurent le chemin parcouru.
