SANITAIRE
GDS : « les efforts doivent se poursuivre pour gagner en performance »

Le Groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Ardèche a organisé, mercredi 13 mars à Pranles, son assemblée générale. Au centre des débats, la poursuite des actions sanitaires et le maintien des aides aux éleveurs malgré un budget déficitaire. 

GDS : « les efforts doivent se poursuivre pour gagner en performance »
L’assemblée générale du GDS de l'Ardèche a réuni près de 70 participants à Pranles. ©AAA_AL

Bien que l’Ardèche soit un département envié sur le plan sanitaire, « les efforts doivent se poursuivre pour gagner en performance », a rappelé lors de son discours Michaël Richard, président du GDS de l’Ardèche, dont l’assemblée générale a réuni près de 70 participants.

Recrudescence de FCO et appel à la vigilance sur la MHE

En 2023, le département a connu une recrudescence importante de fièvre catarrhale ovine (FCO) entre la fin de l’été et l’automne, avec l’arrivée d’un nouveau variant pour lequel « un vaccin existe pour ceux qui le souhaitent ».

La maladie qui inquiète le plus est la MHE (maladie hémorragique épizootique), dont la zone régulée concerne 27 communes ardéchoises : « Avec la baisse des températures cet hiver, le cycle de la maladie s’est arrêté. Il y a fort à parier qu’elle va poursuivre son évolution au printemps », ajoute le président. En l’absence de vaccin et de connaissances exactes sur les conséquences de cette maladie sur les taux de prévalence des élevages, la reproduction ou les niveaux d’immunité, il appelle à la plus grande vigilance. Une campagne de prévention et de communication sur les signes cliniques de la MHE sera mise en place dans les prochaines semaines.

Besnoitiose : sensibiliser les récalcitrants au dépistage

Sur la Besnoitiose, de nouvelles actions de dépistage seront réalisées sur les zones du Coiron et des hauts plateaux. « Plus de 98 % du cheptel ardéchois ont été dépistés, mais nous ne lâcherons pas les 2 % restants », a indiqué Margot Brie, directrice du GDS. Cette action de dépistage sera réalisée au cas par cas, pour sensibiliser et atteindre ces éleveurs réticents.

Un travail est en cours également pour développer une action sanitaire spécifique à la néosporose, une maladie qui touche les bovins et cause principalement des avortements.

Hausse des cotisations et des prestations

La volonté de maintenir un niveau sanitaire reconnu ainsi que des aides aux éleveurs est bien présente, mais les finances du GDS affichent un budget davantage déficitaire pour la prochaine campagne. « Il faudra faire des choix. Malheureusement ces choix auront un impact sur les aides apportées par certaines actions du GDS », ajoute Michaël Richard. Dans ce contexte, les cotisations 2024 augmentent de 3 %, le forfait exploitation de 5 %, les prestations eau et CMAT (contrôles des machines à traire) de 5 % également et les diagnostics d’ambiance de bâtiment d’élevage de 2 %.

Des tarifs de laboratoire plus élevés et des subventions en baisse

L’année 2023 a été chamboulée par la fusion du laboratoire départemental d’analyses (LDA) La Drôme Laboratoire avec le groupement d’intérêt public (GIP) Terana Drôme. Le GDS de l’Ardèche a dénoncé « une hausse des tarifs de 8,5 % sans négociations et sans dialogue », ainsi que des défauts techniques, des erreurs de rapports et de rendus d’analyse et la longueur des délais, explique Michaël Richard.

Fixées à 230 000 € dont 8 000 € pour la section apicole, les subventions allouées par le Département au GDS diminueront de 20 000 € soit de 10 % en 2024 et de 5 % supplémentaires en 2025 : « Vous connaissez le contexte inflationniste, nous devons adapter notre budget », déclare le vice-président du conseil départemental, Matthieu Salel.

Cette assemblée générale a accueilli également Anne Leboucher, directrice adjointe de la DDETSPP et inspectrice en chef de santé publique vétérinaire, qui a pris ses fonctions en janvier dernier et succède à Didier Roose. « Je constate qu’il y a beaucoup de choses qui se construisent avec le GDS et les partenaires de la DDT, les producteurs fermiers et les éleveurs, signe d’un dynamisme important », a-t-elle souligné, avant d’annoncer « des restrictions budgétaires » à venir. « Nous allons devoir être extrêmement rigoureux, mais nous poursuivrons nos missions de prévention et de contrôles. »

A.L.

Tribune
De gauche à droite : Matthieu Salel, vice-président du Département, Michaël Richard, président du GDS de l'Ardèche, et Anne Leboucher, directrice-adjointe de la DDETSPP et inspectrice en chef de santé publique vétérinaire. ©AAA_AL
BIEN-ÊTRE ANIMAL

Une trentaine d’exploitations contrôlées par an

Chef du service santé et protection animales et environnement à la DDETSPP, Stéphane Klotz est intervenu lors de cette assemblée sur la notion de bien-être animal chez les ruminants. Les contrôles de la DDETSPP concernent essentiellement des contrôles liés à la conditionnalité des aides Pac et des contrôles officiels. En moyenne, les contrôles liés au bien-être animal concernent 1% des exploitations par an en Ardèche, soit 30 exploitations. Les non-conformités relèvent le plus souvent de la maîtrise des conditions d’ambiance des bâtiments d’élevage : ventilation, humidité, température et éclairage. Mise en place en 2017 et réunissant la DDETSPP, le GDS, la DDT, la MSA, des vétérinaires et la chambre d’agriculture, une cellule départementale de veille du bien-être animal permet de dépister les situations problématiques et d’agir le plus rapidement possible. Elle assure le suivi annuel d’une trentaine d’exploitations. Une cellule d’urgence permet aussi d’intervenir dans les situations les plus problématiques.

Comment améliorer le confort thermique des animaux ?
Tanguy Morel. ©AAA_AL
BÂTIMENTS D’ÉLEVAGE

Comment améliorer le confort thermique des animaux ?

Dans un contexte de changement climatique, l’ambiance des bâtiments d’élevage est un élément clef pour assurer la santé et le bien-être des animaux. Tanguy Morel, chef de projet à l’Idele, est intervenu sur ce sujet lors de l’assemblée du GDS.

Le confort thermique des ruminants et des bovins est assuré lorsqu’ils côtoient des températures s’étalant entre -5°C et 20°C, notamment celui des vaches laitières, a expliqué Tanguy Morel, chef de projet en bâtiments d’élevage à l’Idele et délégué régional Auvergne-Rhône-Alpes, en exposant les résultats du projet « Bâti’Lait Mieux » (2021-2023) centré sur la construction des bâtiments d’élevages laitiers et le stress thermique. « Au-delà, elles peuvent très bien supporter des conditions climatiques extrêmes si elles sont logées dans des bâtiments adaptés. »

Lorsqu’il est causé par les fortes chaleurs, le stress thermique entraînerait d’importantes modifications physiologiques et comportementales des vaches laitières, a-t-il prévenu : réduction de l’ingestion et de la rumination, comportement de tri et décalage des repas, baisse de production de salive, augmentation de la fréquence respiratoire, du temps en position debout, de la température corporelle, de la circulation sanguine périphérique, réduction de l’activité, transpiration et pertes minérales plus importantes (sodium, potassium, bicarbonate)... « Et un impact multiple sur le troupeau », ajoute Tanguy Morel, soit la baisse de la production laitière et des performances de reproduction, des incidences sur la composition du lait (baisse des taux, modification du profil en acide gras) et sur la santé de la mamelle (cellules, mammites), fatigue et boiteries, perturbations métaboliques, impact sur les vaches gestantes et sur les nouveaux nés.

Tout au long de son intervention, Tanguy Morel a présenté des solutions d’aménagement des bâtiments d’élevage pour faire face aux intempéries de l’hiver et aux fortes chaleurs de l’été. Bien qu’il soit difficile de gérer deux systèmes de ventilation, selon ces saisons, les éleveurs doivent s’y préparer. « Faire un bâtiment, c’est faire des compromis », prévient-il. Il a évoqué divers outils permettant d’obtenir des indicateurs de confort thermique, comme le THI (Temperature Humidity Index), un thermomètre à globe noir qui donne la température ressentie par l’animal, ou encore le HLI (Heat Load Index) qui cartographie celle du bâtiment.

Température, hygrométrie, vitesse de l’air et rayonnement solaire

La température n’est pas la seule variable d’ajustement. Plusieurs paramètres du bâtiment d’élevage sont à prendre en compte : l’hygrométrie, la vitesse de l’air et le rayonnement solaire global, direct ou indirect. En cas de forte chaleur, « dans nos régions où la température descend la nuit, le bâtiment doit avoir la capacité d’aller chercher cette fraicheur et faire attention à ne pas trop accumuler la chaleur de la journée », en créant « des flux d’air sans chaleur supplémentaire ». Pour cela, conseil est donné d’augmenter les débits d’air, utiliser des ventilations naturelles transversales et des entrées d’air libre en partie basse, à l’aide de rideaux de ventilation, d’ouvertures de bardages et/ou l’installation de volets. Le rayonnement solaire direct peut être réduit aussi avec des ouvertures en pignon ou en long pan, le rayonnement indirect limité en favorisant l’entrée de lumière par faitage par les deux côtés du bâtiment (et non par la toiture), des bardages, l’utilisation du bois plutôt que la maçonnerie, des bordures enherbées…

Toujours pour limiter les effets de la chaleur, prévoir des abreuvoirs suffisamment espacés pour éviter la concurrence, étroits et longs, sur un débit de 15 à 20 l/mn. Sur l’alimentation, mieux vaut une place pour chacun à l’auge et à l’ombre, apporter un fourrage de qualité, conserver le distribué à l’ombre, réaliser un bon tassement à la récolte et réserver des silos d’été orientés au Nord ou à l’Est.

A.L.

Le GDS07 propose des diagnostics d’ambiance des bâtiments d'élevage.
Plusieurs paramètres du bâtiment d’élevage sont à prendre en compte : la température, l’hygrométrie, la vitesse de l’air et le rayonnement solaire global, direct ou indirect.