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Mise à l'herbe : comment éviter la tétanie d'herbage ?

La mise à l'herbe est une période de déstabilisation pour le troupeau et n'est pas exempte de risque de maladie. La principale menace, la tétanie d'herbage, est pourtant facile à prévenir.

Mise à l'herbe : comment éviter la tétanie d'herbage ?
La tétanie d'herbage concerne principalement les élevages laitiers, qui ont de forts besoins en magnésium. © Conseil Élevage

Au printemps, le retour des vaches à la pâture nécessite un certain nombre de précautions. Si elle n'est pas bien menée, la mise à l'herbe peut en effet entraîner des conséquences lourdes, tant en termes de production que de santé des animaux. Le principal risque de maladie réside dans la tétanie d'herbage, pathologie métabolique due à une carence en magnésium. « Elle apparaît généralement à la mise à l'herbe, explique Romain Persicot, directeur du Groupement de défense sanitaire (GDS) Auvergne-Rhône-Alpes. En effet, l'herbe jeune est constituée de beaucoup d'eau, le magnésium est dilué. Son absorption se fait rapidement ce qui diminue la capacité du tube digestif à assimiler le magnésium. » La tétanie d'herbage concerne principalement les élevages laitiers, qui ont de forts besoins en magnésium, et particulièrement les animaux âgés, maigres, très gros, les vaches en début de lactation et, surtout, celles à haute production laitière. Par ailleurs, il existe des facteurs aggravants tels que le stress, le froid et l'humidité qui augmentent la mobilisation du magnésium pour les besoins de l'animal. Une prairie diversifiée limite quant à elle les risques, notamment grâce à l'apport des légumineuses, plus riches en magnésium que les graminées. À l’inverse, une forte fertilisation azotée favorise le développement des graminées et ralentit l'absorption du magnésium.

Des signes difficiles à déceler

« C'est une maladie traître. Souvent, lorsqu'on repère les symptômes, c'est qu'il est trop tard, déplore néanmoins Jérôme Gachet, de Haute Loire Conseil Élevage. Il s'agit de troubles nerveux, de baisse d'appétit, de troubles musculaires, de tremblements, d'anxiété… Elle peut également avoir des troubles de la vision et se déplacer en frottant les murs ou les membres qui pédalent. Les symptômes peuvent aller jusqu'à la tétanie et la mort de l'animal. » « Et malheureusement, ajoute Romain Persicot, c'est souvent la mort d'un animal au pâturage qui alerte. Seuls les éleveurs qui ont vraiment l'œil arrivent à voir des signes avant. » Dans ce cas, il faut agir vite car la maladie peut évoluer en quelques heures vers la mort de l'animal. « Le vétérinaire procède alors à une injection de magnésium en intraveineuse qui permet une absorption quasi immédiate », explique Jérôme Gachet. Toutefois, il ne faut pas oublier le reste du troupeau, ajoute Romain Persicot : « Il y a également urgence pour le reste du troupeau, qui risque d'être victime de la même carence en magnésium. Je conseille de remettre le troupeau à l'intérieur avec sa ration alimentaire habituelle. Puis de ménager une transition alimentaire plus douce ».

Une maladie facile à prévenir

Si la tétanie d'herbage est une maladie grave, il est toutefois assez facile de s'en prémunir. « On peut procéder à une complémentation en magnésium avant la mise à l'herbe », suggère Jérôme Gachet. Mais il s'accorde avec Romain Persicot pour dire que « la meilleure prévention réside dans la transition alimentaire ». En effet, il s'agira, durant un minimum de 3 semaines de pratiquer une mise à l'herbe très progressive afin de ménager une transition en douceur. L'idée, dans les premiers jours, est de ne sortir le troupeau que 2 ou 3 heures, avec un fond de panse qui temporise ce déficit et limite l'ingestion d'herbe jeune. De plus, préférer les sorties en fin de matinée ou début d'après-midi, quand l'humidité est moins forte. « Aujourd'hui, cette maladie devient très rare car la transition alimentaire est mieux gérée et qu'on sait la prévenir », explique Romain Persicot. « J'ai vu un seul cas en 25 ans de carrière » lâche même Mickaël Coquard de Rhône Conseil Élevage. Toutefois, il ne s'agirait pas de relâcher la vigilance, car, comme l'explique Jérôme Gachet, « avec le changement climatique, on voit apparaître des cas en automne, où de plus en plus d'éleveurs remettent les troupeaux à la pâture mais où la mise à l'herbe n'est pas toujours aussi bien menée ».