QUOTIDIEN /
Parents agriculteurs à l'heure du Covid – 19 : une équation difficle !

Mylène Coste
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QUOTIDIEN / Comment gérer le travail sur l'exploitation lorsque les enfants sont à la maison ? C'est le défi qu'un grand nombre d'agriculteurs ont dû relever durant le confinement... et jusqu'à aujourd'hui ! Témoignages.

 

Parents agriculteurs à l'heure du Covid – 19 : une équation difficle !
Anselme Basset, jeune éleveur à Rochessauve, a dû s'occuper de ses deux enfants tout en assurant le travail à la ferme.

Marlène Merle, arboricultrice et viticultrice à Joannas

« Avec la fermeture des écoles, j'ai préféré arrêter mon activité pour pouvoir m'occuper de mes trois enfants (deux de 9 ans et un de 7 ans) ; ç'aurait été trop compliqué de poursuivre le travail ! Mon mari et associé s'occupe donc seul de l'exploitation : nous avons embauché mais a minima, pour éviter de trop grosses dépenses. Cela le soulage un peu, mais il reste surchargé de travail ! De mon côté, je bénéficie de l'indemnité de la MSA, mais qui est loin de compenser la perte de revenu lié à mon arrêt d'activité. Pour le moment, l'école de mes enfants n'a pas réouvert, et ils devraient rester à la maison au moins jusqu'au 25 mai prochain. »

Anselme Basset, éleveur ovin à Rochessauve

« Mon épouse étant infirmière, elle n'a pas cessé de travailler durant le confinement. J'ai donc dû m'occuper de mes deux petits, le premier âgé de 4 ans et le second d'un peu plus d'1 an. Heureusement, mes parents et beaux-parents vivent à proximité, et ont pu m'aider. Mes enfants ont toutefois passé beaucoup de temps avec moi sur l'exploitation, à quelques pas de la maison. Dans la bergerie, cela n'a pas été trop difficile de leur trouver des jeux pour les occuper, tout en vacant à mes occupations. J'avais pris soin d'évacuer tout matériel dangereux de l'espace. En revanche, pour les tâches plus complexes et qui prennent du temps, c'était impossible de les avoir avec moi. La famille a pu les garder ; sinon, il m'a fallu m'adapter et repousser certains travaux à un autre jour.

Par ailleurs, deux semaines avant le confinement, j'avais embauché un salarié pour une courte période. J'ai donc prolongé le contrat!

Depuis le 11 mai, mon fils aîné a pu reprendre le chemin de l'école. Mais le petit est toujours avec moi à la maison : sa nourrice est tombée malade et n'a pas pu l'accueillir durant le confinement. Donc je m'organise ! »

Sonia Minaudier Desbos, arboricultrice à Empurany

« Je devais lever le pied, et le confinement m'y a obligé : en effet, j'attends mon troisième enfant ! J'ai donc considérablement ralenti mon rythme, ce qui me permet de consacrer du temps à mes deux enfants qui sont encore à la maison. Ils ne devraient d'ailleurs pas retourner en classe avant la rentrée prochaine, puisque l'école du village restera fermée jusqu'aux vacances d'été. Mon mari s'occupe donc des travaux sur l'exploitation, et nous avons embauché quelqu'un de manière temporaire pour compenser mon arrêt d'activité. Le confinement est intervenu durant une période encore assez calme pour les productions fruitières : mais le coup de bourre arrive bientôt et il faut s'organiser ! »

Propos recueillis par Mylène Coste

Alors que la récolte des cerises bat son plein, Marlène Merle garde ses trois enfants à la maison.

Alors que la récolte des cerises bat son plein, Marlène Merle garde ses trois enfants à la maison.

Arrêt de travail pour garde d'enfants : quels solutions ?

MSA / Les chef(fe.s) d'exploitation qui ne peuvent pas travailler pour raison de santé ou pour garder leurs enfants peuvent continuer de demander des arrêts de travail indemnisés jusqu’à la fin de l’état d’urgence sanitaire, et ainsi bénéficier d'indemnités à hauteur de 21,46 € par jour, avec une majoration à partir du 28e jour d’arrêt.

L’allocation de remplacement dérogatoire

Elle permet de prendre en charge en partie le coût d’un remplaçant. Cette allocation est ouverte aux personnes non salariées agricoles qui sont malades, à risque ou en contact avec des personnes à risque ou atteintes du Covid-19. Elle est également destiné aux personnes devant garder leurs enfants de moins de 16 ans ou enfant handicapé de moins de 18 ans, du fait de la fermeture des crèches, écoles, et établissements sociaux et médico-sociaux. Ce dispositif s’applique avec un effet rétroactif au 16 mars 2020 et jusqu’à la fin de l’état d’urgence sanitaire.

Chefs d’exploitations, aides familiaux, collaborateurs et membres non-salariés de société peuvent solliciter cette allocation dont le montant journalier maximum versé est de 112 €. Le bénéficiaire peut choisir un remplacement direct ou par le biais d’un service de remplacement. Cette allocation de remplacement n’est pas cumulable avec le bénéfice des indemnités journalières.

La mise en place d’une prestation extra légale

En complément de ces dispositifs, la MSA Ardèche Drôme Loire déploie une prestation extra-légale afin de faciliter le remplacement sur l'exploitation. Cette prestation est attribuée aux adhérents éligibles qui sollicitent l’allocation de remplacement dérogatoire par le biais du formulaire en ligne (lien si dessous). Les adhérents qui continueront à bénéficier d’indemnités journalières dérogatoires doivent solliciter le département d’action sanitaire et sociale au 04 75 75 68 95.

Comment faire ma demande ?

Les adhérents doivent faire une demande de remplacement par le biais du formulaire en ligne sur le site internet de la MSA à l’adresse suivante :

https://ardechedromeloire.msa.fr/lfy/demande-allocation-remplacement-a-titre-derogatoire

Attention, le parent en arrêt de travail pour garde d'enfant ne doit plus participer aux travaux de la ferme. En cas d'accident sur l'exploitation, des problèmes d'indemnisation se poseront.

Pour plus d’informations sur le site Internet de la MSA : https://www.msa.fr.