MISSION PARLEMENTAIRE
Jean-Pierre Vigier : « Notre rapport ne devra pas rester au fond d’un tiroir »

Président de la mission parlementaire sur le lait de montagne, Jean-Pierre Vigier, député de Haute-Loire (LR) détaille la méthode et les ambitions de ce travail qu’il mène conjointement avec la députée LREM Pascale Boyer.

Jean-Pierre Vigier : « Notre rapport ne devra pas rester au fond d’un tiroir »
Jean-Pierre Vigier, député de Haute-Loire (LR), préside la mission parlementaire sur le lait de montagne.

Pourquoi avez-vous réclamé à la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale le lancement d’une mission parlementaire sur le lait de montagne ?

Jean-Pierre Vigier : « Dans le cadre de mon mandat de député, je m’occupe principalement de la ruralité et de l’agriculture étant issu d’un territoire, la Haute-Loire, où l’agriculture tient une place centrale. En tant qu’élu, j’ai été alerté à maintes reprises sur les dangers qui guettent l’activité laitière en montagne. Cette mission parlementaire est coprésidée par Pascale Boyer, députée des Hautes-Alpes (LREM) et secrétaire générale de l’Anem, et moi-même. Le caractère apolitique et son soutien par l’Anem confère à cette mission une force de frappe importante, qui nous l’espérons sera assortie de mesures significatives. En effet, le rapport sera présenté à l’automne au congrès de l’Anem devant le ministre de l’Agriculture. L’idée est d’avancer sur des préconisations qui soient intégrées à des mesures opérationnelles. Notre rapport ne devra pas rester au fond d’un tiroir. »

Alors que les premières conclusions de cette mission sont attendues pour fin juillet, à mi-parcours, quel bilan pouvez-vous faire des premiers entretiens ?

J-P.V. : « Nous avons déjà audité plus d’une dizaine de personnes au rythme de deux auditions par semaine. Dans un premier temps, nous nous sommes concentrés sur les acteurs de l’amont de la filière, suivront les entretiens avec les transformateurs et les distributeurs. À ce stade, nous avons évidemment isolé des problématiques. Pour synthétiser, pour le tiers du lait de montagne transformé en AOP ou IGP, le modèle économique semble être au rendez-vous, en revanche, pour les deux tiers restants du lait qui sont vendus en filière classique, il y a clairement un problème de valorisation. Mais croire que demain l’ensemble du litrage produit en montagne pourra être transformé en AOP ou en IGP est illusoire. Les deux filières sont complémentaires. La question est de savoir comment on arrive à mieux valoriser le lait de montagne dit classique. »

L’une des pistes avancées depuis plusieurs années est de construire une différenciation « montagne » assortie d’une image et d’une valorisation substantielle pour tous les acteurs de la filière…

J-P.V. : « Nous ne sommes qu’au milieu du rapport, mais il est clair que des chemins s’ouvrent pour travailler sur la valorisation de la matière première, les surcoûts de collecte, l’attractivité du métier… Cela passe sans aucun doute par une meilleure valorisation de l’image de la montagne. Pour que le consommateur accepte de mettre le prix, l’image du lait de montagne doit être mieux travaillée en mettant en avant les exploitations familiales de taille moyenne, en phase avec l’environnement, et qui produisent un lait de qualité… Tous les ingrédients sont là, des bêtes qui pâturent, des fourrages de qualité, des hommes et des femmes investis à 200 % dans leur travail qui, par leur activité, constituent le socle de l’économie de ces territoires, garantissent l’ouverture des paysages et donc l’attrait touristique. L’avenir du lait en montagne se jouera dans la capacité de l’amont et l’aval à jouer collectif autour de l’ambition partagée d’une meilleure valorisation. Les pouvoirs publics ont aussi leur part de responsabilité. Cela passe par le maintien de soutien au bon niveau pour les producteurs de lait de montagne dans le cadre de la prochaine Pac, mais aussi des aides à l’investissement… Il faudra aussi regarder du côté des dispositifs de défiscalisation comme cela se fait dans le secteur de l’artisanat au sein des zones de revitalisation rurale. Cette mesure était d’ailleurs prévue dans l’acte II de la loi montagne, mais le décret n’est jamais sorti. »

Propos recueillis par S.C.