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« Jouer collectif avec la montagne comme dénominateur commun »

Éleveur laitier dans le Cantal, président du Conseil national des appellations d’origine laitière (Cnaol), Michel Lacoste porte également le dossier « lait de montagne » au sein de la FNPL, avec un enjeu de taille : stopper l’hémorragie.

« Jouer collectif avec la montagne comme dénominateur commun »
Michel Lacoste. ©SC

En montagne, un litre de lait sur trois est transformé en AOP, source d’une meilleure valorisation, mais quid pour les deux tiers qui restent ?

Michel Lacoste : « Les appellations sont certes assorties d’une valorisation mais on le voit avec la crise de la Covid-19, elles ne sont pas si protégées que cela. Avec des volumes en restauration hors foyer encore loin d’être revenus à la normale, nous ne sommes pas encore tout à fait sortis de l’ornière. Sur les deux tiers du lait de montagne qui ne sont pas valorisés en AOP, des discussions sont en cours. Des démarches existent et d’autres initiatives pourraient naître de cette volonté de mieux valoriser le lait, y compris des démarches fromagères. Notre époque semble donner l’avantage aux produits issus des territoires et rémunérant au juste prix les producteurs, les opérateurs de la montagne ont tout intérêt à saisir cette opportunité. Il y a une carte à jouer qui nécessite plus de collectifs à l’image de ce qui se passe dans les AOP. Dans un monde laitier beaucoup plus ouvert, les PME n’ont pas l’envergure pour porter une marque seule, la montagne pourrait être leur dénominateur commun. »

En quoi les politiques publiques peuvent-elles contribuer à soutenir la production montagnarde ?

M.L. : « Sur la Pac, dans le cadre de la réforme, nous défendons évidemment un maintien de l’ICHN et des paiements environnementaux (éco-scheme) qui reconnaissent les systèmes couplés et herbagers. N’oublions pas que ramener à l’actif, la filière laitière est celle qui a le niveau de soutien le plus faible. C’est pourquoi nous plaidons pour une revalorisation de l’aide à la vache laitière de montagne, soutenons le paiement redistributif et militons pour des aides à l’investissement ambitieuses car les bâtiments laitiers restent les plus gourmands en la matière. »

Au-delà des difficultés, d’un point de vue sociétal, la montagne a pourtant des atouts à faire valoir ?

M.L. : « C’est certain, la filière laitière de montagne a des cartes à jouer autour de l’herbe, de la captation du carbone, de l’échelle familiale de ses exploitations. En générant beaucoup d’emplois sur les territoires, la filière a également une dimension sociale et solidaire incontestable. Environnement, économie, social, elle répond aux trois piliers de la durabilité. »

Propos recueillis par S.C.