PPAM
« Il faut avoir tout le temps en culture un peu de tout »

Face à un marché en plantes sèches qui fonctionne le plus souvent par appels d’offre ces dernières années, les producteurs de plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) doivent anticiper du mieux possible.  

« Il faut avoir tout le temps en culture un peu de tout »
Premier jour de récolte d’Angéliques chez Didier Blache, dont les graines sont vendues en sec cette année.
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Didier Blache, co-gérant de PAM Ardèche, groupement de collecte et de commercialisation de Ppam.

Entreprise privée pendant une trentaine d’années, PAM Ardèche fonctionne sous la forme d’une Sarl depuis 2018 et produit des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam). Ce groupement de collecte et de commercialisation de plantes réunit aujourd’hui 12 associés agriculteurs et une cinquantaine d’apporteurs agriculteurs et cueilleurs, répartis dans tout le département, excepté dans le nord et le secteur du Cheylard. Hélichryse, feuilles de cassis, graines d’Angéliques, bourgeons de Matricaire camomille, feuilles de vigne rouge, de laurier… Les plantes sont cultivées pour leurs feuilles, tiges, bourgeons, graines ou racines, vendues en frais ou en sec. « La saison ne s’arrête jamais, il y a toujours des plantes qui rentrent ! », confie Didier Blache, co-gérant de PAM Ardèche, dont le siège est situé à Vals-Les-Bains, et producteur de Ppam et châtaignes à Saint-Genest-Lachamp. Le pic d’activité vient tout juste de débuter pour le groupement de producteurs et cueilleurs, suffisamment équipés pour pouvoir travailler toutes les plantes. « Il ne nous manque plus qu’une effeuilleuse pour plantes sèches », ajoute-t-il.

Un marché exigeant et spéculatif

Si le marché des Ppam est porteur, il n’en est pas moins exigeant pour les producteurs. « Nous devons beaucoup anticiper les attentes du marché en plantes sèches. Les clients fonctionnent le plus souvent par appels d’offre, ce qui nous pose des problèmes car nous leur proposons des prix, mais derrière ils n’attendent pas toujours la récolte. Le produit doit être prêt quand ils le demandent. C’est un phénomène assez nouveau que nous observons depuis trois à quatre ans. » Soumis aux attentes et aux réactions de la clientèle, les producteurs se voient contraints de prendre des risques et de structurer méticuleusement leurs mises en culture. Cette année, ils se sont retrouvés un peu coincés sur la production de racine de Grande Aunée et Sisymbre avec un acheteur qui n’a pas attendu la récolte. « Nous finissons toujours par trouver preneur mais il faut avoir tout le temps en culture un peu de tout. »

Baisse de commandes et de rendement en 2022

Face à la baisse des ventes des produits bio, « les clients sont un peu plus frileux depuis l’année dernière », constate aussi Didier Blache. Le déférencement des produits homéopathiques a engendré également une baisse de commandes. Le prix payé aux producteurs et aux cueilleurs, lui non plus, n’est pas toujours au rendez-vous, comme sur les fleurs de Mauve et fleurs de Sureau.

La saison 2022 a été marquée aussi par une baisse de rendement dû à la sécheresse, notamment entre mi-mai et mi-juin qui a causé de grandes difficultés sur les cultures. « Le repiquage s’est très mal passé, puis les plantes ne se sont pas suffisamment enracinées et développées, donc les rendements ont été très faibles et nous n’avons pas pu honorer toutes nos commandes », ajoute le co-gérant de PAM Ardèche, affichant une perte de 80 000 € environ.

Pour valoriser la qualité et la traçabilité de sa production, PAM Ardèche a opté pour le label bio Ecocert et Biopartenaire qui défend des engagements équitables entre partenaires économiques. La grande majorité de ses clients (transformateurs) se situent dans la Drôme. « Nous travaillons aussi les Côteaux nantais pour la rhubarbe, les Laboratoires Lehning, Bio Cheval… », poursuit Didier Blache.

Anaïs Lévêque

Arnica
La fleur séchée d’Arnica s’est vendue en moyenne entre 80 € et 90 € le kg en 2022 et « entre 280 € et 300 € cette année », indique Didier Blache.
Comment domestiquer l’Arnica et le mettre en culture ?
Les producteurs d’Arnica cherchent des solutions pour réduire le dépérissement des plants mis en culture.
ARNICA

Comment domestiquer l’Arnica et le mettre en culture ?

L’Arnica bénéficie d’un marché porteur mais les producteurs de PAM Ardèche rencontrent des difficultés à le cultiver.

Entre 2018 et 2020, deux producteurs de PAM Ardèche ont participé à des essais de plantation d’Arnica des montagnes menés en partenariat avec le conservatoire national, le comité des Ppam et l’Iteipman1. Traditionnellement cueillie à l’état sauvage à plus de 1 100 mètres d’altitude, l’Arnica se fait de plus en plus rare en milieu naturel alors que ses fleurs séchées sont très demandées. Peu de données techniques existent pour mettre en culture cette plante et les producteurs rencontrent des difficultés à la domestiquer. « Il y a des blocages que nous n’observons pas sur l’Arnica qui pousse en milieu naturel. Nous ne savons pas pourquoi mais beaucoup de plants dépérissent rapidement, quasiment la moitié, d’autres se développent bien mais ne font pas de tiges donc pas de fleurs », constate Didier Blache. « Même en altitude, sur une parcelle à 1 400 m, nous rencontrons les mêmes problèmes. »

« Nous avons besoin d’avancer techniquement »

Conseil est donné aux producteurs de repiquer les plants d’Arnica en mai. « L’an passé, notre client nous avait livré des plants déjà grands, donc cette année nous les avons repiqué plus tôt, au 15 avril, mais ils ont très mal démarré », poursuit le co-gérant de PAM Ardèche. Cette année, le groupement de producteurs réalisera ses propres semis d’Arnica naturel avec des graines issues d’une culture de Lachamp-Raphaël. « Nous avons besoin d’avancer techniquement sur cette culture, car cela nous apporterait une sécurité financière. C’est une plante qui serait tout à fait adaptée aux cultures en terrasses. » La fleur séchée d’Arnica s’est vendue en moyenne entre 80 € et 90 € le kg en 2022 et « entre 280 € et 300 € cette année », ajoute Didier Blache. Les producteurs recherchent des partenaires pour les aider à financer des analyses de plants et de sols, et faire davantage de recherche sur l’Arnica mais aussi la Rhodiolia avec laquelle ils rencontrent aussi des soucis de dépérissement. Ils espèrent que le prochain plan régional d’aide à la filière Ppam les soutiendra dans cette démarche.

A.L.

1. Institut technique au service des filières Ppam.