ÉCONOMIE
Criel : un fonds engageant pour l’avenir de la filière

Face aux défis majeurs du renouvellement des générations dans le secteur agricole, le centre régional interprofessionnel de l’économie laitière (Criel) a décidé de mettre en place une initiative concrète pour accompagner les jeunes agriculteurs. La Charte d'Avenir Bovins lait vise à lever les principaux obstacles à l'installation tout en renforçant la qualité de la production laitière.

Criel : un fonds engageant pour l’avenir de la filière
Marion Laporte-Brossin, chargée de mission technico-économique au Criel AMC. ©Marion Laporte-Brossin

L'entrée dans le monde agricole peut s’avérer complexe en raison de plusieurs facteurs. D’après Marion Laporte-Brossin, chargée de mission technico-économique au Criel Alpes Massif central, « les constats prêtent à dire que la filière laitière manque parfois d’attractivité auprès des jeunes ». Cette inquiétude a poussé l’interprofession à trouver des solutions concrètes pour relever le défi du renouvellement, mais également du maintien sur le long terme des sociétés naissantes. Pour lutter activement contre ce phénomène, le Criel a mis en place la Charte d'Avenir Bovins lait et décidé d’alléguer la somme de 2 500 € aux jeunes éleveurs laitiers de la région. L’objectif : répondre à trois critères fondamentaux, que l’interprofession a identifiés comme des freins à l’attractivité de la filière :  l'astreinte, les relations humaines au sein des exploitations, et le prix du lait. Le manque de connaissances en ressources humaines, notamment, posent des problèmes de management au sein des exploitations. « La charte finance des séances de coaching RH, pour créer un réel accompagnement en plusieurs temps, basé sur les méthodes de fonctionnement entre les salariés, de créer des plannings, de stabiliser l’aspect administratif. » L’un des points particulièrement importants est de donner des clefs aux exploitants afin qu’ils puissent fidéliser au maximum leurs salariés. « Même si la tendance des salariés est à l’installation, les exploitants doivent conserver leur salariat le plus longtemps possible », affirme Marion Laporte-Brossin.

Le deuxième volet du fonds octroie aux agriculteurs une possibilité de prendre des congés : « lorsque l’éleveur veut s’absenter de l’exploitation, il contacte les services de remplacement qui mettent à disposition des salariés ».

Le troisième volet se concentre sur la maîtrise de la qualité du lait. « Il vise à prévenir les problèmes sanitaires, les dépassements de seuils et les suspensions de collecte, tout en encourageant une production laitière de qualité supérieure pour une meilleure valorisation du produit », explique Marion Laporte-Brossin. Et pour ce faire : « on essaie de donner directement aux jeunes agriculteurs les bons réflexes, les bons gestes. S’ils sont à l’aise avec l’aspect sanitaire, on leur propose de travailler les taux, on essaiera plutôt de valoriser davantage leur lait pour un meilleur prix ».

« La région compte actuellement une vingtaine d’inscrits »

Lancé récemment, le fonds relatif à la charte a déjà intéressé une vingtaine de jeunes agriculteurs. « On demande aux jeunes éleveurs nouvellement installés en Auvergne-Rhône-Alpes de s’inscrire sur un Google Form, tout simplement. Une fois inscrits, ils appellent le prestataire de leur choix. Ils n’ont aucune avance de trésorerie à faire. On a fait en sorte qu’ils puissent y avoir accès facilement. Dans la région, on compte actuellement 200 installations en bovins lait. Actuellement, nous pouvons financer 60 exploitations : nous souhaitons agrandir cette possibilité en sollicitant d’autres moyens de financement ». 

Le Criel espère alléguer le fonds au maximum de jeunes éleveurs laitiers de la région. L’interprofession sera d’ailleurs présente au Sommet de l’élevage, mercredi 4 octobre, aux côtés de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes (Aura), pour faire connaître la charte

Charlotte Bayon