TEMOIGNAGE
Un incendie maîtrisé qui aurait pu tourner au drame

Christophe Ferret, éleveur bovins lait et ovins à Chaumont-le-Bourg (Puy-de-Dôme) et trésorier du service de remplacement Aura a été confronté à un incendie accidentel l’été dernier. Un épisode qui aurait pu tourner au drame sans l’aide des pompiers et du voisinage.

Un incendie maîtrisé qui aurait pu tourner au drame
©Pixabay

8 août 2020. Jour de canicule. Il est 17 h 30 lorsque le père de Christophe Ferret voit les premières fumées noires sortir de sa ferme, le Gaec de Tonvic à Chaumont-le-Bourg (Puy-de-Dôme). Il n’en croit pas ses yeux. « Ce jour-là, il faisait horriblement chaud. Mon fils est venu me chercher en me disant : « Il y a le feu là-haut ! » J’étais avec mes vaches laitières, à 500 mètres de la ferme, j’ai couru vers le bâtiment d’élevage. 3 000 bottes de foin ont pris feu et ont incendié notre bâtiment de stockage. 1 500 tonnes de fourrage sont parties en fumée », raconte l’éleveur installé avec son père et son oncle depuis 2001.

200 agneaux sauvés des flammes

C’est au moment où le feu se répand jusqu’à la bergerie que l’incendie aurait pu tourner au drame. « Grâce aux voisins nous avons pu faire sortir nos 200 agneaux. Heureusement, nous n’avons perdu aucun animal. Les pompiers sont vite arrivés, ont sorti la grande échelle et aspergé d’eau le bâtiment d’élevage. Ils ont fini d’éteindre le feu le lendemain à 3 heures du matin », poursuit-il. Si l’habitation de son père qui touche une partie de l’exploitation a pu être sauvée, 3 000 m2 de bâtiment d’élevage se sont évaporés. « Le lendemain, vous êtes entouré de cendres et vous comprenez que tout a cramé. On vagabonde, on craque, on réfléchit, c’est dur psychologiquement ! C’était la ferme de mon grand-père… », explique ému l’éleveur auvergnat de 44 ans pour qui les souvenirs sont encore frais.

Vers un nouveau départ

Dans les mois qui ont suivi, les assurances ont bien joué le jeu. Les confrères agriculteurs de la commune ont été présents et manifesté leur soutien. « L’hiver dernier nos voisins nous ont loué un de leurs bâtiments d’élevage pour nos génisses. Nous avons dû vendre la moitié de notre troupeau de brebis car nous n’avions plus de place pour les loger. Malgré cela, l’activité a continué de tourner. Nous n’avons pas subi de préjudice financier », relativise Christophe Ferret. D’autant plus que le Gaec se trouve depuis quelques mois à un tournant symbolique de son histoire.  « Mon père de 70 ans va partir à la retraite, mon fils de 18 ans et celui de mon oncle de 19 ans ont pour projet de nous rejoindre en 2022. On a décidé de diviser la structure et avec mon fils nous irons  nous installer à Marsac-en-Livradois, à 3 km d’ici. Grâce à l’assurance, nous allons pouvoir faire construire un bâtiment neuf ». Dans son malheur, l’éleveur a trouvé un nouvel élan et de nouveaux projets loin de ce lieu encore empreint de tristesse. « Nous allons pouvoir repartir d’une page blanche et écrire la suite de notre histoire ».

Alison Pelotier

« Le premier besoin est celui de parler »

Mise en place par la MSA Ain-Rhône, la cellule d’accompagnement du mal être et prévention du suicide1 accompagne les agriculteurs(trices), confrontés à une situation de souffrance. Dès les premiers jours, une assistante sociale ou un conseiller agricole en protection sociale devient leur interlocuteur privilégié et propose les professionnels les plus adaptés selon les besoins et le degrés de détresse. « Dans un premier temps, ils ont souvent besoin d’être accompagnés sur le volet économique et administratif mais il ne faut pas oublier que derrière un agriculteur ou une agricultrice touché(e) il peut y avoir un conjoint(e), des enfants… Sur notre territoire nous avons passé des conventions avec 16 psychologues. Souvent le premier besoin est celui de parler… », explique François Huguet, sous-directeur en charge de l’action sociale et sanitaire à la MSA Ain-Rhône. Pour être encore plus réactif, la plateforme téléphonique nationale Agri’écoute propose une écoute 7j7 et 24h24. Le dispositif Rebond peut aussi être sollicité pour gérer l’urgence et sécuriser la poursuite de l’activité. Sur le secteur du Beaujolais, un réseau sentinelle est en train de se déployer et pourrait être généralisé. « Nous venons de former des vétérinaires, des conseillers municipaux, des retraités, des personnes investies dans la vie locale pour détecter une situation de détresse. Il y a des personnes qui subissent un incendie, qui nous disent ne pas avoir besoin de nous mais qui quelques temps plus tard vont mal. Ce réseau va permettre de les identifier et de les accompagner ».

AP

1 Cellule d’accompagnement du mal être et prévention du suicide : 04 78 92 63 30