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Le rapport sur l’adaptation au changement climatique fait l’unanimité

Sébastien Duperay
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RÉGION / Présenté lors de l’assemblée plénière de la Région Auvergne Rhône-Alpes le 16 octobre, le rapport sur l’adaptation des secteurs agricole, alimentaire et forêt-bois face au changement climatique a été adopté à l’unanimité.

Le rapport sur l’adaptation au changement climatique fait l’unanimité
Jean-Pierre Taite, vice-président à l’Agriculture, a présenté le plan de la Région Auvergne Rhône-Alpes pour aider l’agriculture et la forêt à s’adapter aux aléas climatiques.

Elaboré conjointement avec les représentants des filières agricoles et forestières et dévoilé lors d’une visite à Bibost (Rhône) le 25 septembre, le plan pour l’adaptation des secteurs agricole, alimentaire et forêt-bois face au changement climatique doit mobiliser 50 millions d’euros (M€) de la Région chaque année sur quatre ans. Lors de sa présentation en plénière le 16 octobre, tous les partis siégeant au conseil régional ont accueilli avec bienveillance la proposition de l’exécutif et le rapport a été adopté à l’unanimité. Parmi les réactions des groupes politiques, Marie-Jeanne Beguet (Modem) a appelé le vice-président à l’Agriculture, Jean-Pierre Taite à réserver une partie des fonds pour le développement de l’agriculture biologique « car elle peut être une réponse au réchauffement climatique », a-t-elle argumenté. Marie-Hélène Riamon (Socialistes et démocrates) a déclaré apprécier la proposition « au vu de l’urgence climatique » : son groupe propose de « muscler l’intervention régionale » dans le domaine de la recherche « pour aller plus vite ». Même les élus du RCES (écologistes) ont fait part de leur « satisfaction de voir le défi climatique pris à bras-le-corps », a indiqué Corinne Morel-Darleux. Sur la question des retenues d’eau, la conseillère régionale a insisté sur le soutien de son groupe à des projets collectifs plutôt qu’individuels.

Réponse à l’urgence en cinq axes

« On a un dérèglement climatique avéré depuis 30 ans, avec des étés très chauds, aves des sécheresses spectaculaires, avec des précipitations beaucoup plus violentes en termes de grêle, de pluie intense. On est obligé de s’adapter, d’où la présentation de ce plan », a déclaré le vice-président à l’Agriculture. En Auvergne Rhône-Alpes, « chaque sécheresse engendre au moins 100 M€ de pertes économiques pour notre activité agricole. Les aides publiques viennent évidemment modérer ces pertes-là, mais à hauteur de 40 %. […] Est-ce que vous connaissez aujourd’hui une profession en capacité de supporter plusieurs années de suite 60 % de perte d’exploitation ? Il n’y en a pas », a ajouté Jean-Pierre Taite. Le plan de la Région se décline donc en cinq axes.

Le premier, qui devrait bénéficier de 10 M€ par an, vise à soutenir les investissements préventifs, (filets paragrêle, systèmes anti-gel…). Il permettra aussi d’aider à la diversification des activités et au développement de nouveaux débouchés pour des filières à haute valeur ajoutée ou de nouvelles filières. Le deuxième axe (15 M€ / an) accompagnera les évolutions et investissements nécessaires en matière de gestion de la ressource en eau ; d’implantation de cultures plus résistantes ou de nouvelles essences en forêt ; de développement de nouvelles pratiques (agroforesterie) et d’amélioration de la gestion fourragère.

L’État sera associé

Dans le troisième axe (10 M€ / an), la Région veut soutenir la production d’énergies renouvelables, l’autonomie énergétique des exploitations (méthanisation, photovoltaïque…), l’utilisation de ressources locales (bois locaux) et l’usage de produits biosourcés (lin, chanvre…). Dans un quatrième volet, le conseil régional consacrera 10 M€ par an pour améliorer le bilan carbone du secteur : soutien aux circuits courts, promotion de l’achat local, aide pour favoriser l’autonomie alimentaire des élevages, préservation des prairies et des espaces pastoraux… « Enfin, pour que l’ensemble de la profession travaille et s’adapte, il faut de la formation et de la recherche », a indiqué Jean-Pierre Taite. Ce dernier axe sera doté de 5 M€ par an.

La Région et la profession agricole rencontreront très prochainement le préfet de Région, a annoncé le vice-président à l’Agriculture, « pour associer l’État à notre travail pour qu’on puisse mobiliser les fonds européens ». « Et si le travail est bien fait, on estime que ce sera plus de 900 M€ sur quatre ans que l’on sera en capacité de mobiliser sur l’adaptation aux aléas climatiques pour notre agriculture et pour le monde du bois et de la forêt », a-t-il conclu.

Sébastien Duperay

NOTEZ-LE / Un voeu pour l'eau

L’exécutif régional Auvergne Rhône-Alpes a présenté le 16 octobre lors de l’assemblée plénière un voeu « pour une gestion permettant l’accroissement de la disponibilité de la ressource en eau sur le bassin Loire-Bretagne, dans sa partie Loire-amont ». Les élus ont demandé à l’agence de l’eau en charge de la révision du Sdage (schéma directeur d’aménagement et de gestion des eaux) Loire-Bretagne « d’incorporer un axe en faveur du développement du stockage de l’eau, sous toutes ses formes, afin d’accroitre sa disponibilité », « d’affirmer la solidarité amont-aval » et « d’ouvrir une réflexion sur les besoins, les priorités et la répartition juste de l’eau à l’échelle du grand bassin Loire-Bretagne ». L’exécutif a appelé le gouvernement à faire appliquer ces demandes et ce dernier, ainsi que le Parlement, à modifier les « lois et règlements en faveur du stockage de l’eau ».