SANTÉ
Des sentinelles pour lutter contre le mal-être en agriculture

Face au mal-être et au risque suicidaire dans le monde agricole, des "sentinelles" sont déployées depuis le début de l'année.

Des sentinelles  pour lutter contre le mal-être en agriculture
Selon la MSA, en 2021, les personnes âgées de 15 à 64 ans relevant du régime agricole présentent un risque de suicide accru de 43 % par rapport aux assurés de l’ensemble des régimes de sécurité sociale.

Alors que le monde agricole présente une surmortalité par suicide et un risque supérieur de 43 % au reste de la population en âge d’être actif (étude MSA et SNDS 2016), l’État et les différents acteurs territoriaux tentent de réagir. Ainsi, depuis le début de l’année 2023, un réseau de « sentinelles » se crée. Celui-ci consiste à former des citoyens volontaires et bénévoles à repérer les personnes à risque, à évaluer la gravité de leur état de santé mentale et à accueillir leur parole pour enfin les orienter vers la structure la mieux adaptée. Durant une journée, organisée localement lorsque plusieurs sentinelles en font la demande, ceux-ci apprennent à la fois leur champ d’action mais aussi leurs limites.

Une personne ressource

En effet, n’étant pas issus du corps médical, ces personnes n’ont pas fonction d’accompagnement. Au contraire, leur rôle est de donner à la personne qui en ressent le besoin les clés pour recevoir une aide adaptée. En ce sens, ils disposent d’un livret répertoriant les numéros et structures spécialisées. Les sentinelles bénéficient également d’une information sur leur propre santé mentale mais aussi la gestion et l’accueil de la parole des personnes en danger. En Ardèche-Drôme-Loire, la MSA a mis en place une cellule de prévention ainsi que des moments d’échange.

Une solidarité nécessaire

Cette mobilisation citoyenne permettra de renforcer le maillage territorial des acteurs concernés dans la prévention, la détection et le soin du mal-être, spécialement en milieux ruraux et dans les déserts médicaux. Ce dispositif nécessite donc la participation de nombreuses sentinelles pour en augmenter l’efficacité. Les personnes intéressées par la formation sont d’ailleurs invitées à contacter Julie Malsert par téléphone au 04 75 75 68 95 ou au 06 34 12 67 31.

Clara Serrano

 

Trois numéros à retenir :

  • Le 15 : à contacter lors d'urgence,
  • le 3114 : numéro nationale pour la souffrance et la prévention au suicide,
  • le 09 69 39 29 19 : Agri'écoute, un numéro joignable 7j/7 et 24h/24 spécialisé dans l'écoute anonyme des agriculteurs.
« Un temps de cochon » en prévention
Un spectacle signé de la Compagnie des oliviers.
THÉÂTRE

« Un temps de cochon » en prévention

Un spectacle gratuit sur le mal-être agricole est proposé vendredi 31 mars, à Saint-Victor, en Ardèche.

Mise en scène par Jean-Pierre Georges, « Un temps de cochon » est un spectacle signé de la Compagnie des oliviers. Un groupe créé il y a plus de 25 ans et dont les membres ont à cœur d’aborder, en partenariat avec des organismes de prévention, des sujets difficiles. En effet, l’homme explique que cet engagement « fait partie de l’ADN de la compagnie. Nous considérons que le théâtre est destiné à faire grandir l’humanité ». Parmi eux, la vieillesse, le suicide des jeunes, les violences faites aux femmes, la maltraitance, le handicap ou encore la ruralité et le monde agricole.

À la demande de la Mutualité sociale agricole (MSA) du Languedoc, Jean-Pierre Georges s’est rendu auprès d’agriculteurs qui sont ou ont été concernés par le suicide et le mal-être, mais aussi de familles qui ont perdu un proche. Grâce à leurs témoignages, il a mis en scène cette pièce de théâtre qui s’exporte aujourd’hui à d’autres départements.

Une dimension de réel

Le spectacle se découpe en différentes parties. En effet la pièce de théâtre, permet de suivre l’histoire d’une éleveuse confrontée à certaines difficultés au quotidien. Après une tentative de suicide, nous la retrouvons à l’hôpital. Elle fera ensuite de nombreuses rencontres qui l’aideront à faire son propre cheminement. « De manière à apporter une dimension plus réelle », les scènes sont entrecoupées de quelques témoignages vidéo, tournés auprès des personnes que Jean-Pierre Georges a rencontrées. « Je mets en valeur la parole des agriculteurs que je pense qu’il est très important d’écouter », précise-t-il.

Bien que le sujet soit difficile, le metteur en scène tient à préciser que le spectacle porte un message d’espérance et émouvant plutôt que triste et choquant. Au contraire, il a tenu à le rendre accessible à tous dès 8/10 ans. Il ne concerne également pas que les agriculteurs : « Tous types de personnes peuvent être intéressés. Cela permet aussi au grand public de se rendre compte du quotidien et des difficultés rencontrées par les agriculteurs. »

La pièce sera jouée vendredi 31 mars à la salle des fêtes Pouyols de Saint-Victor, à 20h30. Le spectacle sera suivi d'un temps d'échange avec Claude Ubeda, psychologue.