ARBORICULTURE
Une production prévue à la baisse

Pauline De Deus
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Une production prévue à la baisse
« La qualité est là, mais le temps dédié au tri n'est pas rentable »
Benoît Nodin, producteur de fruits à Saint-Peray et secrétaire général de la FDSEA. ©AAA_MMartin
CERISE

« La qualité est là, mais le temps dédié au tri n'est pas rentable »

« Aujourd’hui, la situation est particulière : selon les secteurs, les vergers ont souffert du gel et d’un arrêt de sève par la suite. Sur le secteur sud, la récolte a débuté, tandis que sur le secteur nord, les fruits non accrochés tombent. Avec un temps qui n’a pas été favorable et une mauvaise pollinisation, la production aura tendance à être hétérogène, mais dans l’ensemble, on risque de manquer de volume avec une estimation des pertes de l’ordre de 20 à 50 % », selon Aurélien Soubeyrand, président de la fédération départementale des producteurs de fruits en Ardèche et arboriculteur. « Trente millimètres se sont abattus mercredi 15 mai et ont fendu les cerises », témoigne de son côté, Fabien Rousset, autre producteur sur les hauteurs d’Empurany.

Avec l’humidité, la pression des mouches comme la Drosophila Suzukii ou encore la mouche de la cerise se fait déjà sentir, surtout dans les vergers au climat plus chaud. Pour Christel Cesana, présidente de la FDSEA et productrice à Orgnac-l’Aven, « la qualité est là, mais le temps consacré au tri, fait que ce n’est pas rentable ». Au-delà de la production, « le marché est peu favorable, les prix sont inexistants, et les nombreux intermédiaires prennent des marges importantes. En conséquence, cela impacte directement le consommateur qui achète moins. Nous avons besoin d’un juste prix, rémunérateur pour le producteur », rappelle la présidente du syndicat.

« En trois mois, il est tombé l’équivalent de six mois de pluie »
En Nord Ardèche, les potentiels de production sont estimés entre 30 % et 50%. ©AAA_MMartin
ABRICOT

« En trois mois, il est tombé l’équivalent de six mois de pluie »

Du nord au sud du département, en passant par la vallée du Rhône, pour bon nombre de producteurs, c’est la même sentence. Avec l’abondance de pluie ce printemps, la récolte d’abricot est prévue à la baisse par rapport à celle de 2023. À Pranles, César Marze cultive 1 hectare d’abricots : « La pluie a coulé pas mal de fleurs, nous aurons, je pense, environ 20 % de la production. Les abricots ne sont pas notre seule production, nous avons 15 ha d’autres cultures. Le seul avantage, c’est qu’avec moins de fruits aux branches, les arbres vont bien pousser », relativise-t-il.

Dans la vallée du Rhône, un même écho : « En trois mois, il est tombé l’équivalent de six mois de pluie. À la nouaison, les fleurs n’ont pas tenu », explique Benoît Nodin, producteur à Saint-Péray. « Sur 18 variétés d’abricots, deux vont produire correctement sur mon exploitation », constate-t-il. « Globalement, dans la vallée du Rhône, on estime à une perte de 30 % au niveau du tonnage. Les quantités vont être plus faibles. En revanche, l’Italie et l’Espagne ne semblent pas avoir une production en baisse. »

Au nord de l’Ardèche, au Crestet, les pertes semblent légèrement moins importantes, avec un potentiel de production entre 30 et 50 %, selon Philippe Chamblas. « Les variétés précoces, qui ont fleuri dès le 15 février, ont été moins impactées par la pluie, contrairement aux variétés tardives comme la génétique du Bergeron, qui ont rencontré des difficultés à la nouaison. »