SESSION CHAMBRE
Quelle agriculture pour demain ?

Organisée le 17 septembre à la salle communale La Comballe de Veyras, la dernière session de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche était centrée sur l’évolution climatique et agro-climatique du département d’ici la fin du XXIe siècle. 

Quelle agriculture pour demain ?
Les élus de la Chambre d'agriculture de l'Ardèche, avec de gauche à droite : Jérôme Volle, le président Benoit Claret, Christel Cesana et Marlène Merle.

Engagée depuis 2017 via l’outil de modélisation ClimA XXI, la Chambre d’agriculture de l’Ardèche travaille en partenariat avec une dizaine d’EPCI pour s’approprier les tendances de l’évolution du climat à l’échelle locale. Parmi ces EPCI figure notamment la communauté de communes Pays des Vans en Cévennes, dont le territoire agricole est composé majoritairement de vignes, de parcours et de châtaigneraies. Les estimations retenues sur ce territoire ont été présentées en session : « Nous pouvons nous attendre à un réchauffement généralisé sur tous les secteurs, avec une augmentation moyenne de 4°C d’ici la fin du siècle. Le climat de Montselgues sera celui de Berrias aujourd’hui ! », indique le 2e vice-président de la Chambre d’agriculture Jérôme Volle. « L’été durera 4 mois avec des mois de juin tels que nous en avons en juillet et de septembre tel que nous avons en août d’ici quelques années, des périodes de sécheresse plus longues et de grands pics de chaleur au-delà de 40°C durant plusieurs jours. En revanche, les précipitations annuelles devraient rester importantes, voire augmenter légèrement. » Dans ces conditions, la zone de production de la châtaigneraie remonterait en altitude, la floraison des vergers serait moins impactée par le manque de froid cumulé en hiver mais les besoins en eau plus importants, les vignes, l’élevage et les ressources fourragères exposés à de plus grandes sécheresses…

Les évolutions de la filière viticole face au changement climatique ont également été abordées. Les vignobles ardéchois actuels correspondraient sensiblement à ceux du Sud de l’Espagne et de l’Italie, avec des stades phénologiques avancés, des dégâts sur le matériel végétatif, un stress hydrique et des besoins en eau plus grands. Cette situation remettrait en cause les périodes des travaux de sol et de taille notamment, diminuerait les rendements et augmenterait la pénibilité du travail.

Les besoins en eau ont aussi été évoqués, tant pour la viticulture qu’en arboriculture, maraîchage, grandes cultures ou productions fourragères. Ils sont estimés à 12 millions de m3/ an toutes filières confondues, soit 1% de la pluviométrie annuelle. « Nous devons penser aux futures générations et nous adapter sur le stockage carbone, les techniques agronomiques, le choix des variétés, l’amélioration de la résistance des cultures, la gestion de la ressource en eau et la création de zones de stockage, la valorisation des unités fourragères de tous les territoires et durant toute l’année… », ajoute Jérôme Volle. L’approvisionnement local est également au centre de la stratégie de la Chambre, qui souhaite favoriser la structuration des équipements et les initiatives de développement.

A.L.

« Tout a été construit pour qu’aucun producteur ne soit écarté »
Les viticulteurs non assurés pourront recourir au dispositif des calamités agricoles, qui sera ouvert en fin d’année 2021.

« Tout a été construit pour qu’aucun producteur ne soit écarté »

GEL / Avec la période des vendanges, les élus ont confirmé l’étendue des d’impacts du gel d’avril 2021 sur les vignes et l’avancée des dispositifs d’accompagnement.

« L’ensemble du département et pratiquement toutes les exploitations arboricoles et viticoles ont été touchés par le gel d’avril, partiellement ou très fortement », indique le 2e vice-président de la Chambre Jérôme Volle. Le fonds d’urgence a permis d’accompagner les exploitations les plus en difficulté et le dispositif des calamités agricoles est actuellement ouvert pour recueillir les demandes de reconnaissance des producteurs de fruits à noyaux, ce jusqu’au 8 octobre prochain. « Il ne faut pas attendre pour déposer son dossier ! », rappelle-t-il. Les viticulteurs non assurés pourront eux aussi recourir à ce dispositif, qui sera ouvert en fin d’année 2021. L’exonération de la Taxe foncière sur le non-bâti (TFNB) sera mise en œuvre à compter du 1er octobre en arboriculture, et en fin d’année en viticulture (taux actés en comité départemental d’expertise le 28 septembre). Les demandes de prise en charge des cotisations sociales et patronales doivent être déposées, quant à elles, au plus tard le 8 octobre : les taux de perte à renseigner sont arrêtés en arboriculture et le seront le 28 septembre en viticulture mais les dossiers peuvent être déposés dès à présent quitte à les compléter par la suite. Un dispositif d’aide est également apporté aux entreprises de l’aval1 : la seconde vague de dépôt de dossier pour les entreprises et coopératives à l’aval des filières de fruits à noyau et de fruits à pépin est ouverte du 20 septembre au 5 novembre, celle des entreprises et coopératives de vinification le sera début janvier 2022. « Certaines exploitations ne pourront malheureusement pas accéder à l’ensemble de ces dispositifs d’aides et être accompagnées tel que nous l’aurions souhaité face à la diversité de leurs productions, reconnaît le président de la Chambre Benoit Claret. Ces aides se superposent, sont cumulatives… Tout a été construit pour qu’aucun producteur ne soit écarté et répondre le plus possible à la réalité. »

1. Coopérateurs, expéditeurs de fruits, transformateurs, négociants viticoles et caves particulières, dépendant à plus de 60% des zones touchées par le gel pour leur approvisionnement.

À NOTER / L’ombre du loup plane sur le Coiron

« Nous avons des craintes qui semblent se confirmer quant à la présence du loup sur le Coiron », a indiqué le président de la Chambre d’agriculture. Plusieurs attaques ont été rapportées ces derniers mois à Valvignères, Freyssenet, Saint-Pierre-la-Roche et maintenant Saint-Martin-sur-Lavezon où une chèvre non productrice et quatre brebis d’élevage ont été attaquées samedi 11 et mardi 14 septembre. « Les deux dernières attaques nous laissent croire que nous avons affaire à un seul individu qui souhaite s’implanter sur le secteur. Le département de la Drôme est fortement prédaté et tout proche. Nous sommes dans les premiers instants et cherchons des preuves, très inquiets face à la sédentarité des troupeaux du Coiron. Il faut mettre en place toutes les bonnes actions pour indemniser les éleveurs attaqués bien sûr, mais aussi protéger et rassurer les autres. » Les syndicats FDSEA et Jeunes agriculteurs (JA) Ardèche ont sonné l’alerte également, dans un communiqué. Ils réclament l’autorisation de tirs de prélèvement et la régulation de « cette prédation exceptionnelle ».