ASSISES DE L'EAU
La sobriété en action

Le 3e volet des Assises de l’eau, co-organisée par l’État et le conseil départemental, s’est tenu mercredi 15 novembre à Aubenas, réunissant de nombreux acteurs du territoire. L’occasion d’échanger sur les actions à mener concernant la politique de gestion de l’eau et de revenir sur les initiatives mises en place.

La sobriété en action
Matthieu Salel, vice-président du Département en charge de l'agriculture, de l'environnement et du tourisme. ©AAA_MMartin

Après la présentation, cet été, de la feuille de route des 31 mesures pour la sobriété des usages, l’heure était au bilan des premières actions menées sur le territoire. « L’objectif est la réduction de 20 % des prélèvements d’eau en 2030 », rappelle Sophie Elizéon, préfète de l’Ardèche, en guise d’entame de ce troisième volet des Assises.

Pas de solutions sans collectif et des projets plus ambitieux

Si des projets de gestion en eau ont déjà été amorcés avant les assises, ce travail collectif a permis d’accélérer le processus de gestion, d’organisation et de mise en place des actions. Olivier Amrane a évoqué les travaux mis en œuvre sur le réseau d’irrigation fuyard de la Plaine Chomérac et qui connecte environ 200 agriculteurs. « Nous avions 70 % de fuites, ces travaux ont permis d’économiser 1 million de m3 d’eau par an », se félicite l’élu. Pour la commune touristique de Vallon-Pont-d’Arc, la mise en place de stabilisateurs de pression sur le réseau général, l’installation de système de récupération d’eau de pluie sur les bâtiments de la commune et l’installation de télé relèves pour les grands consommateurs de la commune ont permis entre août 2022 et août 2023 une baisse de la consommation de 18 % des volumes en eau. Du côté du Département, un nouveau service d’assistance technique a été inauguré au profit des collectivités rurales pour les aider à limiter les pertes en eau. Ce service propose son assistance sur quatre thématiques : l’assainissement autonome, pour des ouvrages collectifs, pour l’assistance technique en eau potable et pour une assistance technique ingénierie. La Dreal1 a présenté le Plan sobriété hydrique (PSH), à destination des industries permettant de réaliser un diagnostic des usages de l’eau, afin d’agir sur les actions de réductions de prélèvement en eau. Le PSH est un dispositif inscrit dans l’arrêté cadre sécheresse du département. « Nous nous inscrivons dans une démarche de tourisme durable et avons mis en place des points informations pour les acteurs professionnels du tourisme et deux journées de formation sur la gestion de l’eau ont été réalisées », indique, de son côté, le directeur de l’Agence de développement touristique, Richard Buffat.

Davantage de projets de retenues

Le Syndicat mixte Eyrieux Clair a réalisé un bilan de l’outil PGRE2 dont l’utilisation a permis l’inventaire des caractérisations des prélèvements et une hiérarchisation des retenues impactant l’hydrologie en fonction de leur type. « Le PGRE a aidé à améliorer les connaissances pour un meilleur partage des usages de l’eau », résume Christophe Gauthier, président du syndicat. Jean-Pierre Graule, président de la DDT 07, a exposé le protocole d’accompagnement des projets de retenues d’irrigations pour « développer et mettre en œuvre un stockage de l’eau pour l’agriculture quand c’est nécessaire et accompagner les agriculteurs dans la démarche ». La préfecture et le Département se sont communément félicités de l’avancée du protocole d’accompagnement des projets de retenues d’eau en Ardèche, signé en 2021. « Désormais, cela implique 22 projets de retenues de création ou d’agrandissement pour un volume total de 190 000 m3 », se réjouit la préfète Sophie Elizéon.

Accompagner l’agriculture face au changement climatique

Au-delà de la thématique de l’eau qui réunissait les acteurs locaux, Benoit Claret à rappeler que la chambre d’agriculture tient à agir face à l’ensemble du changement climatique. « Nous accompagnons la recherche et le développement avec les instituts nationaux, mais aussi avec la Sefra ou le Département, pour mettre en place des essais et expériences pour une évolution des pratiques, à travers des formations ou informations et un accompagnement des filières », avance-t-il. Une cartographie des températures supérieures à 35 °C sur le territoire du sud Ardèche a été dévoilée, questionnant la pertinence de l’utilisation de l’eau. « À 35 °C, le végétal est en stress hydrique ce qui empêche son développement », commente Benoit Claret. Un outil sur lequel s’appuyer pour choisir d’implanter les bonnes cultures aux bons endroits.

Néanmoins, pour faire face au changement climatique, c’est une mutualisation des solutions dont aura besoin l’agriculture. La recherche et le développement permettront d’adapter les cultures, tout comme l’utilisation de méthodes telle que le Keyline design, la micro-aspersion quand c’est possible, ou l’agroforesterie, pour continuer à faire vivre le territoire et relever le défi de la souveraineté alimentaire.

M.M.

1. Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement.

2. Plan de gestion de la ressource en eau.

Des actions pour la mise aux normes des retenues d’eau
Le Doux lors de fortes précipitations, en dehors des périodes d'étiages. ©AAA_DR
GESTION DE L'EAU

Des actions pour la mise aux normes des retenues d’eau

Préserver les milieux aquatiques sans impacter les usages agricoles, tel est l’objectif des actions mises en place par le Syndicat mixte du Bassin-Versant du Doux en collaboration avec la chambre d’agriculture.

« Le bilan du PGRE nous permet de constater qu’il y a un déficit quantitatif de l’eau sur le bassin-versant du Doux, pour la période d’étiage entre le 1er juin et le 30 septembre et que la ressource redevient disponible du 1er octobre au 30 mai, sauf pour le Duzon, affluent du Doux », résume Renaud Dumas, chargé de mission au Syndicat mixte du Bassin-Versant du Doux. « Le PGRE a démontré que la majorité des prélèvements sur le bassin-versant sont liés aux retenues d’eau. 939 retenues sont comptabilisées, dont 34 % à usages inconnus, 33 % à usages agricoles, 22 % pour d’autres usages et 11 % sans usages. Les 33 % de l’usage agricole représentent 55 % du volume stocké sur le bassin-versant, utilisé pour l’irrigation », constate Renaud Dumas. Si aujourd’hui, il ne met pas en cause l’utilité de ces retenues, il souligne cependant que « les retenues posent problème pour les milieux aquatiques puisqu’elles accumulent l’eau qui passe », notamment le type de retenue sur cours d’eau, les barrages, qui ne sont pas tous équipés de débit réservé. « Pourtant dans la réglementation sur la loi eau de 1992 », précise le chargé de mission, le débit réservé permet un débit minimum pour la rivière. Le syndicat va donc lancer une étude pour accompagner techniquement les agriculteurs à mettre aux normes les barrages. « Les agriculteurs seront accompagnés administrativement par la chambre d’agriculture afin de les aider à rédiger le dossier sur la loi sur l’eau et la demande de subvention, aide de la part de la Région à hauteur de 70 % sur ces travaux », annonce Renaud Dumas.

Une recherche d’équilibre

« Ces travaux consistent à mettre un petit ouvrage en amont de la rivière comme un bras à ciel ouvert ou un tuyau, qui ira se jeter en aval de la retenue. Les réunions avec les agriculteurs débuteront début décembre. L’objectif est de trouver des solutions ensemble pour améliorer la biodiversité dans les milieux aquatiques et les usages agricoles sans perte de volume pour les agriculteurs : soit en agrandissant les retenues, soit en utilisant celles à proximité et en dernier recours, en créant des retenues hors cours d’eau. » C’est avec optimisme qu’avancent les actions menées par le syndicat concernant le volet agricole, confie Renaud Dumas, même si, pragmatique, il ajoute : « Par contre, il y a un long travail à réaliser du côté des consommateurs ».

Benoit Claret, président de la chambre d'agriculture. ©AAA_MMartin
Olivier Amrane, président du Département. ©AAA_MMartin
La préfète Sophie Elizéon en visite dans les Gorges de l'Ardèche. ©Prefecture_Dr