DÉCOUVERTE
Noël à travers le monde

M.Coste - A.Priolet - A.P.
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Noël est la fête chrétienne qui célèbre la naissance de Jésus, on l’appelle aussi la Nativité. Aux quatre coins du monde, Noël est l’occasion de festivités avec des us et coutumes bien différents selon les pays et les continents. Nous vous proposons de découvrir comment se passent les fêtes de Noël dans les pays d’Europe du Nord, en Afrique et en Amérique du Sud.

Noël à travers le monde
La colline de Montserrate (Cordillère des Andes), qui culmine à 3 152 m et veille sur la capitale colombienne Bogota, s’illumine chaque année au 1er décembre pour célébrer Noël. © MC
Noël aux couleurs de l’Amérique du Sud
Dans toutes les rues de Cali, en Colombie, se dressent des décorations géantes pour les fêtes de Noël. © MC

Noël aux couleurs de l’Amérique du Sud

Au Brésil, à la veille de Noël, fleurissent partout dans le pays des crèches mettant en scène la naissance de l’enfant Jésus. On y trouve aussi des figurines d’animaux imaginaires, typiques du folklore brésilien. « Chaque région a sa propre crèche, et les figurines varient de l’une à l’autre », explique Rafaël, habitant de Rio de Janeiro. « Au Brésil, la dimension religieuse de Noël reste assez présente. La messe de minuit est appelée "Missa do Galo" (messe du coq) car selon la légende, un coq aurait chanté le 24 décembre à minuit pour annoncer la venue du Messie. » Autre curiosité brésilienne : le réveillon du 31 décembre, pour lequel il est coutume de s’habiller en blanc. « On dit que le blanc est symbole de recommencement. En porter représenterait donc une manière de se purifier pour commencer la nouvelle année », explique Rafaël. On décore également les maisons de fleurs blanches, et à Rio de Janeiro, des fleurs blanches sont jetées à la mer. »

À Cuba, Noël à nouveau célébré

À Cuba, Noël est célébré avec une ferveur toute particulière aujourd’hui. Et pour cause : depuis la révolution cubaine de 1959, Fidel Castro et le gouvernement révolutionnaire ont rejeté toute manifestation de foi, y compris Noël. « La religion était vue comme "l’opium du peuple" », comme « une aliénation », raconte Yoana, qui a grandi à La Havane. « Enfant, je me souviens qu’il était interdit de décorer les maisons, de montrer des images représentant l’enfant Jésus ou les rois mages. Toutefois, le gouvernement cubain offrait un cadeau à chaque enfant. » Malgré tout, nombre de familles ont continué à célébrer Noël dans le secret et des messes clandestines ont longtemps été organisées. Les choses ont évolué en 1991 avec la chute du mur de Berlin. « La fin du soutien de l’URSS à Cuba a provoqué une grave crise économique et des pénuries. Face à la colère des Cubains, le régime castriste a lâché du lest et permis que les fêtes de Noël soient célébrées. Mais le vrai tournant s’est produit en 1998 lorsque le pape Jean-Paul II a visité l’île et que les relations avec l’Église se sont apaisées. Depuis lors, les messes sont à nouveau permises à Cuba et on fête Noël comme partout dans le monde, peut-être même avec davantage de ferveur ! » explique Yoana.

Feliz navidad du Vénézuéla et de Colombie !

Au Vénézuéla, Noël est avant tout une fête familiale qui réunit de grandes tablées. « Nous mangeons à ne plus en pouvoir ! » rit Andrés, originaire d’une région rurale du pays. Son épouse, Maria, témoigne : « À Noël, la tradition est de préparer le "Pan navideño" (pain de Noël) à base de farine de maïs, garni de jambon, de fromage et fruits secs. Nous préparons aussi des chaussons fourrés avec de la farce de porc, un peu de boeuf, des pois chiches, des patates et des petits légumes, le tout cuit lentement dans une feuille de bananier. » Leurs voisins Colombiens, quant à eux, dépensent sans compter pour Noël, et des rues commerçantes entières sont consacrées à la vente de décorations et de cadeaux. Des crèches géantes prennent place dans les places publiques, les centres commerciaux, et même les stations de métro ! « Ce sont aussi des fêtes familiales et religieuses, puisque la messe de minuit reste une tradition très suivie par les Colombiens », affirme Angela, jeune habitante de la capitale Bogota.

Mylène Coste

Quand l’esprit de Noël résonne en Europe du Nord
Le 13 décembre, les pays d’Europe du Nord, ici la Suède, fêtent la Sainte-Lucie, patronne des lumières. © ©klug-photo / iStock

Quand l’esprit de Noël résonne en Europe du Nord

C’est au nord de la Finlande, en Laponie, qu’habiterait le père Noël. Là-bas, les fêtes commencent le 13 décembre pour la Sainte-Lucie, patronne des lumières, par la tradition de l’Avent où une bougie est allumée chaque dimanche. Ainsi, la lumière de Noël augmente petit à petit à l’approche de la fête : la première bougie symbolise l’attente de Noël, puis la joie, la paix de Noël et l’amour.  Traditionnellement, le sapin n'est installé que le 24 décembre. Sur les tablées, des recettes typiques à base de poissons (saumon, lotte, hareng) et de charcuterie (saucisses, pâtés). Le 26 décembre est réservé pour les balades en traîneau.

En Suède, les familles se réunissent chaque dimanche avant Noël pour un « adventskaffe ». Ce rituel consiste à partager une pâtisserie et une boisson chaude, comme le Gloögg, vin chaud traditionnel. Le 24 au soir, un grand buffet composé d’un grand jambon salé, de poissons marinés, de riz au lait parfumé à la cannelle, est proposé. Côté cadeaux, les membres de la famille sont invités, quelques jours avant, à tirer au sort le prénom d’une personne à laquelle ils devront offrir un présent.

En Islande, Noël est célébré depuis des siècles. Autrefois appelée Jol, cette fête était célébrée par les Vikings en l’honneur du solstice d’hiver. Désormais, elle dure treize jours…comme le nombre de lutins farceurs qui vivraient dans la montagne près de la capitale Reykjavik. Selon la légende, ils descendraient à tour de rôle en ville pour jouer des tours aux enfants. Les plats traditionnels de Noël sont le Hangikjöt (mouton fumé) la Kjötsupa (soupe de mouton), le Hamborgarhryggur (rôti de porc fumé), le Rjúpa (perdrix des neiges). Les festivités durent bien après le 25 décembre et se terminent le 6 janvier autour de feux de joie.

En Norvège, Noël débute assez tôt, dès la fin du mois de novembre. Les habitants ornent leur maison de branches de houx. Les habitants célèbrent « la petite veille de Noël » le 23 décembre, autour d’un goûter. Le 24 au soir, les tables norvégiennes sont remplies de spécialités locales : pinnekjøtt (côtes d'agneaux séchées et fumées), ribbes (côtes de porc), lutefisk (cabillaud séché), risengrynsgrøt (riz au lait) et de pepperkake (cookie en pain d’épice). Au cours de cette soirée, les Norvégiens laissent toujours une place vide à la table : celle-ci est réservée pour les âmes des défunts. L’ouverture des cadeaux se fait lorsque les cinq cloches de l’église retentissent.

« God Jul » veut dire joyeux Noël au Danemark ! Illuminations, couronnes de Noël, bougies et calendriers de l’Avent donnent le coup d’envoi des festivités dès le 1er décembre. Avant l’ouverture des cadeaux le 24 au soir, les familles danoises dansent autour du sapin en entonnant des chants traditionnels. Le repas est une véritable institution pour les Danois : canard ou oie fourrée, patates douces, lamelles de betteraves et chou rouge. En dessert, le riz au lait à la sauce de cerises dans lequel est cachée une amande (à l’image de la galette des rois) fait l’unanimité.

Amandine Priolet

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Deux semaines avant Noël, les enfants béninois se costument et déambulent dans les rues après l’école. © Ferdy Nova
Afrique : Noël, c’est la fête du partage
Le kédjenou, une soupe pimentée de poisson servi en Côte d’Ivoire pour le repas de Noël. ©DR

Afrique : Noël, c’est la fête du partage

Au Sénégal, pays à forte confession musulmane, l’esprit de Noël est très présent. Les décorations sont aussi au rendez-vous dans les maisons, avec parfois le traditionnel sapin de Noël, mais surtout des guirlandes lumineuses et des jeux de lumière. « Depuis plusieurs années, nous fêtons Noël comme les chrétiens, témoigne Dieynaba, Sénégalaise de confession musulmane. On ne va pas à la messe du 24 au soir mais on profite de ces moments festifs pour se réunir y compris avec nos familles et amis catholiques. Le 25 midi, ils nous invitent d’ailleurs à partager le repas avec eux ». Dans ce pays, Noël est une occasion de plus pour magnifier le dialogue religieux entre les musulmans et les chrétiens. « Dans notre pays, on a vraiment entamé ce processus, ce qui n’est pas le cas ailleurs en Afrique centrale ou occidentale. Ce dialogue a favorisé l’harmonie entre les deux communautés », ajoute Jacqueline, Sénégalaise catholique. Les familles qui ont les moyens offrent aussi des cadeaux à leurs enfants. Pour les plus démunis, à Kaolack, par exemple, la paroisse Saint-Jean Apôtre organise le « Noël des enfants » de sorte qu’ils aient tous un petit présent grâce à la générosité des donateurs.

Au Bénin, Noël dépasse le cadre de la communauté catholique. Dès le mois de décembre, les marchés et les boutiques de quartiers abondent de jouets et différents objets. Déjà deux semaines avant la fête, les enfants se costument et déambulent dans les rues après l’école. On appelle ça le « kaléta ». Toutes sortes de masques sont portés et dans certains villages des jeunes montent sur des échasses. Ici, Noël, c’est une fête principalement organisée pour les enfants : on les emmène, si les moyens le permettent, chez le coiffeurs et les filles se font tresser. Après avoir assisté à la messe de la Nativité du 25 décembre et avoir dégusté un repas simple, qui peu se limiter à de simples spaghettis, les enfants jouent jusqu’à tard le soir et les adultes se retrouvent autour d’un « sodabi », le vin de palme local.

En Côte d’Ivoire, poulet braisé et ours polaires sont au programme. À Abidjan, la capitale économique, les supermarchés et centre commerciaux essaient de reproduire la magie de Noël. L’on retrouve les traditionnelles décorations et même la visite du père Noël. Pour le repas, « chacun apporte son plat préféré, c’est la notion de partage qui compte », raconte Yasmine Fofana, blogueuse ivoirienne citée par La Croix. « De plus en plus de familles, y compris modestes, adoptent la tradition de la bûche… En tant qu’ancienne colonie, nous nous inspirons beaucoup des habitudes françaises », ajoute-t-elle. Si une minorité d’habitants peut s’offrir un festin de luxe, la plupart des Ivoiriens se réunissent pour manger les plats traditionnels, comme le poulet braisé ou le « kédjenou », soupe pimentée de poisson.

AP