Rencontre avec Élodie et Nicolas Leullier, apiculteurs passionnés installés depuis 2017 à la tête des Ruchers de l’Ibie en Sud Ardèche.
Installés tout au sud du département à Lagorce, Élodie et Nicolas Leullier ne cachent pas leur passion pour l’élevage et la transhumance des abeilles. Leur projet ? « Produire du miel uniquement en Ardèche, le vendre en Ardèche et faire visiter notre miellerie et découvrir notre métier ! », explique Élodie Leullier, qui a baigné dans l’apiculture depuis son plus jeune âge. « Mon père avait des ruches et mes parents étaient très attachés à la nature donc l’apiculture m’a toujours attirée. » En 2010, elle se lance dans l’aventure en créant « Les Ruchers de Bizac » à Saint-Alban-Auriolles, où elle travaillait comme accompagnatrice équestre, sa seconde passion, à la ferme Équitation Chavetourte. Elle y avait rencontré Nicolas Leullier, également accompagnateur équestre qui effectue divers travaux agricoles sur la ferme. Quatre ans plus tard, ils s’installent en Gaec, développent l’exploitation des ruches et ouvrent leur miellerie au public. Le bassin touristique de Bizac donne une belle dynamique à leurs ventes, mais ils manquent de place pour disposer leurs ruches sur place et accueillir les visiteurs. Le couple d’apiculteurs trouve alors un terrain de 7 hectares et une ancienne ferme à rénover sur la commune de Lagorce, entre les lieux-dits de Tabias et de Mikenly. Un endroit idéal pour développer leur projet apicole. « Nous avons eu de la chance, il y avait beaucoup de travaux à faire sur la ferme, mais ça la rendait abordable », ajoute Élodie Leullier. Ils s’y installent en 2017 et rebaptisent leur exploitation « Les Ruchers de l’Ibie », mettent en place un gîte touristique de 12 personnes, labelisé Gîtes de France et bientôt Bienvenue à la Ferme, puis la miellerie et un point de vente.
Des ruches réparties sur une quarantaine de sites ardéchois
Aujourd’hui, les Ruchers de l’Ibie comptent entre 400 à 450 ruches pour la production de miel, labellisé Goûtez l’Ardèche depuis 2012 et vendu en direct sur l’exploitation, ainsi que dans de nombreuses grandes enseignes et magasins situés dans le département. « En Ardèche, nous avons la chance d’avoir affaire à des propriétaires fonciers et des distributeurs très ouverts sur leur territoire et sur le développement de l’économie locale », précise Elodie Leullier. Chaque année, ils produisent en moyenne entre 20 et 25 kg de miel / ruche. Le cheptel est méticuleusement sélectionné pour la production d’essaims, destinés au renouvellement des ruches et à la vente aux professionnels apicoles et aux particuliers.
Entre les mois d’avril et de juillet, Élodie et Nicolas Leullier transhument leurs ruches sur une quarantaine de secteurs ardéchois à fort potentiel mellifère afin de produire jusqu’à sept miels typés, à raison de trois miellées / ruche / an. « Le plus difficile dans les emplacements de ruches est de trouver à la fois des zones à bon potentiel mellifères et qui ne soient pas trop proches d’autres ruchers, car il y a beaucoup de ruches dans le département », explique Nicolas Leullier, sans oublier d’évoquer les risques de vol et de dégradation des ruches. « Il faut régulièrement trouver de nouveaux emplacements, les tester, en connaître la régularité des potentiels mellifères… C’est un travail de longue haleine », ajoute l’apiculteur.
Climat, outils de contrôle et d’adaptation
L’apiculture souffre de différentes problématiques, sanitaires, climatiques, parasitaires… « Il faut jongler avec tout ça. » Pour le miel de châtaigner, « les emplacements à basse altitude donnent plus aléatoirement ces dernières années, il faut monter davantage pour trouver des arbres sains et une floraison correcte, sinon les fleurs ne sécrètent pas le nectar », explique Nicolas Leullier.
Il a fallu également suivre de près l’état des ruches et adapter leur emplacement aux secteurs les plus propices à une bonne floraison. Pour cela, le couple s’est doté d’outils techniques modernes, telles que des balances connectées qui relèvent le poids des ruches, et les conditions météo. « Cela nous permet d’être plus rapides dans nos prises de décision et amener les ruches dans les meilleures zones possibles », ajoute Nicolas Leullier. « Pour les miellées de montagne, dont la période de miellée est très courte et la météo très changeante par rapport à d’autres secteurs, ces outils sont très utiles. »
L’an passé, ils ont été grandement impactés par les aléas climatiques, le gel, la grêle et une météo globalement fraîche sur la saison : « Le gel printanier a détruit les floraisons en cours et celles en préparation, entrainant une période de disette pour les abeilles à un moment où elle se développent le plus, donc elles étaient plus sensibles aux carences, aux maladies, aux virus… Il a fallu garder les ruches en bonne santé », indique Élodie Leullier. Pour cela, les colonies sont divisées et des élevages de reines importants sont mis en place pour stabiliser le cheptel en production de miel. La production d’essaims est quant à elle doublée. Objectifs : « Préserver le cheptel et le préparer à l’année suivante, en le maintenant en forme, faire en sorte qu’il reste sain et prêt à produire du miel quand la météo le permettra à nouveau ».
Visites de la miellerie et bientôt immersion apicole !
Les Ruchers de l’Ibie proposent un point de vente directe sur l’exploitation à Lagorce, ainsi que des visites de la miellerie pour découvrir toutes les facettes de la production et du conditionnement du miel « C’est un beau métier, nous en sommes très fiers et nous aimons de plus en plus en parler et le partager avec le public », indique Élodie Leullier. Le couple se prépare d’ailleurs à proposer dès cet été une nouvelle activité aux visiteurs pour découvrir les ruches de plus près, leur gestion et la récolte du miel, en se mettant dans la peau d’un véritable apiculteur !
