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Chasse : « En dix ans, nous avons diminué de 71 % nos accidents »

Axel Poulain
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Dans le cadre de sa tournée annuelle des fédérations de France, Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) est venu à Andrézieux-Bouthéon (Loire), le mercredi 9 mars. À un mois du premier tour de la présidentielle, son discours portait notamment sur l’importance de la sécurité dans la chasse, mais pas seulement.

Chasse : « En dix ans, nous avons diminué de 71 % nos accidents »
Face à la presse, le président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) Willy Schraen était à Andrézieux-Bouthéon dans la Loire le mercredi 9 mars, dans le cadre de sa tournée annuelle des fédérations de France.

« Je fais un Tour de France des fédérations tous les ans. Je viens surtout parler avec les gens sur le terrain, ce que l’on n’a pas pu faire depuis deux ans avec la pandémie. L’idée, ce n’est pas de s’enfermer dans son bureau parisien et d’oublier ce qu’il se passe sur les territoires. Avec les présidents de la région, on fait le tour de l’actualité pour la chasse française en général, mais aussi sur des sujets plus spécifiques à la région », a indiqué Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC), présent en Auvergne-Rhône-Alpes - et plus précisément dans la Loire, le 9 mars dernier.

Mieux communiquer pour approcher le risque zéro

Sa présence a permis d’évoquer les thèmes qui ressortent particulièrement dans la région. À commencer par l’accident de chasse mortel survenu dans le Cantal il y a quelques semaines, où une randonneuse de 25 ans a perdu la vie. « Il faut commencer par parler de cet accident. Dans quelques semaines, un grand séminaire national de la sécurité sera organisé avec, pour objectif, de trouver des solutions pour améliorer les relations avec les grands partenaires de la nature (randonneurs, cavaliers, cyclotouristes). Et ce, notamment pour que ce genre d’accidents n’arrive plus », a expliqué le président, originaire du Nord.

Toutefois, il déplore « un traitement médiatique brutal » à l’encontre des chasseurs qui « pâtissent d’une image trop négative » et précise l’importance de remettre les faits dans leur contexte. « Depuis dix ans, on a diminué de 71 % nos accidents. Cela montre que c’est un point qui compte pour nous. Sinon, on aurait multiplié par dix leur nombre. Il faut continuer dans ce sens. » Avant de nuancer : « Maintenant, il faut le dire, le risque zéro n’existe pas. Cet accident était terrible et on aimerait que ce genre de drame n’arrive jamais. Mais je le répète, c’est un accident. »

Et des exemples, Willy Schraen n’en manque pas : « Vous avez quand même tous les jours certaines façons de mourir par inadvertance dans d’autres domaines et vous ne passerez pas pour autant dans tous les médias de France », a-t-il ajouté. Car du côté des statistiques qu’il avance, moins d’une personne non-chasseur décéderait par la chasse chaque année. « Même si c’est moins d’une personne, on considère que c’est encore trop. » Pour remédier à cela, Willy Schraen souhaite trouver de meilleures communications pour que ce genre d’accident ne se reproduise plus. Celui-ci rappelle d’ailleurs la mise en place de panneaux (chasse en cours, flashcodes, formation des usagers à comprendre cette signalisation) il y a deux ans, lesquels n’ont pas encore été suffisamment expliqués à son goût. « En moyenne, un chasseur va pratiquer une vingtaine de jours par an ; il reste donc 345 jours où ils ne sont pas dans la nature. Il faut donc juste qu’on explique beaucoup mieux les choses entre nous. »

Police de chasseurs et loi sur les dégâts agricoles

Autre sujet mis en avant par Willy Schraen : la volonté forte d’une mise en place d’une police de chasseurs, lesquels pourraient avoir un véritable « rôle à jouer en matière de police de proximité », même s’il est « évident que les chasseurs ne sont pas des policiers ». Déjà évoquée en novembre dernier, cette proposition revient sur le devant de la scène pour celui qui assure « qu’il manque dans la raquette un maillon à l’échelle de la petite police de proximité environnementale, pour la chasse mais aussi les incivilités dans le monde rural ». Avoir une vraie police rurale de proximité, voilà donc la proposition faite aux candidats à la présidentielle, car « qui mieux que les chasseurs pour connaître les territoires, précise Willy Schraen. Il n’y a pas une commune où nous n’avons pas de structures. À partir de là, il faut faire confiance aux fédérations qui ont les compétences et les personnes habilitées à faire ce genre de choses. » Un choix pour lequel Willy Schraen est « persuadé qu’il est le bon pour l’État et qu’il va s’imposer naturellement ».

Dernier grand sujet abordé par le président de la FNC, la loi en vigueur sur l’indemnisation des dégâts agricoles par le gros gibier reste « une grosse problématique ». Cette loi d’indemnisation écrite en 1968, « qui devient une exception française », doit être modifiée, selon lui. Deux raisons expliquent cette volonté de changement : l’explosion des prix des denrées qui découle de la guerre en Ukraine, où les semences « que l’on ne pouvait déjà pratiquement plus payer il y a six mois, on ne pourra plus du tout les payer demain ». Ou encore, une grande surface qui n’est plus chassable, alors « que l’on nous demande de payer les dégâts sur l’entièreté du territoire, sur des zones aujourd’hui qui se chiffrent au tiers de la surface chassable. On ne peut plus aller chasser, mais on doit payer les dégâts sur ces parcelles. Et ça, ce n’est pas possible ».

Quant à la question sur le nouveau système d’information sur les armes (SIA) déployé le 8 février par le ministère de l’Intérieur, dont le double objectif est de favoriser la traçabilité des armes et moderniser la gestion administrative, Willy Schraen a clairement annoncé n’y être « pas opposé », constatant toutefois « que l’on est passé d’un râtelier papier à un râtelier numérique ».

Axel Poulain