VITICULTURE
2020, l’année de tous les soubresauts pour Vignerons Ardéchois

Mylène Coste
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Marquée par les confinements et les reprises successives, la saison 2020 n’a pas été de tout repos pour Vignerons Ardéchois. L’union, en s’appuyant sur la force du collectif, a toutefois réussi à maintenir son activité.

2020, l’année de tous les soubresauts pour Vignerons Ardéchois
L'année 2020 a été faite de creux et de rebonds pour Vignerons Ardéchois, dans le contexte de crise de la Covid-19.

+ 1 % de chiffre d’affaires pour 2020. Ce chiffre, plutôt satisfaisant, prouve que malgré la crise sanitaire et économique, l’activité de Vignerons Ardéchois s’est maintenue, et a même légèrement progressé. « Si on analyse les choses dans le détail, on observe que l’année a été faire de pics et de creux, d’arrêts et de reprises, souligne Philippe Dry, directeur de l’union de coopératives. Mais nous avons réussi à maintenir l’emploi. » Sans surprise, le secteur CHR (cafés, hôtels, restaurants) est de loin le débouché commercial le plus impacté par la crise de la Covid-19. « Mais les cavistes sont quasiment toujours restés ouverts. Et, malgré la fermeture des marchés asiatiques et la baisse des importations nord-américaines, nous avons maintenu nos ventes à l’export, affirme Philippe Dry. Le débouché qui tiré son épingle du jeu durant toute cette période reste la grande distribution, en France et en Europe. » Il poursuit : « Si le premier confinement a provoqué une chute brutale de la commercialisation, la reprise, en juin, a été tout aussi exponentielle avec + 65 % d’activité ! » Par ailleurs, si les consommateurs se sont majoritairement tournés vers les bag-in-box et vins meilleurs marchés durant les confinements, ils ont privilégié les vins plus « haut de gamme » et se sont fait plaisir une fois la liberté retrouvée. « Finalement, on a donc une année assez équilibrée. »

Côté produits : « Le rosé reste la locomotive et ne cesse de prendre des parts de marchés depuis plusieurs années », souligne le directeur. En 2020, il enregistre une hausse des ventes de 8 %. Les blancs sont en revanche en léger recul (-1 %), baisse plus prononcée pour les rouges (-3 %).

Un début 2021 plutôt morose

Le début d’année 2021 a été marqué par la troisième vague de la crise sanitaire, les restrictions et couvre-feu. « La morosité ambiante s’est ressentie dans nos ventes, avec une baisse de la fréquentation des magasins, y compris GMS, explique Philippe Dry. À la fin mars 2021, on était à -10 % par rapport à mars 2020. Mais ce retard se rattrapera sans mal durant l’été. Et d’insister : Notre force, c’est l’attractivité touristique de notre région. L’Ardèche a une connotation très nature, une image verte et authentique : c’est ce que recherchent les consommateurs. » L’Union poursuit d’ailleurs sa transition environnementale avec les 2/3 de ses surfaces aujourd’hui certifiées HVE (haute valeur environnementale), soit 4000 ha et 300 ha en bio.

Autre force de Vignerons Ardéchois : « Son rapport qualité-prix intéressant, d’autant plus dans un contexte de crise économique où les gens se tournent davantage vers les appellations moins connues ».

La coopération, un système qui attire toujours

71 exploitations installées entre 2012 et 2020 avec Vignerons Ardéchois (639 ha) : c’est la preuve que le système coopératif attire toujours ! « On en prend d’autant plus conscience dans les moments difficiles, comme durant la crise du Covid-19 ou plus récemment le gel, souligne Philippe Dry. La coopération donne la possibilité d’accéder à davantage de débouchés, et c’est surtout un véritable amortisseur en cas de crise. On est toujours plus forts collectivement ! »

M.C.

Un succès qui ne se dément pas

ARDÈCHE VIGNOBLES / La Scic1 Ardèche Vignobles, créée en 2018, a tenu son assemblée générale en visio, le 5 juin dernier. Malgré la crise économique et sanitaire, son succès ne s’est pas démenti cette année encore.

744 sociétaires, 68 ha de vignes rachetées et 1 707 000 € de fonds collectés : Ardèche Vignobles continue de surfer sur le succès. Pour rappel, la Scic fait appel au finalement participatif pour racheter des terres viticoles, avec un apport minimum fixé à est fixée à 1000 € donnant droit à déduction fiscale de 25 % et de nombreux avantages (gratification en vins offert, participation à des événements). Depuis 2018, Ardèche Vignobles a permis à plusieurs vignerons de s’installer ou d’acquérir de nouvelles parcelles (Saint-Sauveur-de-Cruzières, Saint-Sernin, Montfleury…) et 14 porteurs de projet sont en attente pour s’installer.

Les sociétaires sont issus à 65 % de la région Auvergne Rhône-Alpes, le reste étant réparti en France mais aussi Belgique, Luxembourg, Pays-Bas, Suisse, Grande-Bretagne et même aux Etats-Unis.

1. Société coopérative d’intérêt collectif.
Gel : 50 % de pertes à prévoir

Gel : 50 % de pertes à prévoir

« Tout le vignoble a été impacté par le gel d’avril, à quelques exceptions près, affirme Philippe Dry, directeur de Vignerons Ardéchois. Les premières estimations laissent envisager 50 % de pertes au total. Toutefois, nous avons eu de belles pluies au mois de mai, qui ont permis de faire repartir la végétation. Quoi qu’il en soit, nous auront une faible production, et avons peu de stock. Ce ne sera donc pas une très bonne année au niveau commercial. »