SESSION CHAMBRE
Projet stratégique : « le travail avance ! »

A.L.
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Les élus de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche se sont réunis en session par visioconférence, lundi 21 juin. Un riche programme les attendait, marqué par une année climatique difficile, de premières orientations françaises sur la future Pac dommageables pour les spécificités d’un territoire comme celui de l’Ardèche, et l’avancée d’un projet stratégique d’avenir !

Projet stratégique : « le travail avance ! »
De gauche à droite : Christel Cesana, 1ère vice-présidente de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche, accompagnée du président Benoit et Claret et du 2e vice-président Jérôme Volle.

Lancé en octobre dernier et porté par la mandature 2019-2025, le projet stratégique de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche a animé une partie de la session, organisée le 21 juin par visioconférence. Ce projet de territoire tend à accompagner l’agriculture ardéchoise vers plus d’innovation, de proximité, d’efficacité et de réseau. Haute valeur environnementale (HVE), développement des cépages résistants, formation, vulgarisation du monde de l’agriculture, développement de l’emploi et de l’installation… « Le travail porté par ce projet stratégique avance ! Nous essayons d’être au plus proche des attentes sociétales et environnementales », résume le président de la Chambre, Benoit Claret.

Dynamique d’installation

Entre bilan et perspectives, l’accompagnement de la Chambre sur des projets d’installation a été soutenu en 2020, avec 55 créations d’entreprises accompagnées et 43 cédants rencontrés au Point accueil transmission. En 2021, plus d’une centaine de contacts ont d’ores et déjà été pris pour ces types de projets. Tous les secteurs agricoles sont concernés par cette dynamique. « L’Ardèche est attractive pour des jeunes qui souhaitent s’installer et la crise de la Covid-19 a boosté l’attrait pour les métiers agricoles », constate la vice-présidente de la Chambre, Christel Cesana. « Entre 30 et 40 % des installations concernent des personnes en reconversion professionnelle ou qui ont travaillé auparavant dans d’autres secteurs que celui de l’agriculture. »

« Rapprocher les consommateurs des producteurs »

Le projet stratégique de la Chambre vise également « à mieux valoriser les productions ardéchoises, rapprocher les consommateurs des producteurs, expliquer nos métiers et faire fi des idées reçues », rappelle Benoit Claret. Cet engagement s’est traduit par le développement de formations sur la communication à destination des agriculteurs, ainsi que des circuits courts avec le lancement de la plateforme « J’veux du local ! Ici, C l’Ardèche » qui rassemble aujourd’hui 295 producteurs ardéchois.

« Maintenir des élevages de montage »

Une attention particulière est portée sur la création et l’avancée de projets de filières qui impulsent une agriculture « made in Ardèche » rentable et créatrice d’emploi. En 2020, 7 projets de filières ont été accompagnés par la Chambre : l’Agneau de l’Ardèche, le Lait bio Carrier, le projet de marque « Bœuf des prairies fleuries du plateau », le Caillé doux de Saint-Félicien, en filière olive et Ppam. « Ces projets permettent de mettre en avant l’authenticité des produits ardéchois et de nos pratiques, et ainsi d’améliorer leur identification, accroître les revenus des exploitations et de maintenir des élevages de montagne », traduit le 2e vice-président de la Chambre, Jérôme Volle. Pour la marque Agneau d’Ardèche lancée à la veille du printemps 2020 et bousculée par le confinement, « le marché est aujourd’hui soutenu, les prix augmentent, et de plus en plus de bouchers sont intéressés à rejoindre la démarche », ajoute-t-il.

Des projets de transition

En lien avec les acteurs territoriaux et intercommunalités, la Chambre a également réalisé 6 diagnostics de transition alimentaire en 2020. D’autres projets de transition sont à pied d’œuvre pour développer notamment les certifications en agriculture biologique et HVE qui séduisent de plus en plus d’agriculteurs ardéchois, la filière forestière et agroforestière, la micro-méthanisation… Sans oublier l’innovation et la formation continue dans le but d’adapter les exploitations au changement climatique, d’améliorer leurs performances et leur résilience.

A.L.

Accompagner toutes les exploitations touchées par le gel
Le gel a causé jusqu'à 60% de perte de récolte sur vigne en fonction des zones et cépages.

Accompagner toutes les exploitations touchées par le gel

GEL / L’année 2021 est à nouveau marquée par des conditions climatiques difficiles. « Les mesures prises sur la climatologie, les pertes économiques et les dispositifs d’accompagnement permettront ou non de pérenniser les exploitations », alerte le 2e vice-président de la Chambre, Jérôme Volle.

Différents records de froid et de précipitations ont été relevés cette année, avec des écarts de températures moyennes beaucoup plus sensibles en montagne qu’en plaine, une pluviométrie encore importante mais plus concentrée, et un phénomène dévastateur de douceur hivernale et de gels tardifs. « Le gel d’avril dernier a considérablement marqué le territoire », a rappelé le président de la Chambre Benoit Claret, tant en pertes de récolte qu’en pertes de fonds sur abricot et vigne voire kiwi et pécher. Les pertes de récolte s’affichent entre 80 et 100% en fruits à noyau, à plus de 75% (pomme) et 80% (poire et kiwi) en fruits d’automne, plus de 90% en grenade, amandes, coings, et autour de 60% sur vigne en fonction des zones et cépages. Les cultures maraîchères et petits fruits ont moins souffert, exceptées sur quelques exploitations, la situation de la framboise restant à affiner. Des pertes de récolte sont attendues en châtaigne sur les variétés hybrides précoces et des pertes de fonds à la suite de dégâts sur tronc.

Les mesures exceptionnelles du gouvernement et des collectivités se mettent en place pour aider les producteurs les plus impactés (voir en page 6). « Les mesures prises sur la climatologie, les pertes économiques et les dispositifs d’accompagnement permettront ou non de pérenniser les exploitations », a indiqué le 2e vice-président de la Chambre, Jérôme Volle. Les élus espèrent qu’aucune exploitation concernée ne sera laissée de côté. « Nous entreprenons des démarches pour interpeller le ministère de l’Agriculture sur la situation des exploitations diversifiées qui ont été touchées par le gel. Elles sont nombreuses en Ardèche. Il est indispensable qu’elles puissent être prises en compte dans ces mesures d’accompagnement », a-t-il ajouté.

Le fonds d’urgence permettra la mise au paiement en juin des dossiers de demande d’aide portant sur des cultures de fruits à noyau. Dans le cadre du dispositif des calamités agricoles, des avances seront mis en place dès juillet en fruits à noyau et les paiements complets d’ici octobre. Pour les autres fruits, la procédure sera mise en œuvre d’ici cet automne. Les modalités pour pertes de récolte sur vigne qui ont été ouvertes au dispositif n’ont pas encore été communiquées. La Région Aura a récemment annoncé les modalités de son fonds de soutien (15 millions d’euros) et apportera une aide de 800€/ha sur un plafond de 7 000 €.

PAC / Favoriser la diversité de l’agriculture et le dynamisme des zones rurales

Certaines orientations françaises de la future Pac présentées dans le cadre du Plan stratégique national (PSN) préoccupent les élus de la Chambre face aux spécificités agricoles du territoire ardéchois, notamment au sujet des aides couplées en viande bovine et lait de montagne. « Cette harmonisation des aides à l’échelle nationale nous inquiète car elle lisserait l’accompagnement apporté aux éleveurs, qu’ils soient naisseurs ou engraisseurs, qu’ils soient situés en montagne ou en plaine », alerte le président de la Chambre, Benoit Claret. Une motion a été votée en session le 21 juin, pour favoriser la diversité de l’agriculture et maintenir la dynamique des zones rurales. Cette motion demande plus particulièrement la conservation des aides bovines des femelles éligibles pour le calcul des aides, ainsi que la distinction entre zones de montagne, de piémont, de zones défavorisées et de plaine. Elle sollicite également le maintien, au moins à leur niveau actuel, des aides couplées du 1er pilier de la Pac, significatives pour les exploitations d’élevage ruminant et de cultures végétales spécifiques. Enfin, elle encourage au renouvellement des générations et à l’installation à travers la dotation Jeunes agriculteurs et sa majoration montagne.

Les premiers arbitrages pris par le ministère de l’Agriculture ne cristallisent pas que des mécontentements. « Nous pouvons nous satisfaire que le 2e pilier puisse être maintenu, particulièrement sur la dynamique de montagne, mais aussi sur la continuité de la convergence des aides à l’hectare du 1er pilier », a ajouté le 2e vice-président, Jérôme Volle.