INSTALLATION
La transmission face au choc des générations

Mardi 15 novembre, à l’occasion de la Quinzaine de la transmission1, la chambre d’agriculture de l’Ardèche a organisé une journée d’échanges à Saint-Félicien. L’occasion de présenter un état des lieux de l’installation agricole dans le département.

La transmission face au choc des générations

Au niveau national, les cédants sont plus nombreux que les candidats à l’installation - 20 000 cédants par an contre 10 à 15 000 candidats à l’installation. En Ardèche, en revanche, on observe la tendance inverse. 200 à 300 candidats à l’installation sont suivis chaque année par la chambre d’agriculture et le taux de renouvellement est proche des 100 %. 

Une bonne nouvelle qui n’est pas pour autant synonyme de facilité de transmission pour les chefs d’exploitation. « Globalement les projets traditionnels sur grandes filières sont en perte de vitesse », résume Denis Jammes, conseiller transmission à la chambre d’agriculture de l’Ardèche. L’élevage bovin, ovin, ou encore l’arboriculture peinent à séduire la jeune génération. 

La viticulture, quant à elle, tire encore son épingle du jeu, au côté du maraîchage diversifié, des plantes médicinales (PPAM) ou encore l’élevage caprin en troupeau restreint. Des projets individuels, le plus souvent axés sur la transformation et le circuit court, le tout avec des investissements limités.

Facilitation et médiation

« Depuis la crise sanitaire, beaucoup de gens cherchent un métier avec plus de sens et se tournent vers l’agriculture », observe le conseiller transmission à la chambre d’agriculture de l’Ardèche. Parmi les candidats à l’installation, beaucoup ne sont pas issus du milieu agricole et sont en cours de reconversion.

Face à cette évolution du paysage, l'enjeu est de mettre en adéquation offres des cédants et demandes des repreneurs. Et c’est justement ce défi qu’essaie de relever la chambre d’agriculture en accompagnant la transmission et l’installation. Pour les cédants comme pour les porteurs de projet, c'est le temps qui fera la différence : un an voire davantage.

« On peut être là pour faire comprendre au porteur de projet que ça pourrait coller en modifiant un peu l'idée initiale, illustre Sylvain Balmelle. Et aussi pour proposer au cédant d'ouvrir le champ des possibles de sa structure. » À la fois facilitatrice et médiatrice, la chambre d’agriculture permet à deux générations, parfois éloignées, de s’entendre, pour la continuité de l’agriculture ardéchoise. 

Pauline De Deus

1- Ces évènements, organisés partout en France par les Chambre d’agriculture, cherchent à sensibiliser au renouvellement des générations agricoles et à donner des outils aux cédants et porteurs de projet qui veulent se lancer.

Prochain rendez-vous, mercredi 14 décembre

Si vous avez raté la journée cédants, mardi 15 novembre, il est encore temps ! Mercredi 14 décembre, le rendez-vous est donné la salle des fêtes de Vinezac, à partir de 9 heures. L'objectif : informer les cédants de toutes les étapes de la transmission et surtout leur proposer des réponses à leur questions grâce à des rendez-vous individuels. Les cédants pourront ainsi rencontrer la MSA pour évoquer leurs droits à la retraite mais aussi des notaires pour les problématiques foncières, la DTT pour les points relatifs à la PAC, etc.

La clé : l’anticipation
Après un stage test, Elian Jouffret est actuellement en train de s'installer à Plats sur l'ancienne exploitation de Jean-Luc et Nadine Berne.
QUINZAINE DE LA TRANSMISSION

La clé : l’anticipation

À l’approche de la retraite, les questions se multiplient pour les chefs d’exploitation. Cinq conseils pour une succession en douceur.

Prendre le temps de la réflexion

Au moins cinq ans avant l’âge de la retraite, il faut penser à la transmission. Les enfants souhaitent-ils reprendre l’exploitation ? Les terres vont-elles être louées ou vendues ? À quel prix ? L’habitation va-t-elle être libérée ? Autant de questions auxquelles il faut pouvoir répondre avant de se lancer dans la construction d’une offre de reprise. Et prendre le temps de la réflexion permet aussi de se préparer psychologiquement à arrêter son activité !

Orienter ses investissements

Au moment de la succession, le coût de l’outil de travail va faciliter ou compliquer la reprise. Des bâtiments récents, par exemple, augmentent le coût d’achat alors qu’ils ne seront pas toujours adaptés à l’activité et aux besoins du repreneur. À l’inverse, une exploitation qui n’est plus fonctionnelle ou viable risque d’avoir des offres de reprise limitées.

Accepter le changement

Par définition, transmettre c’est accepter de voir son exploitation transformée, au moins en partie. Même si l’activité agricole reste la même, un nouvel arrivant aura sa propre manière de travailler parfois différente de son prédécesseur. « Il faut que les nouveaux tiennent compte de l’expérience des anciens mais à la fois le cédant doit être ouvert sur le devenir de l’exploitation », souligne Denis Jammes, conseiller transmission à la chambre d'agriculture de l'Ardèche. Tout un équilibre à trouver !

Mobiliser les outils disponibles

Plusieurs outils permettent de faciliter la transmission. En Auvergne-Rhône-Alpes, il existe par exemple les stages tests. Cette période d’essai allant d’un an à six mois, permet au porteur de projet et au cédant de travailler ensemble pour faciliter la succession. Le salariat peut être une autre option. La chambre d’agriculture propose aussi divers outils pour mettre en relation cédants et candidats à la reprise1.

Persévérer !

Avant de trouver celui ou celle qui reprendra l’exploitation, il faut souvent rencontrer plusieurs candidats à l’installation. Un processus qui peut être long mais qui a toutes les chances de fonctionner à condition de faire preuve de patience !

PDD

1- Sur le site de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche, dans la rubrique Installation Transmission, retrouvez les offres foncières sur le département ou encore des portraits de candidats à l’installation.