OVIN
Onze brebis retrouvées mortes à Berzème

Onze brebis ont péri dans la nuit de lundi à mardi, à Taverne, sur la commune de Berzème. Un nouveau coup dur pour les éleveurs du Coiron. Ils en sont convaincu, il s'agit d'un voire même de plusieurs loups.

Onze brebis retrouvées mortes à Berzème
L'un des troupeaux de Mathieu Ladreyt a été attaqué dans la nuit de lundi à mardi.

« Je les ai trouvés ce matin, à 7 heures », témoigne Mathieu Ladreyt, sous le choc. Ce mardi 22 novembre, au matin, dans un pré du hameau de Taverne, l'éleveur a constaté la mort de onze de ses brebis, dont trois en partie consommées. Une autre, à moitié mangé, était encore en vie. « J’ai fait ce qu’il fallait... Je n’ai pas eu le courage d’attendre le service vétérinaire. » Témoigne-t-il par téléphone.

Pour cet éleveur de Berzème, il n'y a pas de doute il s'agit d'une attaque de loup : « J'en suis certain, il y a des brebis mortes dans tout le parc ! » Le premier cadavre, Mathieu Ladreyt l'a vu depuis la route, avant même d'entrer dans le parc. Les autres, en revanche, étaient au quatre coins de ses 12 hectares de prairie. « On est à 100 mètres d'une maison... Le loup n'a peur de rien », s'alarme-t-il. Tout en parlant, l'éleveur mène ses 36 brebis restantes à la bergerie. Certaines sont mordues, d'autres boitent et toutes semblent paniquées et fatiguées par cette nuit de terreur.

Déterminer les causes de la mort

À Berzème, c'est la deuxième attaque de l'année. Au mois d'avril, Alexandre Perrier avait déjà perdu 4 de ses 40 brebis. Alors sur la commune et dans les alentours, les éleveurs sont solidaires. Mardi après-midi, lors de l'intervention de la police de l'environnement, une vingtaine d'éleveurs étaient réunis sur les lieux. Après de premiers échanges agités, la tension retombe et les agents passent aux constations.

Sur chaque cadavre la procédure est la même. Au niveau du cou de l'animal, ils coupent la laine, puis la peau pour repérer les marques de crocs. Ils notent et prennent des photos. Les gigots consommés sont observés plus succinctement. « L'objectif est de déterminer la cause de la mort, explique l'un des trois agents à une éleveuse présente. Les circonstances seules ne suffisent pas. D'autres animaux tels que les renards peuvent aussi venir manger les animaux une fois qu'ils sont morts. » 

Alors loup ou pas loup ? Le verdict officiel ne tombera que dans quelques jours. « Dans tous les cas, on ne dira jamais qu'on est sûr à 100 % que c'est un loup, avertit l'agent. Car dans certains cas, les chiens peuvent faire des marques similaires. Mais le doute sera toujours au bénéfice de l'éleveur. » Une expertise qui devrait permettre à l'éleveur d'être indemnisée, maigre consolation face au traumatisme de cette journée.

Pauline De Deus

Un profond malaise

En cas d'attaque, les éleveurs sont chargés de contacter l'office français de la biodiversité (OFB). Cet organisme public doit ensuite se déplacer sous 72 heures pour faire les constatations et déclarer si l'attaque est, oui ou non, l'œuvre d'un canidé. Mais ce mardi, le ton est monté entre l'OFB et certains éleveurs du Coiron. « Ce matin ils n'ont pas le temps et cet après-midi ils sont en réunion, fulmine Mathieu Ladreyt. S'ils ne peuvent vraiment pas venir, on va leur apporter les cadavres ! » Les agents de la police de l'environnement se sont finalement déplacés dans la journée et la menace n'aura pas été mise à exécution. Malgré tout, cette situation révèle un profond malaise chez les éleveurs du secteur. « La réponse de l'OFB a été mal perçu », confirme un éleveur. « Et ce n'est pas la première fois, témoigne une autre. Quand on a eu une attaque le jour de Pâques, on nous a dit de couvrir nos bêtes mortes le temps que quelqu'un passe, parce que tout le monde était en vacances ! » Les agents de l'OFB, de leur côté, assurent faire leur possible pour répondre aux urgences sur l'ensemble du département en fonction de leurs propres obligations. Une réponse qui ne suffit pas à rassurer. « On se sent abandonné et démuni », conclut Candice Cholvy, éleveuse et vice-présidente des Jeunes agriculteurs.