ÉLEVAGE
Guerre en Ukraine : des effets limités sur les marchés de ruminants

D’après l’Institut de l’élevage (Idele), les exportations de génétique, d’abats et de cuir européens se retrouvent particulièrement exposées aux perturbations liées à la guerre en Ukraine. L’institut se veut néanmoins rassurant : les conséquences devraient rester « modestes » pour les professionnels.

Guerre en Ukraine : des effets limités sur les marchés de ruminants
L’Ukraine et la Russie ne représentent respectivement que 1,5 et 1,1 % des exportations de l’Union européenne sur ce marché. ©SC

L’embargo de 2014, décrété après l’annexion de la Crimée par la Russie, avait déjà fait perdre d’importantes parts de marché aux exportateurs européens. Les flux de produits laitiers « sont tombés à 250 millions d’euros (M€) en 2020, après avoir culminé à 1,6 milliard d’euros (Mrd€) en 2013 », souligne le groupe spécialisé sur l’économie du bétail (GEB) de l’Institut de l’élevage (Idele) dans une note publiée le 11 mars dernier. Après l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février dernier, les membres du GEB s’interrogent désormais sur les conséquences possibles de l’actuel conflit russo-ukrainien pour l’avenir des filières de ruminants. « Les flux de viande bovine de l’Union européenne à vingt-sept vers la Russie comme vers l’Ukraine sont à l’étiage », remarquent les auteurs de l’étude qui estiment par ailleurs que « le conflit ne devrait donc pas avoir d’effets directs sur les flux communautaires ». Même analyse pour ce qui concerne les produits laitiers : l’Ukraine et la Russie ne représentent respectivement que 1,5 et 1,1 % des exportations de l’Union européenne. « Les effets indirects (encombrement de certains marchés, réorientation de flux commerciaux…) devraient rester limités », ajoute l’Idele.

Animaux reproducteurs, abats et cuir

De cette note publiée le 11 mars dernier, il ressort que les principaux risques commerciaux pour l’Union européenne portent aujourd’hui plutôt sur les exportations dites « génétiques », à savoir les exportations d’animaux vivants et de semences à des fins reproductives. Dans une moindre mesure, elles concernent aussi certains abats et le cuir. Ces marchés sont « parfois plus développés car non touchés par l’embargo de 2014-2015 », explique le GEB. L’institut souligne toutefois que les perturbations directes sur les marchés resteront « modestes » lorsqu’on les compare aux impacts « majeurs » des hausses du prix des grains, des engrais et de l’énergie pour les éleveurs. Entre 2018 et 2020, les pays européens ont exporté 20 % de leurs volumes de bovins reproducteurs vers la Russie. Une tendance qui s’était déjà renversée avant le conflit déclenché entre les deux pays : les flux vers la Russie ont été « nuls » sur les onze premiers mois de l’exercice 2021 en raison de nouvelles exigences sanitaires. Les débouchés ukrainiens pour ces animaux se développent et représentent aujourd’hui 1 % des expéditions européennes. La même dynamique s’observe sur le marché stratégique des semences. Côté russe, on observe que les flux varient fortement d’une année sur l’autre. Les expéditions vers la Russie ont, par exemple, représenté 3,6 % des exportations françaises de semences en 2021, alors qu’elles avaient été nulles en 2017. Les exportations d’abats frais et congelés vers l’Ukraine représentent, quant à elles, 5 % du volume total des expéditions de l’Union européenne, soit au total environ 10 000 t. Sur le cuir, les exportations vers Kiev « n’ont cessé de progresser au cours de la dernière décennie » et se hissent aussi à 5 % en valeur, soit 125 M€. En revanche, les débouchés russes pour les abats européens sont nuls et très limités pour le cuir (1 %), explique l’Idele.

J.G.