SANITAIRE
L'exposition aux antibiotiques « stable voire en légère augmentation »

Le recours aux antibiotiques en santé animale est en recul depuis vingt ans. Mais, constate l'Anses, « ces dernières années, cette diminution semble avoir atteint une limite et l'exposition des animaux aux antibiotiques est stable voire en légère augmentation selon les espèces ».

 

L'exposition aux antibiotiques « stable voire en légère augmentation »
Après des années de forte baisses, l'exposition des animaux aux antibiotiques est stable voire en légère augmentation selon les espèces. ©iStock-mladenbalinovac

Alors que le plan Ecoantibio 2 a été prolongé à fin 2022, c'est un bilan en demi-teinte qu'a présenté l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire), le 18 novembre, à l'occasion de la journée européenne d'information sur l'antibiorésistance. Dans son rapport annuel pour « prévenir l'émergence et la diffusion de bactéries résistantes aux antibiotiques chez les animaux d'élevage et domestiques », l'Anse souligne que l'exposition globale des animaux a diminué de 45,4 % depuis 2011, début du premier plan Ecoantibio (qui vise à réduire l'usage des antibiotiques). « Cependant, depuis ces dernières années, cette diminution semble avoir atteint une limite et l'exposition des animaux aux antibiotiques est stable voire en légère augmentation selon les espèces », note le rapport. Après des années de forte baisse, l'exposition des animaux à ces médicaments a atteint un plateau. « Les éleveurs et les vétérinaires ont fait beaucoup d'efforts pour réduire leur utilisation d'antibiotiques. Maintenant, les usages se sont stabilisés », explique Gérard Moulin, adjoint au directeur de l'Agence nationale du médicament vétérinaire (ANMV) au sein de l'Anses.

2,9 % d'exposition chez les bovins

« C'est principalement l'encadrement des usages qui poursuivra la diminution dans les prochaines années », analyse Jean-Yves Madec, responsable du pôle antibiorésistance à l'Anses, en référence au nouveau règlement européen sur les médicaments vétérinaires. Celui-ci entrera en vigueur le 28 janvier 2022 et contient plusieurs mesures visant à restreindre l'usage des antibiotiques dans l'Union européenne : l'usage prophylactique (en prévention) des antibiotiques sera limité aux « cas exceptionnels et uniquement pour un animal déterminé » ; une liste d'antimicrobiens, dont des antibiotiques, sera réservée à la santé humaine (ce qui existe déjà en France) et le recours aux prémélanges médicamenteux sera restreint. Plus inquiétant que la stagnation, l'utilisation d'antibiotiques est en hausse chez certaines espèces. Ainsi, entre 2019 et 2020, l'exposition des volailles et des porcs a continué de diminuer (respectivement de 9,7 % et 3,2 %) alors qu'elle augmentait chez les lapins de 2,5 % et chez les bovins de 2,9 %. Certaines hausses ponctuelles peuvent s'expliquer par des raisons conjoncturelles. Dans une enquête menée par l'Anses-ANMV auprès de 467 vétérinaires, certains ont indiqué « avoir administré plus d'antibiotiques aux bovins en raison des conditions météorologiques, qui ont favorisé les maladies respiratoires et les mammites (inflammation des mamelles) » en 2020.

Les antibiotiques critiques en baisse

L'utilisation d'antibiotiques d'importance critique, indispensables à la santé humaine car ne présentant pas ou peu d'alternatives, poursuit son recul en médecine vétérinaire. Par rapport à 2013, « l'exposition aux fluoroquinolones et aux céphalosporines de dernières générations continue de diminuer, avec des baisses respectives de 87,3 % et de 94,3 % ». De même pour un autre antibiotique critique, la colistine, dont l'exposition diminue pour toutes les espèces, à l'exception des bovins en 2020. La résistance aux antibiotiques est toujours en baisse chez les volailles, les porcs et les bovins, observe le Resapath (réseau de surveillance de l'antibiorésistance) qui alerte sur une tendance à la hausse depuis deux ans chez les chiens, les chats et les chevaux. Ces derniers sont les seuls animaux d'élevage suivis par l'Anses à présenter une augmentation de souches bactériennes multirésistantes (insensibles à plus de trois antibiotiques testés), qui peuvent conduire à des impasses thérapeutiques. Chez les volailles, porcs et bovins, le nombre de souches sensibles à l'ensemble des antibiotiques testés est en augmentation.

JG