AGROENVIRONNEMENT /
Sud-Ardèche : 32 agriculteurs rémunérés pour services rendus à l’environnement

Marin du Couëdic
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Aider financièrement certains agriculteurs engagés dans des pratiques en faveur de l’eau et de la biodiversité. C’est la promesse du Paiement pour services environnementaux (PSE), qui prévoit une enveloppe de 700 000 euros pour 32 viticulteurs d’Ardèche méridionale sur les cinq prochaines années.

Sud-Ardèche : 32 agriculteurs rémunérés pour services rendus à l’environnement
Les élus et officiels visitent l'Earl du Sallet à Rochecolombe, une exploitation engagée dans des pratiques agroenvironnementales.

Viticulteur depuis 2010, Nicolas Tairi cultive 25 hectares de vignes près du hameau de Sauveplantade à Rochecolombe. Sur son exploitation, certifiée Haute Valeur Environnementale (HVE) depuis l’année dernière, il a semé des couverts végétaux pour enrichir le sol et faciliter la circulation de l’eau, installé des nichoirs à chauve-souris pour protéger naturellement les vignes des insectes ravageurs et abandonne petit à petit le désherbage chimique. « À l’avenir, j’aimerais passer à 100 % au désherbage mécanique sous le rang et me former à la plantation et à l’entretien de haies », détaille le patron de l’Earl du Sallet aux élus et officiels venus visiter son exploitation ce mercredi 17 novembre 2021. Nicolas Tairi fait en effet partie des 32 agriculteurs sud-ardéchois engagés dans un nouveau dispositif d’aides financières agroenvironnementales : le paiement pour services environnementaux (PSE).

2 000 € en moyenne par exploitation pendant 5 ans

Ce contrat PSE en Ardèche méridionale prévoit 700 000 euros d’aides directes aux agriculteurs éligibles sur une durée de cinq ans. Le programme est entièrement financé par l’Agence de l’eau et porté localement par l’Etablissement public territorial du bassin versant (EPTB) de l’Ardèche en partenariat avec la Chambre d’agriculture.

Les aides, calculées à l’hectare, seront versées selon une série d’indicateurs de « performance » de l’exploitation : quantité d’azote minéral utilisé, fréquence de traitement par herbicides, ensemencement des terres non cultivées, consommation de carburant et d’électricité en lien avec l’activité agricole, part de surface servant à produire du fourrage, quantité de gaz à effet de serre émise... Elles permettent de rémunérer à la fois des projets d'amélioration des pratiques (plantation de haies, alignement d'arbres fruitiers...) mais aussi le maintien des infrastructures agroécologiques déjà existantes. Les exploitations engagées toucheront en moyenne 2 000 euros par an. Les premiers paiements auront lieu début 2022.

Zones à enjeu pour l’eau et la biodiversité

Si le dispositif est déployé à l’échelle nationale, le volet ardéchois a été pensé spécifiquement pour le territoire, de manière à répondre aux enjeux agroécologiques locaux. Les 32 exploitations concernées sont en effet situées sur des zones à enjeu pour la qualité de la ressource en eau des sols et la biodiversité. Pour entrer dans la démarche, plus de 45 % de leur Surface agricole utile (SAU) devait se situer sur ces zones, qui vont d'Aubenas à Berrias-et-Casteljau au sud-ouest et Saint-Just-d'Ardèche au sud-est. Les exploitants agricoles ne devaient pas non plus être déjà engagés dans des aides PAC pour le soutien à l’Agriculture Biologique ou des Mesures Agro-Environnementales et Climatiques (MAEC) sur la période 2021-2026. Sur une centaine de candidatures en Sud-Ardèche, 32 dossiers ont finalement été retenus pour près de 1 700 hectares de surface agricole. À l'image des exploitations de l'Ardèche méridionale, toutes possèdent un atelier viticole et un grand nombre sont diversifiées dans plusieurs systèmes de production : élevage, arboriculture, maraîchage...

« On peut ne pas être en bio et avoir de bonnes pratiques »

Le contrat prévoit un suivi annuel sur chaque exploitation, assuré par la Chambre d’agriculture, pour observer l’évolution des indicateurs agroenvironnementaux et ajuster la rémunération. Avec l’appui de l’EPTB de l’Ardèche, la Chambre organisera aussi des journées d’échanges de savoir et de savoir-faire à destination des agriculteurs. Viticulteur, arboriculteur et éleveur à Laurac-en-Vivarais, Guillaume Perbost explique qu’il s’est engagé dans le PSE pour savoir si son exploitation respecte les directives environnementales. « Je me suis aperçu que c’est le cas. On peut ne pas être en bio et avoir de bonnes pratiques. »

« Encourager les agriculteurs qui s’engagent dans des pratiques vertueuses »
Signature du contrat PSE à la salle Vendoule de Rochecolombe.

« Encourager les agriculteurs qui s’engagent dans des pratiques vertueuses »

POLITIQUE / Les élus et officiels se sont félicités de l’aboutissement de ce programme d'aides à l'agriculture, signé le 17 novembre à Rochecolombe.

Signé à Rochecolombe le 17 novembre 2021, le contrat Paiement pour services environnementaux en Ardèche méridionale est le tout premier PSE à entrer en vigueur sur le bassin Rhône Méditerranée. Les élus et décideurs publics du territoire se sont félicités de l’aboutissement de ce projet lancé initié en 2019. « L’intérêt de ces aides, c’est d’accompagner la transition vers une agriculture durable tout en soutenant l’activité agricole locale », déclare Pascal Bonnetain, président de l’Etablissement Public Territorial du Bassin de l’Ardèche. Un constat partagé par Benoit Claret, président de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche : « Les agriculteurs prennent conscience de l’enjeu du dérèglement climatique. La société doit être à leurs côtés quand ils s’engagent dans des pratiques vertueuses ».

« Un plus qui s’inscrit dans un tout »

« Le PSE, c’est un plus qui s’inscrit dans un tout : la transition vers l’agroécologie au service de l’eau et de la biodiversité », commente de son côté Laurent Roy, directeur général de l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse. Mathieu Salel, vice-président au Département, rappelle « l’importance pour l’agriculture, l’environnement, le tourisme, de travailler ensemble de manière étroite ». Le sous-préfet de Largentière Patrick Leverino conclu que « si les politiques agroécologiques sont parfois contraignantes pour les agriculteurs, elles ont un sens : le PSE est un outil prometteur pour protéger l’environnement et notre agriculture de qualité ».

L’eau, une ressource en lien direct avec l’activité agricole

« Les surfaces agricoles sont en interaction directe avec les espaces naturels, dont les cours d’eau. La ressource en eau est indispensable à la vie des cultures et des animaux d'élevage, elle peut provoquer l'érosion des terres agricoles ou subir la pollution des produits trop ou mal utilisés », rappelle Caroline Rivier, chargée de mission à l’Etablissement public territorial du bassin versant (EPTB) de l’Ardèche, collectivité publique chargée de la préservation de la qualité de l'eau et des milieux aquatiques.

Plus de 700 agriculteurs concernés sur le bassin Rhône-Méditerranée 

Outre celui porté en Ardèche méridionale, l’Agence de l’eau a retenu 21 projets territoriaux sur le bassin Rhône-Méditerrannée. 754 agriculteurs éligibles sont ainsi engagés dans cette démarche et bénéficieront de 40,2 millions d’euros d’aides sur une période de 5 ans. Le périmètre des projets retenus couvre près de 68 000 hectares de surface agricole utile dans des zones identifiées comme sensibles.