NORD-ARDÈCHE
Un projet de ferme en aquaponie à Saint-Victor

Marin du Couëdic
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Clément Liverset porte un ambitieux projet d’élevage de truites en aquaponie, un mode de production à mi-chemin entre l’élevage piscicole et le maraîchage, où poissons et végétaux vivent en symbiose. Le jeune entrepreneur basé à Saint-Victor espère commencer la production fin 2022.

Un projet de ferme en aquaponie à Saint-Victor
Le porteur de projet Clément Liverset sur le terrain où il souhaite installer l'exploitation, à Saint-Victor.

Clément Liverset a toujours eu les pieds dans l’eau. Technicien sur des installations d’eau potable en Rhône-Alpes puis chargé d’élevage et de transformation dans une pisciculture drômoise en agriculture biologique, le natif de Saint-Victor est revenu en Ardèche en 2019 avec l’objectif de créer un élevage de truite. Très vite, il se détourne pourtant de la pisciculture traditionnelle pour s’orienter vers un mode de production novateur, à mi-chemin entre l’élevage piscicole et le maraîchage : l’aquaponie. « Avec cette méthode, l’eau est le seul support de culture, explique le passionné âgé de 31 ans. Elle sert de fil conducteur pour que chacun, poisson ou végétal, puisse recevoir ou donner ce qui est nécessaire à l’un ou à l’autre. C’est une boucle vertueuse. »

Une solution au manque d’eau ?

Dans le détail, ce sont les déchets organiques des truites qui, transformés par des bactéries au sein du cycle de l’azote, produisent un engrais naturel que les plantes vont assimiler. L’eau, ainsi purifiée retourne à l’élevage. Principal avantage et non des moindres : la possibilité d’économiser jusqu’à 90 % de cette ressource en comparaison avec une culture en terre, bien qu’un apport d’eau neuve en faible quantité soit nécessaire pour compenser l’évaporation naturelle des plantes. « L’aquaponie, c’est une des solutions pour faire du poisson et des légumes sur un territoire avec peu de ressources en eau comme sur le bassin du Doux », estime le porteur de projet. Autre avantage de ce principe de culture innovant, le rendement qui serait près de deux fois supérieur à la culture en terre. « J’ai pu le constater en visitant une ferme en aquaponie près de Bordeaux qui s'appelle De l’eau à la bouche. Les légumes et le poisson sont délicieux et l’exploitation est viable économiquement. Elle réussit à dégager 2,5 Smic avec 1100 m² de serre ». La visite d’une autre exploitation dans le Gers finit de persuader Clément Liverset. Au printemps dernier, il créé sa société baptisée  Ardèche Aquaponie et achète un terrain de 2,5 ha à Saint-Victor. Le projet est lancé.

1,5 million d’euros d’investissement

Problème : l’investissement de départ très conséquent pour lancer un tel projet. Clément Liverset l'estime à 1,5 million d’euros. Le bâtiment d’élevage et de reproduction englobe les trois quarts du budget, auquel il faut ajouter la serre, le laboratoire de transformation et la création d’un bassin de rétention d’eau pluviale de 2500 m3. Seul sur le projet, le jeune ardéchois y croit dur comme fer et espère un début de production pour la fin 2022. Il boucle actuellement le financement du projet et travaille avec un bureau d’études et un architecte sur le dépôt du permis de construire. En attendant de pouvoir déposer une demande de financement auprès de France AgriMer. Si le chemin est semé d'embuches, le jeune ardéchois se veut confiant. « Ça me tient à cœur de m’implanter dans ma région. C'est un un défi de lancer un élevage de poisson en aquaponie ici, mais si le projet abouti, il y a un très bel horizon derrière. »