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Les clés pour une récolte d’herbe réussie

Pour avoir un fourrage de qualité et en quantité suffisante pour assurer l’alimentation fourragère des troupeaux l’hiver, les exploitants agricoles doivent récolter l’herbe au stade optimum. Explications.

Les clés pour une récolte d’herbe réussie
Le stade phénologique des espèces est important pour déterminer la date de récolte. ©Fidocl Conseil élevage

Dans les systèmes herbagers, la récolte de fourrage constitue un aspect essentiel dans la constitution des stocks utilisés durant l’hiver pour assurer l’alimentation des troupeaux. La date de fauche est extrêmement importante, pour assurer la qualité nutritionnelle des rations. « La toute première chose à surveiller pour assurer une bonne récolte de fourrage, ce sont les stades phénologiques des espèces. Ce sont eux qui vont déclencher les dates de récolte. En fonction des objectifs de productivité, l’agriculteur n’aura pas la même stratégie de récolte », explique Mickaël Coquard, chargé de mission au Fidocl Conseil élevage. Les modes de récolte doivent être en cohérence avec le taux de matière sèche que l’agriculteur recherche pour nourrir ses animaux et combler leurs besoins : les plus courants sont l’ensilage d’herbe (30 à 35 % de matière sèche pour une bonne conservation), l’enrubannage (50 à 60 % de matière sèche), et le foin (80 à 85 % de matière sèche).

Pour avoir un bon équilibre entre qualité et quantité d’herbe, la majorité des récoltes de fourrages s’effectue au stade du début de l’épiaison. Attention toutefois, puisqu’un bon foin – jeune - est plus sensible à l’échauffement qu’un fourrage fauché tardivement, au stade floraison ou après, puisqu’il est plus riche en matières organiques solubles (protéines, sucres).

Par ailleurs, les conditions météorologiques auront également toute leur importance dans la gestion de la récolte. « On préconise à minima deux à trois jours de beau temps en amont de la récolte », poursuit-il. Il est également souvent conseillé de faucher l’après-midi pour optimiser le taux de sucre dans la plante, ce dernier permettant une acidification rapide du fourrage.

Une gestion optimale du chantier

Parmi les critères essentiels à respecter, la hauteur de coupe. « Il est indispensable de la maîtriser, à 7 ou 8 centimètres de hauteur. En deçà, la qualité de l’herbe est diminuée et la repousse de la prairie aura du mal à reprendre. Cette hauteur de coupe permet aussi d’assurer un séchage plus rapide », prévient Mickaël Coquard. Une hauteur de coupe pas toujours évidente à mettre en œuvre, puisque les outils de fauche sont plutôt conçus pour faucher l’herbe à ras. « Sur les légumineuses, il est possible de faucher plus ras, à 5 cm. Mais les deux centimètres d’herbe que nous gagnerions présenteraient une valeur nutritive de moins bonne qualité ».

Après la récolte, les étapes de fanage et de conservation sont toutes aussi importantes. « Pour l’ensilage d’herbe, on recommande d’exposer le fourrage au maximum à la lumière. Dans les heures qui suivent la fauche, l’eau est perdue par les stomates des plantes. Il existe alors un lien fort entre la vitesse de dessiccation sur les premières heures et la surface d’exposition à la lumière », note Mickaël Coquard. L’étape suivante, plus lente, permet de laisser l’eau restante s’évacuer à travers la cuticule des plantes. La mise en œuvre globale du chantier d’ensilage (stade de fauche, durée de séchage, tassage et confection du silo) est la clé de réussite d’une bonne récolte. « La récolte d’un fourrage de qualité demande beaucoup de rigueur », conclut Mickaël Coquard.

Amandine Priolet