L'INFO'PRAIRIES
Gestion de l'herbe : quelle stratégie adopter ?

Climat, stade de l'herbe, état des prairies... Quelles stratégies adopter ? Emmanuel Forel, conseiller Agronomie Fourrages à la Chambre d'agriculture de l'Ardèche, fait le point.

Gestion de l'herbe : quelle stratégie adopter ?

L’absence de précipitations est générale, malgré quelques gouttes par endroit. Aucune pluie n’est prévue pour les 15 jours qui viennent. Après de très fortes chaleurs – y compris en montagne (28°C à Issanlas samedi 21 et dimanche 22 mai) – les températures baissent un peu ces derniers jours avec la nébulosité. 

Montagne : le stade fauche précoce est atteint à 1 100 m sur prairies fertiles. En l’absence de pluie annoncée sur les 15 jours, il est possible d’engager des foins à 900 m compte tenu du déssèchement des sols. Au pâturage, surveiller la hauteur d’herbe et éviter de faire trop « ronger » les prairies : 5 cm de hauteur à laisser derrière le passage des animaux. 

Haut-Vivarais et Pentes : Les foins sont terminés dans certains secteurs. Sur notre essai luzerne, nous en sommes au deuxième passage d’irrigation pour la seconde coupe (Ardoix, 400 m) : l’irrigation est le seul moyen pour sécuriser la production de la luzerne dans les sols sableurs à faible réserve.

Bas-Vivarais : le stade foin tardif est dépassé jusqu’à 250 m environ. Au-delà de 1250°C de cumul, la qualité du fourrage se dégrade beaucoup.

Emmanuel Forel,
Chambre d’agriculture de l’Ardèche

Votre avis nous intéresse ! Une observation, une erreur, une question, contactez-nous au 06 85 10 09 96 ou par mail : [email protected]

 

 

FOURRAGE / Des dérobées après méteil ou céréales ?

En l’absence de précipitations ou de volume d’irrigation conséquent, il est hasardeux de semer des dérobées en l’état actuel de la sécheresse.

En fonction de l’évolution climatique il pourra être possible de tenter des dérobées après moisson : privilégier les espèces permettant de minimiser les coûts comme le colza fourrager.

Si les pluies étaient suffisantes, les sorghos fourragers seraient pertinents (jusqu’à 800 m) ou le moha en altitude (1 000 m).

Après la fin des récoltes, prévoir de faire le bilan des 1èrres coupes pour évaluer votre situation en termes de stock.

SÉCHERESSE / Quelques repères à garder en tête

Éviter de faire pâturer en dessous de 5 cm, à la rigueur 4 cm, pour ne pas fragiliser les plantes et aggraver les effets du climat. En absence d’herbe disponible, préférer affourager quitte à « sacrifier » une parcelle sur laquelle on mettra un râtelier (parcelle parking)

1. Des sous-bois à la rescousse

 Les sous-bois suffisamment ouverts peuvent offrir de l’herbe encore verte en plus de l’ombre pour les animaux. En Ardèche, espaces naturels et boisés représentent 64 % de la surface du département : quel que soit le secteur, on peut trouver ce type d’espace… 

2. Pâturer plutôt que faucher

Les prairies de fauche qui ont peu poussé peuvent être pâturées plutôt que fauchées. A 1000°C, cette herbe sur pied garde une valeur encore correcte : 0.67 à 0.72 UFL/kg MS, 60 à 80 g PDIN/kg MS, en particulier sur graminées à feuille fine (fétuque rouge). Prévoir un abreuvement suffisant pour permettre l’ingestion d’une herbe qui a pu commencer à sécher.

3. L’irrigation oui mais uniquement sur les espèces qui la valorisent… 

Les prairies permanentes valorisent très mal l’eau d’irrigation, à fortiori par fortes chaleurs. Dans les conditions climatiques actuelles et en dehors des graminées estivales (maïs, sorgho), seule la luzerne ou des prairies temporaires à base de luzerne peut valoriser l’irrigation. Irriguer de préférence la nuit et en respectant la réserve en eau du sol soit des doses maximales de 30-40 mm.