PRODUITS LOCAUX
Des chips 100 % Ardèche, le défi de La Ducale

Mylène Coste
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Trois ans après l’incendie qui avait entièrement détruit ses locaux, l’entreprise de chips artisanale La Ducale, implantée à Boffres, a su rebondir et se réinventer. Son nouveau défi : produire des chips ardéchoises issues de pommes de terre cultivées localement.

Des chips 100 % Ardèche, le défi de La Ducale
L'entreprise de chips artisanales La Ducale, implantée à Boffres, s'est associée avec deux éleveurs locaux pour s'approvisionner en pommes de terre locales.

La Ducale : ce nom ne vous dit peut-être rien. Sans doute avez-vous toutefois goûté aux chips de la marque « BCBG » (« Belles chips bon goût), des chips artisanales cuites au chaudron au sein de cette entreprise familiale implantée à Boffres. À la tête de La Ducale ? Henri Avon, ancien négociant en fruits et légumes qui s’est lancé dans les chips dès 2001 à Uzès puis Alès, et son fils Pierre-Henri, co-gérant. Ils ont rejoint l’Ardèche en 2014 : « J’ai racheté l’ancienne usine du groupe Aoste à Boffres, pour y adapter l’outil de production et développer notre activité ».

En 2018, un dramatique incendie détruit entièrement l’usine de chips. « Nous avons tout reconstruit de zéro, et avons saisi cette occasion pour doubler les capacités de production, avec 6 chaudrons et 3000 m2 de surface, indique le patron de la Ducale. Nous en avons profité pour concevoir des bâtiments éco-responsables : traitements des eaux de process, recyclage des boues récoltées, retraitement des fumées… » Aujourd’hui, le souvenir de l’incendie semble être loin derrière, et le fabriquant de chips a bel et bien retrouvé « la patate » ! La Ducale demeure une entreprise, puisqu’Henri Avon travaille avec ses trois enfants Charline, Delphine et Pierre-Henri.

Henri Avon, gérant de l'usine La Ducale, dans une parcelle de pommes de terre vitelotte destinée à la confection de chips locales.
Henri Avon, gérant de l'usine La Ducale, dans une parcelle de pommes de terre vitelotte destinée à la confection de chips locales.

« Le plus gros des petits fabricants »

Avec près de 50 tonnes de pommes de terre fraîches transformées chaque semaine, la Ducale n’a rien de comparable avec les gros industriels de la chips. « Nous sommes le plus gros des petits fabricants, plaisante Henri Avon. Nous ne travaillons qu’avec des producteurs de pommes de terre françaises, des Hauts-de-France au Pas-de-Calais en passant par la Somme et les Landes, explique-t-il. Nous avons développé une douzaine de références de chips artisanales, faibles en sel et confectionnées avec des arômes naturels (truffe, piment d’Espelette, tomate et basilic, herbes de Provence…). Nous avons également une petite gamme bio. » La marque de fabrique de la Ducale, et de sa marque BCBG : « On valorise au maximum la qualité du produit et du terroir, avec une sélection rigoureuse de nos matières premières et un process de fabrication qui permet de faire ressortir tous les arômes. » 

Une année test pour des chips ardéchoises

Cette année, La Ducale planche sur un nouveau projet : confectionner des chips à base de pommes de terre produites localement. « Nous avons contractualisé avec quelques producteurs - généralement des éleveurs -, pour implanter 3 ha de pommes de terres entre Boffres et Alboussière, indique Henri Avon. L’idée est de voir comment elles s’adaptent au terroir local, et, si l’essai est concluant, nous envisageons de tripler ou quadrupler les surfaces dans les années à venir. Cela nous permettrait d’avoir une production ardéchoise durant deux à trois mois dans l’année, avec la volonté de fédérer un petit groupe de producteurs et de pérenniser cette production ! » La Ducale pourrait d’ailleurs bientôt rejoindre la grande famille des produits « Goûtez l’Ardèche » avec ces chips 100 % Ardèche !

Mylène Coste

 

Deux éleveurs qui ont la patate !
Fabien Mounier et Damien Charrier, respectivement éleveurs à Alboussière et Boffres, se sont lancés dans la culture de la pomme de terre en lien avec La Ducale.

Deux éleveurs qui ont la patate !

DIVERSIFICATION / Tous deux éleveurs laitiers, Damien Charrier et Fabien Mounier se sont lancés dans un essai de culture de pommes de terre en lien avec l’entreprise de chips La Ducale.

Damien Charrier cultive les terres voisines La Ducale. « Il m’arrive régulièrement de croiser les responsables de l’entreprise en bord de parcelle, on discute un moment… Ils cherchaient à développer une gamme de chips locales, et c’est comme ça qu’est venue l’idée de faire un essai de culture de pommes de terre. J’en ai parlé à mon collègue Fabien Mounier, et on s’est lancés ! » Les deux éleveurs ont ainsi implanté 1 ha de pommes de terre chacun.

Installé à Boffres depuis 2003, avec son épouse Valérie (Gaec de Ponce), Damien Charrier élève une cinquantaine de vaches laitières de race montbéliardes, dont le lait est livré à la coopérative Sodiaal. De son côté, Fabien Mounier et son père Pascal élèvent 80 laitières brunes des Alpes à Alboussière, dont le lait est vendu à Danone. Ils élèvent également quelques veaux en engraissement pour un boucher privadois, et des volailles de chair pour les Fermiers de l’Ardèche. La pomme de terre ? « C’est tout nouveau pour nous, affirme Damien Charrier. Nous avons un climat plutôt propice, reste à savoir si nos sols, pauvres et caillouteux, seront adaptés. » Fabien Mounier poursuit : « La Ducale nous a fourni des plants en variétés Agria, une pomme de terre à chair jaune particulièrement adaptée pour la chips. Nous avons planté fin avril, avant le début des ensilages et des fourrages, puis nous avons fait un buttage et un désherbage, et seulement deux arrosages puisqu’il a suffisamment plu ces dernières semaines. Pour le moment, c’est plutôt joli. Nous avons commencé la récolte mardi. Nous verrons bien ce que ça donne ! »

L’objectif fixé avec La Ducale : atteindre un rendement de 20 t/ha. « C’est un petit challenge pour nous, affiche Damien Charrier. Et si les rendements sont bons, pourquoi ne pas envisager de renouveler l’essai l’an prochain, voire de planter davantage de pommes de terre. Compte tenu des sécheresses de ces dernières années, et du faible prix du lait, c’est une opportunité de diversification pour nos exploitations. » Un avis partagé par Fabien Mounier : « Si le lait ne paie pas, cela nous donne d’autres perspectives. C’est aussi satisfaisant de travailler avec l’usine du coin, de promouvoir le local. » Rendez-vous début septembre, une fois la récolte terminée, pour faire le bilan de l’expérience !