VACHES LAITIÈRES
Au Valentin, confort de travail et bien-être animal dans les nouveaux bâtiments

Il y a tout juste deux ans, l’exploitation agricole du Valentin (Drôme) prenait possession de ses nouveaux bâtiments d’élevage. Un projet conçu autour de trois objectifs : améliorer les conditions de travail, favoriser le bien-être animal et s’adapter au changement climatique.

Au Valentin, confort de travail et bien-être animal dans les nouveaux bâtiments
Le bois utilisé pour la charpente et le bardage provient de Rhône-Alpes, dont une partie du Vercors. Le coût total des bâtiments du pôle élevage du Valentin s’élève à 1,80 M€ financé par la Région Aura, auquel s’ajoutent 300 000 € d’équipements financés sur le budget de l’exploitation.

Support pédagogique pour les élèves et étudiants, lieu d’expérimentation et d’animation pour le territoire et les filières agricoles, l’exploitation du Valentin à Bourg-lès-Valence est aussi un outil de production à part entière. Depuis le 1er décembre 2019, elle dispose de bâtiments d’élevage flambant neufs. Un investissement de 1,8 million d’euros financé par la Région Auvergne Rhône-Alpes, propriétaire du bâti. Ces bâtiments abritent le troupeau de 45 vaches laitières de race montbéliarde et sa descendance. Avec 250 000 litres de lait collectés annuellement par Biolait et 20 000 valorisés en direct1, « l’atelier lait représente 70 % du chiffre d’affaires de l’exploitation », révèle Guillaume Fichepoil, son directeur.

Réduire la production de lisier

Rénover les bâtiments d’élevage pour les rendre plus fonctionnels et réaliser leur mise aux normes était devenu une priorité. Les travaux, envisagés depuis le début des années 2000, vont finalement démarrer en 2018. Trois bâtiments sortent de terre pour constituer le pôle élevage : un de 1800 m² qui abrite les animaux et la salle de traite, un de 450 m² pour le stockage de la paille et du foin et un de 600 m² pour le matériel et l’atelier technique.

« Compte tenu de notre implantation en zone urbaine, l’une de nos contraintes était de réduire au maximum la production de lisier, commente Guillaume Fichepoil. Nous avons donc opté pour deux aires paillées : une de 370 m² pour un effectif de 46 vaches laitières et une de 230 m² pour 35 génisses et vaches taries. » Une aire raclée de 3,5 m de large sur 48 m de long sépare l’aire paillée des cornadis dans l’espace réservé aux vaches en production. Trois fois par jour, le racleur ramène le lisier vers une fumière couverte de 160 m² avec plateforme d’égouttage qui alimente une fosse à lisier de 70 m³. Du côté des génisses et taries, un quai à 5 % de pente renvoie les déjections vers l’aire paillée. L’eau de lavage de la salle de traite est traitée à part grâce à un système de filtre planté de roseaux. « Nous produisons environ 180 m³ de lisier par an qui sont enfouis par un prestataire sur les parcelles de l’exploitation. Le fumier quant à lui est composté et épandu également sur notre propre parcellaire », détaille le responsable.

Améliorer les conditions de travail

Le racleur automatique offre aussi plus de souplesse dans l’organisation en évitant les astreintes au tracteur et rabot. « C’était d’ailleurs un de nos leviers pour améliorer les conditions de travail, signale Guillaume Fichepoil. Nous avons également cherché à limiter au maximum les déplacements en organisant les bâtiments les uns par rapport aux autres de manière la plus logique possible. Les barrières ont été réfléchies pour assurer à la fois la sécurité des salariés mais aussi simplifier les accès. Nous avons multiplié les box pour isoler facilement plusieurs animaux que ce soit pour le vêlage, le tarissement, l’infirmerie ou pour les cours en production animale. » La nurserie enfin est aisément accessible, à la fois depuis les cases de vêlages et depuis la laiterie. Elle communique avec une aire paillée réservée aux veaux située à l’arrière du bâtiment.

Au cœur du projet également : le bien-être animal. « Les vaches du Valentin pâturent neuf mois sur douze. Nous fonctionnons avec deux blocs de 6 hectares de prairies temporaires multi-espèces qui entrent dans une rotation sur huit ans. Le bâtiment a été positionné de façon à réduire au maximum les distances avec ces circuits de pâturage », précise le directeur.

Filets brise-vent et jeu d’ouvertures

Autre point clé, l’adaptation au réchauffement climatique. « Nous avons installé deux gros ventilateurs sur l’aire paillée, dont la vitesse est régulée en fonction de la température extérieure. Ils tournent toute l’année. L’été, ils permettent d’évacuer la chaleur produite lorsque les animaux se mettent à l’ombre. Ils présentent aussi l’intérêt de sécher la litière et de limiter notre consommation de paille », poursuit-il. Outre cette ventilation mécanique, le bâtiment a été conçu avec des filets brise-vent sur les façades est, ouest et sud, actionnés par des commandes électriques. « Nous jouons avec les ouvertures tout au long de la journée pour l’ombrage ou pour créer des courants d’air », rapporte Guillaume Fichepoil. Ces différentes solutions semblent améliorer l’ambiance du bâtiment en cas de fortes chaleurs d’après des mesures réalisées par la chambre d’agriculture de la Drôme et l’institut de l’élevage.

La dimension développement durable a également été prise en compte dans la conception. Des panneaux solaires permettent de chauffer l’eau de la salle de traite, tandis qu’un système d’échangeurs à plaques prérefroidit le lait. « Nous avons réduit notre consommation électrique liée à la traite grâce à ces équipements, indique le directeur. Mais le recours aux deux ventilateurs sur l’aire paillée l’a faite augmenter par ailleurs. Il sera nécessaire de réaliser un diagnostic énergétique pour identifier nos marges de progrès, par exemple sur le nombre de passages quotidiens du racleur. » Enfin, l’eau de pluie des toitures est stockée dans une cuve enterrée de 10 000 litres raccordée à la plateforme de lavage des tracteurs. Là aussi, avec le souci de réduire l’empreinte écologique de l’exploitation.

Sophie Sabot

1. Un petit tank permet de vendre le lait cru en vrac au point de vente collectif « La musette de Valentine » situé sur le site de l’exploitation.

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Le bien-être animal était au cœur du projet. Le bâtiment est équipé d’un système de brosses rotatives. La salle de traite dispose également d’un système de brumisation, utilisé de fin avril à mi-octobre, pour faire fuir les mouches.
Traite par l’arrière 2x5 postes

Traite par l’arrière 2x5 postes

Sur l’exploitation du Valentin, pas de robot de traite. « Nous avons souhaité garder une salle de traite 2x5 postes, en traite par l’arrière pour la sécurité. Ce choix est avant tout guidé par un objectif pédagogique, pour que chaque jeune en formation au Valentin ait au moins une fois dans sa vie l’occasion de brancher l’appareil », explique Guillaume Fichepoil. Toujours dans la logique d’améliorer les conditions de travail, la salle de traite a été informatisée pour optimiser le suivi du troupeau. Elle est équipée d’un système de détection des chaleurs, d’un système de mesure de la conductivité électrique du lait pour détecter les mammites…

Le système d’exploitation

L’exploitation dispose de 65 ha de SAU, conduit en agriculture biologique, dont 5 ha en cultures pérennes (4,4 ha en vergers et 0,6 en vignes ; 20 % du CA est réalisé avec les fruits dont 25 tonnes sont transformées en purée ; 5 % du CA pour la viticulture). Le reste des surfaces est destiné à l’autonomie alimentaire du troupeau (45 vaches laitières montbéliardes, 70 % du CA pour l’atelier lait). Près de 2 000 scolaires sont également accueillis chaque année grâce à l’activité « ferme pédagogique ». Celle-ci représente 5 % du CA.

Cinq salariés et un directeur assurent le fonctionnement de l’ensemble des ateliers et répondent aussi aux autres missions de l’exploitation : accueil des publics en formation initiale ou continue, participation à des programmes expérimentaux (prairies multi-espèces, méteils protéiques avec la chambre d’agriculture, verger agroforestier zéro phyto avec l’Inrae et la plateforme Tab, etc.), accueil du salon Tech&Bio… « Ce qui induit une masse salariale plus importante en comparaison d’une exploitation agricole classique », souligne le directeur Guillaume Fichepoil.