EVENEMENT
« De Ferme en ferme », l'agriculture ouvre ses portes !

Les 29 et 30 avril, 46 fermes ardéchoises ouvrent leurs portes au public dans le cadre du traditionnel rendez-vous De Ferme en Ferme organisé par le Civam. Objectif : sensibiliser le grand public sur l’alimentation durable par la dégustation et l’échange avec les producteurs.

« De Ferme en ferme », l'agriculture ouvre ses portes !

Des Cévennes méridionales jusqu’au Haut Vivarais, en passant par le Coiron et la Montagne ardéchoise, les exploitations agricoles engagées dans des démarches durables ne manquent pas dans le département. L’événement L’Ardèche De Ferme en Ferme propose de partir à leur découverte le temps d’un week-end, en favorisant les échanges entre producteurs et consommateurs, mais aussi la dégustation et l’achat de produits locaux. Pour cette 24e édition, rendez-vous est donné les 29 et 30 avril ! Six circuits de découverte sont proposés pour aller à la découverte des producteurs et préparer son périple : « L’Ardèche verte », « De Crussol à Vernoux », « La route des caprines, mais pas que… », « Hautes Cévennes, Montagne, entre lacs et volcans », et « Cévennes méridionales ». Quarante-six fermes participent à l’évènement, toutes filières confondues, et programment de nombreuses animations pour découvrir la traite des chèvres, la tétée des veaux, la tonte des brebis, le greffage de châtaignier, le surgreffage de ceps de vigne… D’autres proposent des animations et des ateliers œnologiques ou encore des balades à dos d’âne à travers les vignes. Quant à savoir comment se restaurer durant la journée, l’événement réunit cinq restaurants partenaires qui travaillent des produits locaux. Certaines fermes proposeront aussi de la petite restauration et des goûters. En cas de précipitations, les fermes restent ouvertes au public !

Liste des fermes participant à l’événement à retrouver sur le site www.defermeenferme.com
TALENCIEUX / Ardèchanvre : de la graine à la fleur thérapeutique
A Talencieux Pierre Exbrayat ouvre les portes de sa ferme, Ardèchanvre.

TALENCIEUX / Ardèchanvre : de la graine à la fleur thérapeutique

Vigneron de formation, depuis deux ans Pierre Exbrayat a diversifié son activité en devenant également chanvrier. À Talencieux, en Nord-Ardèche, il cultive trois hectares de vignes et 1,5 ha de chanvre. Avec cette plante, le jeune homme produit du CBD et CBG, des molécules non-psychoactives prisées pour leurs effets sur l’anxiété, les douleurs ou encore le sommeil. « L’usage est vraiment thérapeutique, pas récréatif, précise Pierre Exbrayat. D'ailleurs mes clients sont surtout des personnes âgées. » Ces composés chimiques naturels se trouvent notamment dans les fleurs de chanvre. Après la récolte, elles sont séchées pour être vendues en tisane ou bien pour produire de l'huile plus ou moins concentrée. Pour faire découvrir son activité, Ardèchanvre ouvre ses portes le samedi 29 et dimanche 30 avril.

55 rue centrale à Talencieux.
GOURDON / Les Jardins d’Isana : la tomate dans tous ses états et autres curiosités
Les Jardins d'Isana conservent près de 3 200 variétés de tomate et propose une large gamme de plants potagers, aromatiques et ethnobotaniques.

GOURDON / Les Jardins d’Isana : la tomate dans tous ses états et autres curiosités

Aux Jardins d’Isana, la tomate est reine ! Pour preuve, Olivier Lantoine et Emilie Cauret en conserve près de 3 200 variétés dont 400 destinées au public et proposées en plants. « Il y a une grande variété de goût sur la tomate, mais aussi de grosseur, de forme, de couleurs… C’est le fruit le plus consommé ! », explique Olivier Lantoine, installé sur une dizaine d’hectares de châtaigniers et de maraîchage, où paissent une quinzaine de bovins, à Gourdon. Ici, « nous faisons tout de A à Z », menant les variétés de tomates « à la dure ». Elles évoluent à 700 mètres d’altitude sous serre et à 650 m en culture. « Une tomate qui a toujours connu la serre, bourrée d’engrais, demandera plus de temps d’adaptation pour grandir en champs avec les variations de températures, donc on les stimule pour éviter qu’elles ne s’érodent et n’évoluent pas. » Gloire de France, Chemin, Groseilles jaunes, Chupa chups, Cobra, Early Sue… Sont autant de variétés à découvrir aux Jardins d’Isana. « Nous arrivons parfois à orienter la clientèle selon ce qu’elle recherche, mais ce n’est pas facile, car la tomate n’arrête pas de se développer selon son terroir », poursuit Olivier Lantoine. « Beaucoup de variétés ont juste le mérite d’exister. Une cerise rouge classique va être très demandée, et d’autres variétés sont destinées à des collectionneurs avertis. » Ce week-end, le public pourra découvrir ce conservatoire unique, qui regorge d’une multitude de plants potagers, aromatiques et ethnobotaniques. Des plantes « utiles » et là aussi souvent insolites, comme l’herbe de l’immortalité, les légumes perpétuels, l’arbre à thé, la Mandragore, la Menthe de l’Himalaya…

Les Groussons, à Gourdon.
SAINT-GINEYS-EN-COIRON / Focus sur l’Aubrac et l’élevage ovin à la Ferme de Claut
Vanessa et Alexandre Perrier, avec Taïga, chienne de montagne des Pyrénées âgée de 5 mois et demi, éduquée pour protéger le troupeau ovin.

SAINT-GINEYS-EN-COIRON / Focus sur l’Aubrac et l’élevage ovin à la Ferme de Claut

Cela fait 14 ans qu’Alexandre et Vanessa Perrier participent à l’événement De Ferme en Ferme en Ardèche. Et même un peu plus, en tant que visiteurs ! Installés à Saint-Gineys-en-Coiron, ils élèvent une trentaine de vaches Aubrac et 90 brebis Rouge du Roussillon et Mérinos sur 90 hectares, en prairies permanentes. Tout y est vendu en direct à la ferme, sans intermédiaire, sans magasin de producteurs, mais forts d’échanges avec leur clientèle. « Nous aimons parler de notre métier, le mettre en avant. Le réseau De Ferme en Ferme correspond à cette façon de travailler. Il met l’accent sur les petits producteurs attachés au respect de leurs animaux, de la nature, de la biodiversité, du lien avec les consommateurs », rappelle Alexandre Perrier. Ce week-end, le public pourra y découvrir leurs troupeaux bovin et ovin, sans oublier de goûter du filet de bœuf Aubrac ! « Nous mettons en place une mini ferme aussi, avec des poules et poussins, lapins, chèvres et chevreaux, brebis et agneaux… Certaines personnes connaissent très peu l’agriculture, on leur donne ce jour-là des connaissances de base sur la vie d’une ferme et tout ce qu’on y trouve. » Les éleveurs échangeront sur leurs techniques de travail : le pâturage et les rôles des chiens de travail et de protection pour le troupeau ovin, les périodes de vêlage et d’engraissement des veaux, l’utilisation de chèvres pour débroussailler, le recyclage des bâches d’ensilages et d’enrubannages… « Cet événement permet d’expliquer beaucoup de choses. Ouvrir ses portes, c’est le meilleur moyen de faire passer un message, montrer comment nos animaux évoluent, d’être transparent. » 

Claut, Saint-Gineys-en-Coiron.
CHAMPIS / La Grange du Seigneur, brasserie engagée dans la production raisonnée
En plus d’être en vente directe, L'artisan-brasseur se déplace sur les marchés de Valence et Alboussière toute l’année.

CHAMPIS / La Grange du Seigneur, brasserie engagée dans la production raisonnée

Damien Faure est artisan-brasseur sur la commune de Champis. Amateur de bière, c’est tout naturellement qu’il s’est lancé dans la création de son propre nectar. Lorsqu’il a commencé son activité en 2005, on comptait 4 artisans-brasseurs sur le département, y compris celle de la Grange du Seigneur. « Désormais, on arrive à une cinquantaine de brasseries. Il y a un véritable engouement ». Domaine en plein essor, Damien Faure n’adhère pas à cette course effrénée à la production. Il prône la volonté de rester à une échelle de fabrication raisonnée, afin de garantir la qualité de ses bières avec des « revenus suffisants pour vivre, mais limités », assume-t-il. « Je fais un volume de 120 hl/an. C’est un petit volume, mais ça me permet de rester dans un processus artisanal : la bière est chauffée directement sur la flamme. La céréale est incorporée dans l’eau et cuite sur la flamme. » La spécificité de la bière artisanale la Libertane, c’est avant tout l’utilisation du malt : « Par rapport à la tendance actuelle qui est portée sur des bières très houblonnées, c’est le travail du malt qui va me caractériser. Ce sont des bières avec peu de houblon et un caractère spécial lié aux céréales », détaille-t-il. Concernant l’approvisionnement en céréales, Damien Faure travaille le plus souvent possible avec la Malterie de Vernoux-en-Vivarais. Sa participation à l’événement est motivée par une démarche militante. « Je participe depuis 2007. Ma volonté, c’est de pouvoir partager avec les gens. Montrer qu’on peut vivre en milieu rural avec des petites installations simples, artisanales. Un fournisseur et une commercialisation au plus proche, à une trentaine de kilomètres de la brasserie environ ». Lors de ce week-end découverte, les visiteurs curieux seront accueillis par Damien Faure et son fils, étudiant en agroalimentaire et en apprentissage à la brasserie. Au détour d’une dégustation, ils découvriront comment se fabrique la bière avec les spécificités qui caractérisent la Libertane. Nouveauté cette année, la brasserie s’est alliée avec le restaurant Lou Vi à Alboussière pour proposer une restauration sur place (sur réservation).

455 Chemin de la Grange du Seigneur, à Champis.
ROSIERES / Au Domaine du Grangeon, venez découvrir la renaissance du Chatus
Christophe Reynouard devant ses cuves, prêt pour accueillir les visiteurs afin de leur faire découvrir les vins de pays de l’Ardèche.

ROSIERES / Au Domaine du Grangeon, venez découvrir la renaissance du Chatus

Sur les hauteurs de Rosières, Christophe Reynouard, producteur de vin, a repris l’exploitation familiale. Propriétaire du Domaine de Grangeon, celui-ci participe depuis les années 2000 à l’événement De Ferme en Ferme. Lors de ce week-end, entre 250 et 400 personnes sont attendues. « Il va falloir faire le grand ménage de printemps et créer un parking pour accueillir les visiteurs », devise-t-il, en balayant de la main l’entrée du domaine. Si les 36 ha de vigne offrent 13 cépages, il en est un, plus particulièrement, qui attire l’attention des visiteurs : Le Chatus. « C’est un cépage autochtone des Cévennes ardéchoises » détaille celui qui a fondé sa propre cave. « On l’a remis en selle avec la cave de Rosières en 1988 et revinifier en pur. Le cépage fut reconnu en recommandé en 1997, ce fut un long parcours. Le Chatus n’aime pas tous les sols, il faut éclaircir la vigne, et on le vendange à la main. Mais l’avantage du Chatus, c’est qu’on ne le vend pas, on nous l’achète ! » Ce diplômé d’œnologie se fera un plaisir d’expliquer la renaissance de ce cépage noir ardéchois, mais pour lui, tout l’intérêt de participer à ces portes ouvertes réside avant tout dans le partage d’un moment de convivialité et de découverte d’un savoir-faire : « Si l’on participe, c’est pour que le public comprenne l’environnement dans lequel on travaille, nos outils. Par exemple, les visiteurs ne s’attendent pas à voir une chaîne d’embouteillage aussi complète chez nous. Certains croient qu’on fait tout à la main », rigole le producteur de vin. L’autre aspect primordial que revêt cet événement, est le lien social développé : « La famille et les amis que l’on voit peu au quotidien nous aident et sont fiers. Parfois, le monde agricole peut être difficile », glisse-t-il, lucide. Lien social entretenu également par la solidarité entre exploitations agricoles : « Ça nous sort de notre monde, on rencontre des éleveurs, d’autres fermes. Avec tous un objectif commun : montrer l’attractivité et la diversité de notre territoire ». Pour appuyer cette entraide, des restaurants sont désormais partenaires de l’événement. L’établissement La Cueille, à Ribes, servira un menu 100 % ardéchois, composé des produits des participants. Une nouveauté dans le programme de la visite cette année : « On va montrer comment épamprer les vignes le matin, puisque cette année, les vignes sont en avance ».

720 Route du Grangeon, à Rosières.
RIBES / Une visite complète pour comprendre la fabrication du Picodon et plus encore, à l'élevage du Serre
De gauche à droite : Laurent Balmelle, Denis Dumain et Sylvain Balmelle

RIBES / Une visite complète pour comprendre la fabrication du Picodon et plus encore, à l'élevage du Serre

Perché à flanc de colline, l’élevage du Serre abrite une centaine de chèvres en production, afin de fabriquer principalement du Picodon en AOP. Au milieu d’un décor à couper le souffle, Sylvain Balmelle s’est installé en 2010 en reprenant l’exploitation familiale. Bientôt suivi par son frère, Laurent, en 2015, puis par un troisième associé, Denis Dumain. L’éleveur se réjouit d’accueillir ce public très familial selon lui. Il distingue le public de vacanciers qu’il accueille habituellement sur son domaine les mois d’été, contre un public plutôt local et intéressé. Des visisteurs curieux d’en apprendre davantage sur le monde de l’agriculture, lors de cet événement : « Ils viennent comprendre comment ça fonctionne », affirme-t-il.  L’éleveur tient d’ailleurs à nuancer l’image de l’agriculture intensive. « Les chèvres produisent beaucoup, mais pâturent dehors, c’est une production naturelle, mais importante. Si les chèvres produisent peu, mais ne sortent jamais, ce n’est pas de l’élevage intensif, mais, est-ce mieux ? », s’interroge-t-il avec emphase. Surtout, il souhaite faire passer un message « l’agriculture est un vrai métier, on a besoin de se rémunérer, on est 3 associés sur la ferme. On privilégie également la vente directe et en circuit court. Nous valorisons également nos chevreaux, pour la viande, et nous produisons à 80 % nos fourrages ». Le public aura droit à une visite de l’exploitation entre les mains des éleveurs et de la famille, tous, spécialistes du sujet. De la question de l’élevage en passant par la fabrication du fromage à travers une dégustation, les visiteurs pourront être en immersion pendant cette heure de visite. « L’important, c’est que nos explications In Situ permettent de créer le lien, un attachement au produit final, car les gens sont de plus en plus éloignés du monde agricole », constate Sylvain Balmelle.

577 Route du Serre, à Ribes.