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Les coopératives viticoles diversement touchées

Mylène Coste
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Tout comme les vergers de fruits, la vigne n'a pas été épargnée par les ravages du gel. Les conséquences sont toutefois très hétérogènes selon les parcelles. Quel impact pour les coopératives viticoles ? Le point avec la Cave de Tain au Nord, et Vignerons Ardéchois au Sud.

Les coopératives viticoles diversement touchées
Les professionnels estiment que la production nationale serait cette année en retrait de 28 % à 32 % par rapport à la moyenne quinquennale.
Cave de Tain (Tain l'Hermitage)
Xavier Gomart.

Cave de Tain (Tain l'Hermitage)

Xavier Gomart : « Le gel n'aura pas d'incidence sur la santé de la Cave »

« Il est encore trop tôt pour évaluer les conséquences du gel sur le vignoble de la Cave de Tain. Certes, nous aurons quelques pertes mais qui demeurent limitées. La vigne a été moins touchée que les arbres fruitiers, et notre vignoble a été plus épargné que d'autres, celui de Condrieu par exemple. La zone Hermitage a été très peu touchée, et la situation est très hétérogène en Saint-Péray, Crozes Hermitage, Saint-Jospeh et vins de pays. Le manque devrait se chiffrer à 15 – 20%, en deça toutefois des 30 % de pertes subies en 2019 suite à la grêle. 

« Nous sommes des privilégiés »

Certes, certains vignerons ont subi des dégâts ; mais la plupart sont assurés, puisque nous incitons fortement tous nos adhérents à contracter une assurance avec une offre préférentielle négociée par la coopérative. Cet épisode n'aura donc pas de grandes incidences sur la santé de la Cave. Plus généralement, la Cave de Tain se porte bien. Nous avons la chance d'être épargnés par la crise viticole dont pâtissent bien d'autres vignobles et appellations ; nous n'avons pas de problèmes de sur-stocks, on ne peut pas se plaindre ! Nos vins sont à la mode, ils plaisent aux consommateurs, et peut-être plus encore depuis un an : la crise du Covid-19 n'a pas eu d'impact négatif pour nous, c'est même le contraire. Nous sommes des privilégiés. »

Vigneron Ardéchois (Ruoms)
François Guigon

Vigneron Ardéchois (Ruoms)

François Guigon : « Une situation très hétérogène selon le territoire »

« La situation est très hétérogène d'un territoire à l'autre. Certains secteurs ont été violemment frappés par ce gel et déplorent des pertes colossales, parfois supérieures à 60 % : c'est le cas le long des vallées du Chassezac, de l'Ardèche et de La Baume, de Beaulieu jusqu'à Lavilledieu. D'autres s'en sont un peu mieux tirés : les caves de Viviers ou encore Saint-Remèze ont été un peu moins touchées, même si là encore, la situation peut varier du tout au tout d'une parcelle à l'autre ! Il est toutefois trop prématuré d'évaluer les pertes globales pour le groupe Vignerons Ardéchois. La vigne est repartie très doucement, ce qui n'est pas vraiment bon signe, mais nous serons mieux à même d'évaluer la situation au mois de juin. On espère parvenir à faire 60 % d'une récolte « normale », mais c'est un vœu pieu !

« Redoubler d'efforts sur la vinification »

Pour compenser le manque, nous allons certainement réaliser quelques achats dans d'autres vignobles d'IGP Méditerranée notamment. Nous allons aussi devoir redoubler d'efforts sur la vinification des volumes récoltés car on le sait, la qualité aussi peut pâtir du gel. Quoi qu'il en soit, nous attendons un soutien fort des pouvoirs publics afin de minimiser les charges sur la récolte à venir. 

Cet épisode de gel désastreux a aussi eu pour conséquence de ramener les cours des Côtes du Rhône à leur niveau d'il y a deux ans. C'est bien le seul effet positif que l'on peut en retirer ! »

Cave de Saint-Désirat (Sarras)

Du côté de la cave de Saint-Désirat, il y a bien des dégâts, mais qui ne seront pas pénalisant pour la structure :  « Les pertes sont hétérogènes d'un territoire à l'autre, et certains viticulteurs ont dû serrer les dents, explique Christophe Claude, le directeur. Mais commercialement, la cave va pouvoir gérer les volumes manquants et il ne devrait pas y avoir d'impact. Nous sommes sur des vins d'appellation qui peuvent se stocker, nous aurons donc de quoi satisfaire les clients. »