ŒNOTOURISME
2 000 Vins d’Ardèche, un levier pour les vins d'Ardèche

Marine Martin
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L'association de promotion 2 000 Vins d'Ardèche a tenu son assemblée générale le 20 juin à Lussas, célèbre village du film documentaire ardéchois. L'événement a permis de faire le point sur les actions de 2023 et d'envisager un scénario pour dynamiser l'œnotourisme de la destination Vignobles Sud Ardèche.

2 000 Vins d’Ardèche, un levier pour les vins d'Ardèche
Le président de 2 000 vins d'Ardèche (au centre) entouré de Cyril Jaquin, président de l'AOC Côtes du Vivarais, Marc Dejoux, président de l' IGP Ardèche, Laëtitia Bégon, représentante de l'AOC Côtes du Rhône Village St Andéol en l'absence de son président Guillaume Archambault, et Ludovic Walbaum, président du pôle œnotourisme d’Atout France. ©AAA_MM

Élu depuis un an, Romain Vignal a succédé à Cyril Jaquin à la tête de l’association 2 000 Vins d’Ardèche. Dans la lignée de son prédécesseur, il s’efforce de maintenir un haut niveau d’actions pour promouvoir les vins d’Ardèche, « quelle que soit leur dénomination ». Indépendants ou coopérateurs, sur une zone géographique diversifiée, sous leur giron, les vins d’Ardèche englobent l’IGP Ardèche, l’AOC Côtes-du-Rhône, Côtes du Rhône Village Saint-Andéol et Côtes-du-Vivarais.

Malgré un contexte difficile pour la filière viticole, « il ne faut pas relâcher nos actions de communication tout en continuant à innover pour toucher un public plus jeune », martèle Romain Vignal, président de l’association. Ludovic Walbaum, vice-président, appelle quant à lui « à passer à l’étape supérieure en dynamisant le réseau ».

En 2023, les vignerons ont participé à une rencontre à Paris avec des journalistes et influenceurs, obtenant un « grand succès médiatique ». La promotion des vins du Sud Ardèche a été renforcée par une présence accrue dans divers salons, dont Wine Paris et ProWein en Allemagne, et par des campagnes de communication jusqu’à Londres !

L’association 2 000 Vins d’Ardèche a également soutenu des actions spécifiques pour chaque dénomination : vente aux enchères pour les AOC Côtes-Du-Rhône, événements en mai pour les AOC Côtes du Vivarais et en juillet pour l’IGP Ardèche.

Quid du label Vignobles & Découvertes ?

Les attentes des consommateurs évoluent et les « enjeux économiques de l’œnotourisme sont cruciaux pour attirer plus de visiteurs et stimuler la vente des vins », rappelle Ludovic Walbaum. Depuis 2017, la filière viticole du sud Ardèche porte le label Vignobles & Découvertes. En collaboration avec les offices de tourisme, des projets structurants sont développés pour la destination. En 2024, l’objectif est de renforcer le réseau des partenaires et de renouveler la charte d’accueil des caves. « L’engagement des partenaires sera encadré par la participation à trois actions sur trois ans, et le premier audit du label deviendra payant », précise le vice-président de 2 000 Vins d’Ardèche, « pour que les Vignobles Sud Ardèche soient une destination phare ». Une association, à l’image de l’esprit collectif qui anime la filière viticole ardéchoise : « Ce sont toutes les actions mises bout à bout qui nous permettront de sortir de la crise », conclut le président, Romain Vignal.

M.M.

Qualité et visibilité des vins en nette amélioration
©AAA_MMartin
INTERVIEW

Qualité et visibilité des vins en nette amélioration

Le point avec les président et vice-président de l'association, Romain Vignal et Ludovic Walbaum.

Quels sont vos projets pour 2024 ?

Romain Vignal : « Nous actualisons notre accueil caveau avec les offices de tourisme pour promouvoir nos vignobles et préparer le label Vignobles & Découvertes 2025. Notre nouvelle charte inclut désormais l’accès Internet dans les caveaux. Nous continuons à promouvoir les vins du Sud Ardèche, nous avons la chance d’être unique en regroupant quatre dénominations ! Notre objectif est de renforcer la visibilité et la reconnaissance de la qualité et de la diversité de nos vins. »

Quel axe fort souhaitez-vous développer ?

Ludovic Walbaum : « Nous nous concentrons sur la durabilité avec des pratiques environnementales, des investissements matériels et l’agroécologie. Nous améliorons les méthodes de travail des vignerons et mettons en avant ces efforts via l’œnotourisme pour répondre aux attentes sociétales. »

Romain Vignal : « Nous voulons être transparents avec nos produits. Nous ne trichons pas avec notre clientèle car nous faisons du vin pour le plaisir de nos clients. »

Comment vous en sortez-vous face à la crise actuelle ?

Ludovic Walbaum : « Nos vins et vignobles s’en sortent bien malgré l’inflation, la crise et les défis à l’export qui nous touche. La diversification de nos produits, terroirs et modes de consommation, ainsi que l’œnotourisme, nous permettent d’être plus résilients. Nous mettons en place tous les leviers nécessaires pour traverser cette période difficile. L’œnotourisme nous permet de conserver une partie de notre valeur ajoutée. »

Quels défis liés à l’œnotourisme sont à relever ?

Ludovic Walbaum : « Nous ne sommes pas une destination viticole traditionnelle, mais nos sites Unesco comme la Grotte Chauvet attirent les visiteurs. Nos activités axées sur la pleine nature créent des opportunités de découverte de nos vins, notamment avec des initiatives comme le Wine Yoga et les parcours à vélo, attirant particulièrement les jeunes consommateurs. »

Quelle est la notoriété des vins du Sud Ardèche ? Comment attirer de nouveaux consommateurs ?

Romain Vignal : « En Ardèche, notre multitude de lieux d’accueil pour les touristes offre une variété impressionnante. Chaque vigneron, cave coopérative et vigneron indépendant produit des vins uniques qui répondent à une large clientèle. Notre qualité générale s’est considérablement améliorée, et en dix ans, la reconnaissance de nos vins a progressé significativement, tant au niveau national qu’international. »

Ludovic Walbaum : « Nous renforçons notre présence dans les salons où, bien que les visiteurs ne viennent pas spécifiquement pour notre vin, ils repartent en connaissant nos produits. Nos vins, y compris les premium, se distinguent parmi les grandes appellations comme les Côtes-du-Rhône. Nous travaillons sans complexe ! Car l’IGP Ardèche est le cru des IGP. »

Propos recueillis par M.M.

L'œnotourisme en enquête

Bien qu’elle ne soit pas ciblée vers l’œnotourisme, l’enquête menée par l’ADT en 2023 auprès des touristes et excursionnistes ayant séjourné en Ardèche a révélé plusieurs éléments clés pour l’œnotourisme. « Les touristes rajeunissent, avec une moyenne d’âge de 46 ans contre 51 ans en 2016 », analyse Thierry Boutemy de l’ADT, présentant l’enquête. Leur principal critère de sélection pour un séjour en Ardèche est la recherche de tranquillité et de nature préservée. « Le tourisme gourmand lié à l’œnotourisme représente 14 % des critères de séjour. » Concernant le budget, il est d’environ 60 € par jour, tant pour la clientèle œnotouristique que pour les autres. La différence est à noter du côté des excursionnistes (visite d’une journée sans nuitée) : ils dépensent en moyenne 69 € pour les activités œnotouristiques contre 57 € pour les autres. Une opportunité de développement significative pour les vins du Sud Ardèche ! La recherche de fraîcheur constitue également un atout pour le développement de l’œnotourisme, car à l’instar des visites de grottes, les visites de caves et caveaux continuent d’être plébiscitées. « La dégustation est une composante non négligeable du séjour œnotouristique, comme l’a montré l’enquête de l’ADT en 2023 », souligne Romain Vignal. « En collaborant avec les offices de tourisme et en amplifiant cette tendance, notamment grâce au label Vignobles & Découvertes, nous pouvons renforcer cette dynamique. »