BILAN
Des négociations commerciales encore en déflation

A.J.
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BILAN / Les négociations commerciales 2020 se sont achevées sur une nouvelle déflation, de 0,1 %, rapporte l’observatoire des négociations commerciales à l’issue de la dernière réunion du Comité de suivi fin juillet. Les ministres de l’Agriculture et de l’Industrie constatent toutefois des « progrès ».

Des négociations commerciales encore en déflation
Après - 0,4 % en 2019, les négociations commerciales 2020 se sont achevées sur une nouvelle déflation, de 0,1 %, indique le cabinet du ministre de l’Agriculture. ©Fotolia

« C’est une 7e année de déflation », ont dénoncé en choeur la Coopération agricole et l’Ania (industries agroalimentaires), à la suite du comité de suivi des négociations commerciales qui s’est tenu le 28 juillet. « Le bilan n’est pas satisfaisant », a renchérit Catherine Chapalain, directrice générale de l’Ania lors de cette réunion qui réunit l’ensemble des maillons de la chaîne alimentaire. « L’objectif tant affiché de la loi Egalim qui devait permettre le ruissellement ne fonctionne pas », regrette également Dominique Chargé, président de la Coopération agricole. Après -0,4% en 2019, les négociations commerciales 2020 se sont achevées sur une nouvelle déflation, de 0,1%, indique le cabinet du ministre de l’Agriculture. Selon des participants à la réunion, le rayon de l’épicerie salé a connu une déflation de 0,6 % (-0,8% en 2019), l’épicerie sucrée de 0,2% (-0,9% en 2019), les produits frais non laitiers de 0,1% (-0,7% en 2019), les boissons de 0,4% (la déflation avait été comprise entre 0,3% et 1,2% selon les secteurs en 2019) et les surgelés de 0,4% (inflation de 0,2% en 2019).

Lait et charcuterie épargnés

Seules quelques filières tirent leur épingle du jeu. Les données ne permettent pas d’isoler le rayon de la charcuterie (inclus dans le frais non laitier), mais il semble avoir bénéficié d’une conjoncture internationale favorable et des contrats signés à la hausse, rapportent les participants.

Le secteur laitier s’en sort également par le haut. Seuls les contrats conclus dans cette filière bénéficient d’une hausse marquée des prix d’achat des produits vendus sous marques nationales (+1%). Faudrait-il en prendre de la graine ? « Peut-être que dans le lait il y a une situation particulière qui permet de mieux fonctionner et mériterait que l’on s’en inspire », acquiesce le président de la Coopération agricole. « La filière laitière montre qu’un nouveau modèle est possible », souligne également la directrice générale de l’Ania. Même si pour ces dernières négociations l’ensemble des dispositions n’était pas tout à fait opérationnel, « les chiffres se sont améliorés », constate Francis Amand, médiateur des relations commerciales agricoles.

« Apaisement du climat »

Les ministres de l’Agriculture et de l’Industrie ont également « pris acte de l’apaisement du climat de négociation, et de progrès en termes de répartition de la valeur constatés dans des secteurs directement liés aux filières agricoles », estiment-ils dans un communiqué du gouvernement. Mais il est pour eux « clair que les résultats ne sont pas encore au niveau des attentes en termes de répartition de la valeur, même si la dynamique est là ».

Et la situation économique qui fait suite à l’épidémie de Covid-19 fait craindre pour les prochaines négociations annuelles un retour à la guerre des prix aux fournisseurs de la grande distribution. « La situation est compliquée. Tout le monde craint une crise sociale et un risque sur la consommation qui entraînerait des demandes promotionnelles exagérées, résume Dominique Chargé. Il faut faire en sorte que cesse cette spirale déflationniste. » La DGCCRF prévient dans son bilan de l’année 2019 : « En 2020, priorité sera donnée aux relations commerciales dans la filière agroalimentaire, et au contrôle du respect de la loi Egalim ». Car cette année, plus d’excuses : toutes les dispositions relatives aux négociations commerciales de la loi Egalim sont bel et bien en vigueur.

A.J.