PARTAGE DE L'EAU
Vers une gestion collective de l'irrigation

Recenser et fédérer les irrigants : c'est le projet de la chambre d'agriculture de l'Ardèche. À terme, une structure de gestion collective de l'irrigation pourrait voir le jour en Ardèche. 

Vers une gestion collective de l'irrigation
Après la sécheresse de 2022, la question de la répartition de l'eau est devenue prégnante dans le monde agricole et politique.

« C'est un changement de paradigme », prévient Guillaume Clot, animateur en gestion quantitative de l'eau à la chambre d'agriculture de l'Ardèche. Pour répondre à l'enjeu essentiel du partage de l'eau, un organisme d'irrigation ardéchois est dans les cartons. Si elle voit le jour, cette structure départementale permettrait une meilleure gestion de la ressource et un soutien pour la création de projets d'irrigation.

Un état des lieux à venir

Pour atteindre cet objectif, il faut d'abord connaître précisément les besoins en irrigation du territoire... Aujourd'hui, en Ardèche, le chiffre de 1400 irrigants est évoqué sans que des données récentes ne viennent le confirmer. Or, sans exhaustivité pas de partage efficace de l'eau ! Avant de lancer son projet, la chambre d'agriculture va donc réaliser un recensement des agriculteurs irrigants.

En parallèle, un état des lieux va également être réalisé. L'objectif : connaître les volumes prélevés, les besoins et les ressources qui peuvent être mobilisées. Une fois ces informations recueillies, un outil de gestion des prélèvements pour l’irrigation sera mis en place. Ces prélèvements seront répartis par masse d’eau (superficielle, c'est-à-dire les cours d’eau et souterraine) et par période (hautes eaux ou basses eaux, c’est-à-dire à l’étiage). Un niveau maximum de prélèvement dépendant des possibilités du milieu et des différents usages (eau potable, tourisme) sera ensuite établi.  

Pour Guillaume Clot, cette gestion permettra aussi d'orienter de nouveaux projets : « Désormais, pour l'installation d'un agriculteur, on pourra prendre en compte à la fois le foncier mais aussi la disponibilité de l'eau. » Une réflexion d'autant plus importante dans un département où les nappes phréatiques sont rares (uniquement dans le sud Ardèche). « Il faudra aussi être vigilant pour pouvoir conserver les terres agricoles avec davantage de réserves utiles », ajoute l'animateur de la chambre d'agriculture. En d'autres termes, l'eau deviendrait un indicateur clé pour l'aménagement du territoire.

Un soutien aux futurs projets

Cette structure d’irrigation départementale proposerait un certain nombre de services que ce soit pour l’irrigation existante mais aussi pour la création de projets, avec des conseils réglementaires, une expertise technique, un appui administratif et surtout une aide pour la création des dossiers d’aides à l’irrigation. Il s’agit également d’améliorer la solidarité entre irrigants et leur représentation au sein des instances de gestion de l'eau. 

« On souhaiterait qu'il y ait un responsable irrigation dans chaque territoire pour mettre en avant les besoins des agriculteurs et expliquer leurs pratiques, annonce Sylvain Bertand, vice-président à la chambre d'agriculture de l'Ardèche. C'est sur eux que l'on s'appuiera pour faire émerger des projets. » On pense, par exemple, à la récupération d'anciennes retenues ou encore à la mobilisation d'eau venue du Rhône. 

Cette réflexion, menée depuis plusieurs mois par la chambre d'agriculture de l'Ardèche, a été accélérée par les Assises de l'eau, qui ont débuté le mois dernier. Ces initiatives ont pour point commun de chercher des solutions collectives à la répartition de l'or bleu... Une condition sine qua non pour que le territoire soit viable et vivable à long terme, alors que la courbe des besoins en eau suit celle des températures. 

Pauline De Deus

Des réunions d'information à venir

Pour sensibiliser les irrigants ardéchois à cette démarche de gestion collective, la chambre d'agriculture de l'Ardèche organise des réunions les mercredis 2 et 9 novembre. Des temps d'échanges qui permettront à la chambre d'agriculture de détailler le projet mais aussi de recueillir le ressenti et les besoins des agriculteurs.

  • À Davézieux : le 2 novembre de 10 à 12h. Rendez-vous à la CCI de l'Ardèche, au 101, rue des Alpes.
  • À Lamastre : le 2 novembre de 16 à 18h Lamastre. Rendez-vous place Victor Hugo, à côté de la Poste.
  • À Aubenas : le 9 novembre de 10 à 12h. Rendez-vous au lycée agricole Olivier de Serres, chemin de Saint-Martin.
  • À Baix : le 9 novembre de 14h30 à 17h30. Rendez-vous à la salle multi activités, au 115 place de la République.