VITICULTURE
Une saison agitée pour les pépiniéristes

Mylène Coste
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VITICULTURE / Débutée début décembre, la saison des grands travaux des pépinières viticoles a pris du retard, faute de main-d’œuvre disponible. Depuis quelques jours, ils peuvent à nouveau accueillir des travailleurs hors-Schengen et retrouver un rythme de saison.

Une saison agitée pour les pépiniéristes
Les travaux de coupe aux champ à été retardés par l'absence de main-d’œuvre étrangère en début de saison.

Trois semaines de retard. C’est à peu de chose près ce qu’ont connu les pépiniéristes viticoles du département pour le démarrage de la saison. En effet, la crise sanitaire est passée par là, et l’introduction de main-d’œuvre étrangère hors-espace Schengen suspendue. Une vraie difficulté pour la filière des pépiniéristes viticoles, en pleine saison des travaux de coupe aux champs et chicotage. « Nous avons reçu une dérogation de la Préfecture qui nous a finalement permis d’accueillir, depuis le 20 janvier, 28 travailleurs marocains, explique Pierre-Denis Tourette, dirigeant des Pépinières Tourette (Vogüé). Ces saisonniers nous sont essentiels, car il est très difficile de trouver de la main d’œuvre formée localement. La plupart de nos salariés marocains reviennent chaque année depuis 15 ans, ils sont formés et efficaces. » 

Avec des effectifs désormais au complet, soit 35 saisonniers et 10 permanents, les pépinières Tourette peuvent enfin retrouver un rythme de croisière. « Mais jusqu’ici, nous étions en sous-effectif, bien que nous ayons fait appel à de la main d’œuvre locale et à des prestataires de services. » Même son de cloche à Saint-Maurice-d’Ardèche, du côté des Pépinières Lauriol : « Trouver des saisonniers localement, c’est très difficile, explique Cécile Lauriol. Pour la coupe aux champs, nous avons réussi à embaucher ; mais pour le chicotage, déjà huit personnes ont abandonné après la première journée de travail. » Elle poursuit : « D’ordinaire, nous avons une cinquantaine de saisonniers à cette période. Mais nous avons dû fonctionner avec moitié moins de personnel durant plusieurs semaines. Or, les commandes arrivent ! » L’arrivée de travailleurs marocains est donc accueillie comme un soulagement.

Des commandes très nombreuses ! 

La main d’œuvre est particulièrement importante cette année que les commandes de plants sont nombreuses : « Nous arrivons à la fin du programme de plantations de l’OCM viticole pour les vignerons, les plants sont donc très demandés, indique Pierre-Denis Tourette. On anticipe un ralentissement en 2022, qui va nous conduire à réduire les greffages. » Pour autant, les pépiniéristes ne devraient pas chômer : « La réglementation sanitaire européenne a évolué, et désormais FranceAgriMer nous délègue le contrôle sanitaire de 1er niveau, ce qui va nous demander du temps et des investissements. » Autre défi de taille : l’évolution du matériel végétal (lire ci-après) pour laquelle la filière pépiniériste prend toute sa part.

M.C.

La filière engagée dans l’évolution du matériel végétal
Pierre-Denis Tourette.

La filière engagée dans l’évolution du matériel végétal

PÉPINIÈRE VITICOLE / Les pépiniéristes jouent aujourd’hui un rôle clé dans le développement des cépages résistants au sein du vignoble.

En Ardèche, la première génération de plants résistants aux maladies s’est fortement développée dans le vignoble. « Leur implantation est concluante, et les commandes de plants d’Artaban et Floréal ont été très nombreuses pour 2021 », affirme Pierre-Denis Tourette, pépiniériste. En lien avec un groupement de vignerons diligentés par la cave de Montfleury et Vignerons Ardéchois, le syndicat des pépiniéristes de Drôme-Ardèche travaille aussi à l’approvisionnement en matériel végétal plus résistant à la sécheresse, avec des cépages issus de pays méditerranéens (Espagne, Portugal, Grèce, Italie).  Un vrai défi pour la filière qui compte bien conserver son statut d’excellence au niveau mondial : « Le vignoble français est aujourd’hui le seul en Europe à être prospecté à 100 % pour la flavescence dorée, même si une harmonisation européenne devrait être menée », souligne Pierre-Denis Tourette. Pour rappel, la fédération des pépiniéristes viticoles a aussi lancé en 2018 sa marque collective « Vitipep’s » qui propose des plants de vigne garantis et contrôlés « 100 % origine France ». 

Les cépages résistants ont la cote 

Des vignerons de plus en plus nombreux choisissent de planter des cépages résistants aux maladies, à l’instar des Vignerons Ardéchois. Pour 2021, ces cépages figurent parmi les plus nombreux dans le programme de plantation. En effet, si la syrah reste le principal cépage avec 64 911 plants commandés pour 2021, on retrouve Artaban en seconde position (56 355 plants), suivi par le Grenache noir (52 882 plants) puis Floréal (48 810 plants) qui devance le sauvignon, le caladoc et le viognier. Un réel engagement de la filière viticole ardéchoise en faveur de l’environnement !