FILIERES
Elvea : une stratégie commune de valorisation des animaux

Lucie Grolleau-Frécon
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L’assemblée générale d’Elvea Rhône-Alpes se tenait fin septembre dans la Loire. Outre l’activité de cette association d’éleveurs, le bien-être animal et la valorisation des animaux étaient au cœur des débats.

Elvea : une stratégie commune de valorisation des animaux
Frédéric Duchêne, entouré de Laurent Meunier (à sa gauche) et de Virginie Motta et Michel Fénéon, présidait sa dernière assemblée générale d’Elvea Rhône-Alpes. ©Lucie Grolleau-Frécon

Le groupement Elvea Rhône-Alpes a été fondé pour organiser la filière viande bovine et défendre le commerce privé. C’est ce qu’a rappelé Frédéric Duchêne, président de l’association, en début d’assemblée générale fin septembre à Perreux (Loire) : « Adhérer à Elvea, c’est choisir de commercialiser ses animaux avec les commerçants privés, et notre association fait le lien entre éleveurs et commerçants recherchant une stratégie commune de valorisation de notre bétail ». Actuellement, Elvea compte 400 adhérents éleveurs et 52 acheteurs. Les animaux sont commercialisés dans de nombreuses filières comme Broutards 99,1% non OGM (Heredia), Montbéliarde qualité (Carrefour) ou encore Jeune bovin d’export (Interbev). « Les filières que nous avons élaborées et auxquelles vous avez accès après qualification de vos élevages par nos trois techniciens sont l’exemple de la stratégie commune de valorisation des animaux. Elles évoluent en fonction des attentes des consommateurs et de la société au niveau environnemental et du bien-être animal », a expliqué Frédéric Duchêne. 

L’enjeu du bien-être animal

« Au niveau national, la charte des bonnes pratiques d’élevage était le socle de toutes les démarches qualité. Elle a été remplacée par la démarche bien-être. Il n’y aura donc plus de qualification sur les bonnes pratiques d’élevage mais un diagnostic de bonnes pratiques et une qualification sur le bien-être », a annoncé Virginie Motta, directrice d’Elvea. La qualification bien-être Boviwel et le diagnostic des bonnes pratiques feront désormais partie du catalogue de services qu’Elvea Rhône-Alpes fournit à ses adhérents pour les accompagner « Les exploitations s’agrandissent et il faut améliorer l’efficacité du travail et l’autonomie fourragère. Pour cela, il faut être connecté à un réseau d’informations permettant d’analyser, de choisir et d’appliquer de nouvelles méthodes rendant plus efficace et résiliente l’économie des exploitations d’élevage », a assuré Frédéric Duchêne. Parmi les services aux adhérents : le logiciel Oribase de gestion du troupeau, un accompagnement pour le montage de dossiers comme le PCAE ou encore des conseils technico-économiques sur l’alimentation ou le coût de production. Sans oublier le plan sanitaire d’élevage (PSE) bovin et ovin, constituant une alternative à la délivrance de produits vétérinaires à visée préventive (antiparasitaire et vaccins) à la suite d’une visite sanitaire d’élevage par le vétérinaire conseil de l’Acequal.

Créer de la valeur

Revenant sur la commercialisation des animaux, Frédéric Duchêne a rappelé que « la segmentation du marché de la viande bovine, essentielle à la survie du troupeau allaitant et aux races à viande françaises, doit s’accompagner d’une montée en gamme de nos produits, dans un contexte de plus en plus précaire d’équilibre économique de nos entreprises. Le syndicalisme se bat pour faire appliquer la loi Egalim et la construction du prix en marche avant en fonction des coûts de production. Le modèle économique est dur à inverser. » Virginie Motta est ensuite revenue sur les débats parlementaires au sujet de la loi Egalim 2. « Le constat de la première version de la loi Alimentation est décevant. Les objectifs fixés ne sont pas atteints », a-t-elle estimé. Les craintes se font déjà sentir chez Elvea quant à la deuxième version de cette loi. « L’article 1 prévoit qu’une contractualisation écrite soit rendue obligatoire et généralisée. C’est une révolution pour le monde agricole, mais surtout pour les organisations de producteurs comme Elvea. La mise en œuvre parait compliquée », a alerté Virginie Motta. Une position partagée par Frédéric Duchêne : « La loi aura des répercussions sur la manière de commercialiser les animaux ».

Une table ronde sur les enjeux d’avenir

À la suite de cette assemblée générale était organisée une table ronde sur le thème de l’augmentation de la valeur et de sa répartition au sein de la filière agro-alimentaire. Manon Durand, agricultrice dans l’Ain, a développé de la vente de viande à la ferme. Selon elle, « la confiance du client envers l’éleveur » est la clé de la réussite. Elle mise aussi sur la communication (panneau à l’entrée de la ferme, flyer, site internet, réseaux sociaux) ainsi que sur les démarches de qualité locales. Manon Durand a avoué avoir une bonne valeur ajoutée sur ses produits, même si « ce n’est pas de tout repos ». David Rivière est l’un des 18 adhérents à l’association Éleveurs de saveurs iséroises qui livre huit cuisines mutualisées des collèges du département et trois boucheries. Comme pour Manon Durand, la communication n’est pas en reste grâce notamment au soutien du département : actions de promotion dans les grandes surfaces, rencontre avec les enfants des cantines, films, réception de groupes sur les exploitations… « Nous communiquons sur le fait qu’avec cette viande, l’éleveur gagne mieux sa vie. Le consommateur se sent investi d’une mission », a-t-il expliqué.

Lucie Grolleau-Frécon