SANITAIRE
La santé animale au centre des attentions des éleveurs

Marin du Couëdic
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Face aux maladies et à leurs conséquences, l’immense majorité des éleveurs placent la santé animale au cœur de leurs pratiques. Un investissement au quotidien que le Groupement de défense sanitaire de l’Ardèche a souhaité mettre en lumière lors d’une journée dédiée, le 15 octobre.

La santé animale au centre des attentions des éleveurs
Stéphane Dumas, Meddy Guilhon et Christophe Guilhon, éleveurs au GAEC du Vacheresse à Berzème.

De la désinfection des bâtiments aux campagnes de vaccination, en passant par le souci d’une alimentation équilibrée ou le contrôle des introductions sur un cheptel, les éleveurs s’investissent au quotidien pour préserver la santé de leurs animaux. Un travail de prévention et de lutte contre les maladies que le Groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Ardèche a souhaité mettre en valeur lors d’une journée dédiée, vendredi 15 octobre, en présence d’élus locaux, représentants des services de l’Etat, responsables d’organismes professionnels agricoles et vétérinaires. Au programme, deux visites d’exploitations sur le Coiron, l’intervention d’un apiculteur professionnel (voir ci-contre) et un objectif : donner la parole aux premiers concernés, les éleveurs.

« Un investissement dans le temps »

Première étape au GAEC de Vacheresse, à Berzème. Sur cette exploitation familiale étendue sur 300 hectares de prairie naturelle, l’éleveuse et les trois éleveurs associés ont fait des préoccupations sanitaires un allié au quotidien. « Avec nos ateliers d’élevages comprenant des porcs, des brebis, des vaches et des volailles sur la même exploitation, nous devons être particulièrement attentif au suivi sanitaire du cheptel », explique Stéphane Dumas, responsable de l’atelier avicole. Les structures mobiles où dorment ses poulets, canards, pintades et chapons font l’objet de mesures de biosécurité pour lutter contre la grippe aviaire notamment. « Le sanitaire, c’est un coût important en énergie et en argent mais qui est primordial pour l’avenir de nos fermes. C’est un investissement dans le temps », résume Christophe Guilhon, à la tête du cheptel de 500 brebis. Au fil des années, les éleveurs de l’exploitation reconnaissent avoir changé leurs habitudes. « On utilise le moins de produits possible. Quand c’est nécessaire, on privilégie un traitement sélectif en ciblant les bêtes qui vont mettre bas ou qui semblent les plus faibles, pour protéger le reste du troupeau ».

« On ne baisse pas la garde »

En charge de l’atelier bovin viande, Cédric Guilhon participe consciencieusement à la campagne de prophylaxie annuelle, vaccine ses vaches contre les diarrhées néonatales et contribue au dépistage de la BVD grâce aux boucles auriculaires posées sur les veaux naissants. Pour autant, son cheptel de charolaises n’a pas échappé à la besnoitiose en 2008. « Tout le troupeau a été touché, avec 54 vaches positives sur 60 », précise l’éleveur qui décide en 2012 de s’engager dans un plan d’assainissement. Un processus long, qui passe par l’allotement des bêtes, mais finit par porter ses fruits avec l’ensemble du troupeau négatif en 2018. « Cette maladie nous a coûté 30 000 euros de pertes directes, avec des animaux cotés à 1500 euros qu’on a quasiment donné au marchand, reprend Cédric Guilhon. Aujourd’hui, on ne baisse pas la garde, en faisant particulièrement attention au contrôle des introductions pour garder un cheptel sain. »

« Ça fait du bien de pouvoir parler de la besnoitiose au passé ici, il y a tellement d’éleveurs qui ont encore du mal à s’en sortir dans des départements voisins, rappelle Christian Boulon, directeur du GDS de l’Ardèche. Les éleveurs du Coiron, ceux du haut plateau et du reste de l’Ardèche, luttent collectivement pour éradiquer cette maladie et sont devenus un exemple au niveau national en la matière. »

« Le GDS, on vit avec ! »

La visite se poursuit au GAEC de la Caprovine, à Rochessauve. Ici, Estelle et Jacky Basset, rejoints en 2013 par leur fils Anselme, font de la viande, des œufs, du fromage et de la charcuterie, le tout en agriculture biologique depuis quelques mois. « Le GDS, on vit avec ! lancent les éleveurs. Avec la campagne de prophylaxie, la sécurité sanitaire du lait et celle de l’atelier de transformation, c’est un souci de tous les jours ». En pratique, leurs chèvres, brebis, vaches et poules évoluent presque exclusivement en extérieur, strictement séparées. L’exploitation utilise un système de coprologie pour déceler d’éventuels problèmes de parasites. Pour les chèvres, des analyses de lait sont réalisées régulièrement pour déceler un éventuel agent infectieux. « S’il y a un problème, je ne traite pas systématiquement. Je procède plutôt par élimination de la chèvre qui peut poser un problème », précise Estelle Basset.

Malgré leurs précautions, les éleveurs ont dû faire face à la présence de salmonelle sur l’élevage de poules pondeuses bio en janvier 2021. « On avait pourtant tout bien fait au niveau sanitaire, en les installant dans un bâtiment neuf, mais le risque zéro n’existe pas », soupire Anselme Basset. Une expérience « très dure » pour l’éleveur, qui ne l’a pas empêché de repartir de l’avant.

« Comme tout métier, il faut continuer à apprendre »

D’une ferme à l’autre, les éleveurs défendent les formations proposées par le GDS tout au long de l’année. « C’est très important de prendre le temps de se former. Comme tout métier, il faut apprendre des choses nouvelles, se mettre à la page », estime Meddy Guilhon, responsable de l’atelier porcs au GAEC de Vacheresse. « Discuter entre éleveurs de ce qui pose problème nous amène très souvent à des solutions », complète Christophe Guilhon, son associé.

« L’objectif aujourd’hui, c’est de maintenir et améliorer la qualité sanitaire en Ardèche, en espérant que de nouvelles maladies n’apparaissent pas, conclut Mickaël Richard, éleveur à Savas et président du GDS de l’Ardèche. Le travail collectif entre éleveurs et avec l’ensemble des partenaires est un gage de réussite. »

GAEC la Caprovine
Estelle, Jacky et Anselme Basset, du GAEC de la Caprovine à Rochessauve, s'assurent au quotidien de la sécurité sanitaire du lait et de l'atelier de transformation.
L’apiculture, un élevage comme les autres, avec de forts enjeux sanitaires
Pour constituer un rucher sain, les apiculteurs doivent être particulièrement vigilant lors de l'achat de nouveaux essaims (photo d'illustration).

L’apiculture, un élevage comme les autres, avec de forts enjeux sanitaires

Point sanitaire avec Joannes Boulon, apiculteur au GAEC du Rucher des Pastoureaux. 

« L’abeille aussi est un animal, et les apiculteurs des éleveurs avec leurs propres problématiques sanitaires », rappelle Joannes Boulon, apiculteur au GAEC du Rucher des Pastoureaux, à Privas. Adhérent de la section apicole du GDS depuis 2017, le professionnel donnait une intervention sur les enjeux sanitaires de l’apiculture à la salle des fêtes de Berzème, vendredi 15 avril. « Pour constituer un rucher sain et préserver la qualité sanitaire, il y a un point de vigilance à avoir à l’achat des essaims », explique-t-il. Une attention cruciale pour lutter contre les prédateurs, à l’image du redoutable frelon asiatique, et les maladies comme la loque américaine, bactérie très contagieuse qui fait mourir les colonies, ou le varroa, un acarien qui décime les ruches. Ce dernier parasite est « peut-être le principal fléau de l’apiculture aujourd’hui. On ne cherche pas à l’éradiquer, c’est pratiquement impossible mais à trouver un seuil acceptable ». L’apiculteur rappelle également qu’il ne faut surtout pas utiliser de produits phytosanitaires, qui affaiblissent fortement les colonies et altèrent la qualité du miel.

Apiculteurs amateurs, formez-vous !

Pour maitriser ces différents enjeux sanitaires, Joannes Boulon incite les apiculteurs à se former auprès du GDS. Un enjeu important alors qu’on estime à mille le nombre d’apiculteurs en Ardèche, dont seulement 150 professionnels. « Se former, c’est primordial pour protéger ses essaims et ceux des autres », souligne-t-il. En plus du volet formation, la section apicole du GDS de l’Ardèche propose un plan sanitaire pour lutter contre le varroa destiné aux apiculteurs adhérents, professionnels et amateurs, qui peuvent notamment bénéficier d’une visite technique à domicile. A l’échelle régionale, les GDS ont également mis en place une plateforme pour signaler les nids de frelons asiatiques et organiser leur destruction. Frelonsasiatiques.fr