ÉLEVAGE BIOLOGIQUE
Les grandes tendances alimentaires en élevage biologique

Mélodie Comte
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L'alimentation animale dans les élevages repose principalement sur l'autoproduction à travers, entre autres, une grande diversité des espèces et des pratiques.

Les grandes tendances alimentaires en élevage biologique
L'emploi des méteils est historique en agriculture biologique mais il prend une nouvelle direction vers la production fourragère pour pallier les pertes les années de sécheresse.

Le cahier des charges de l'agriculture biologique impose un cadre très restreint concernant l'alimentation des animaux. L'éleveur sous certification AB a ainsi l'obligation de nourrir son élevage avec des matières premières bio à 100 % pour les herbivores et 95 % pour les monogastriques. Au moins 60 % de ces aliments sont issus de l'autoproduction. Dans le cas contraire, ils doivent être produits dans la même région administrative, sauf pendant la période où annuellement les animaux sont en transhumance, ou à défaut sur le territoire national. Ces matières premières, par leur rareté et leurs spécificités de production, sont 1,6 fois plus chères qu'un aliment conventionnel. L'intérêt pour l'éleveur est donc d'être autonome un maximum, et pour se faire, de plus en plus d'entre eux ont recours à l'implantation de prairies temporaires et de méteils.

L'autonomie fourragère

Le premier objectif en élevage bio est de produire sur l'exploitation la ration alimentaire la plus complète possible. Les fourrages sont la base de cette dernière d'où l'importance d'avoir à la fois la quantité et la qualité. « Les éleveurs bio ont été précurseurs il y a plus de 15 ans dans l'emploi de mélanges complexes pour récolter des fourrages avec des valeurs nutritives importantes », explique Sabrina Bourrel, conseillère en agriculture biologique à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme. Ces mélanges sont aujourd'hui largement employés et peuvent compter jusqu'à plus de 10 espèces et variétés différentes. « Ils sont composés à la fois de légumineuses et de plantes exclusivement fourragères. Ils vont répondre à la fois aux attentes de l'éleveur en matière de ration mais aussi être orientés vers la pâture ou la fauche (ou les deux) et seront adaptés au contexte pédoclimatique de l'exploitation. » À Charensat, dans les Combrailles, Angeline Masson, éleveuse de vaches charolaises, emploie ces mélanges depuis plusieurs années. « Ces prairies sont plus sécurisantes en termes de production suivant les années climatiques notamment lors des sécheresses. De plus, elles offrent un fourrage plus complet au niveau alimentaire. »

Les méteils fourragers, la grande tendance actuelle

Sur ses 95 hectares, Angeline Masson ne se limite pas à la production de fourrages puisqu'elle cultive également des céréales et notamment des méteils. Là encore, l'éleveuse recherche la complémentarité au sein de ses rations, non sans difficulté. « Je fais du triticale et du pois en association pour avoir de la protéine. J'ai également quelques hectares d'épeautre dont l'amidon est plus digeste pour l'engraissement des broutards. Enfin, je cultive de l'avoine de printemps dont les teneurs en minéraux et oligo-éléments préparent bien les femelles lors de la reproduction. Malgré tout, c'est compliqué d'avoir une ration équilibrée, surtout pour les broutards. » Les méteils grains, comme employés par Angeline, sont les plus courants et utilisés depuis de nombreuses années. Dans le même état d'esprit, il se développe désormais les méteils fourragers. Toujours basées sur un mélange de céréales et de protéagineux, les dates de récolte diffèrent comme l'explique Sabrina Bourrel. « On va récolter soit au stade céréales immatures lorsque le grain est encore laiteux-pâteux. Soit à un stade plus précoce lorsque le pois est en floraison et les céréales en début d'épiaison. » La Chambre d'agriculture a conduit en 2020 des essais sur ce type de méteils. Après analyses, les résultats montrent une production quantitative satisfaisante (environ 11,8 t de MS/ha) mais une qualité insuffisante (environ 10,6 % de matière azotée totale MAT) lors d'une récolte en céréales immatures. A contrario, lors d'une récolte précoce, la quantité fait défaut (environ 5,2 t de MS/ha) et la qualité est satisfaisante avec 16,7 % de MAT. La chambre d'agriculture a évalué le coût de production à 306,88€ / ha. « Le coût de la semence conventionnelle et bio reste très élevé pour ces mélanges. Cet investissement peut néanmoins représenter une bonne solution dans le cas où les prairies sont très dégradées », conclut Sabrina Bourrel. Désormais, les conseillers et les éleveurs se penchent sur l'après méteils fourragers puisque les récoltes interviennent juste avant l'été. « Il est tout à fait envisageable de semer après la récolte et de faire pâturer cette herbe ou d'en faire de l'enrubannage. Cependant, au regard de la période habituellement peu arrosée, il est préférable de réaliser un semis à moindres frais. »

Mélodie Comte

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