TÉMOIGNAGE
Se faire connaître, et faire connaître son projet avec le « coin du foncier agricole »

Amélie Deleau et Adriano Nunes souhaitent s’installer en élevage caprin bio et transformation fromagère fermière. Mi-septembre, ils ont publié un portrait de leur projet d’installation sur le « coin du foncier agricole », mis en place par la Chambre d’agriculture de l’Ardèche. Objectif : trouver un minimum de 30 ha en moyenne montagne.

Se faire connaître, et faire connaître son projet avec le « coin du foncier agricole »
Adriano Nunes et Amélie Deleau.

Agés respectivement de 31 et 33 ans et diplômés d’un BPREA, Amélie Deleau et Adriano Nunes entament tout juste leur recherche de foncier agricole pour concrétiser leur projet d’installation. Depuis 2019, ils se sont formés à l’élevage caprin fromager au CFPPA du Pradel (Mirabel) et lors de stages en exploitation. Ce jeune couple souhaite aujourd’hui créer sa propre ferme caprine en agriculture biologique et développer un atelier de transformation fromagère. Ils projettent d’élever un troupeau d’une soixantaine de chèvres en lactation, avec la possibilité de mettre en place un atelier complémentaire d’une centaine de poules pondeuses. « Nous aimerions que nos chèvres puissent avoir accès à des prairies, parcours, landes et sous-bois et être autonomes en fourrages, en semis direct pour préserver les sols et la biodiversité », indiquent-ils dans le portrait de leur projet d’installation publié sur le « coin du foncier agricole ».

Ils recherchent « idéalement » une ferme d’élevage caprin, avec une maison d’habitation, du foncier en propriété ou en location, d’un minimum de 30 hectares dont une partie mécanisable pour envisager l’autonomie fourragère. « Nous sommes également ouverts à la reprise d’une ferme d’un autre type d’élevage, que nous pourrions adapter à notre projet ainsi qu’à l’acquisition de foncier sans bâti, comportant un accès à l’eau. » Leur secteur de recherche s’étend en zone de moyenne montagne, à 800 mètres d’altitude maximum, en Ardèche.

« Des opportunités supplémentaires »

Outre le détail du parcours de formation d’Amélie Deleau et Adriano Nunes ainsi que leurs coordonnées, ces éléments de recherche composent leur annonce publiée mi-septembre sur le « coin du foncier agricole ». Un portrait succinct et précis qui permet aux propriétaires publics ou privés de connaître rapidement leur profil et les caractéristiques foncières de leur recherche. « J’avais découvert le “coin du foncier agricole” avec un collègue de BPREA, puis avec les services de la Chambre d’agriculture notamment via le Point Accueil Installation », annonce Amélie Deleau qui n’hésite pas à publier une annonce. Ils rédigent un premier portrait un peu long, qui détaille la conduite qu’ils souhaitent donner à leur élevage, et le retravaillent avec un conseiller Chambre afin de le rendre plus clair et explicatif.

Mis en ligne mi-septembre, leur portrait a déjà attiré l’attention d’un propriétaire qui finalise l’estimation de sa ferme. « C’est un outil intéressant qui nous permet sans être présents physiquement de nous faire connaître, et surtout de faire connaître notre projet, donner une présentation précise de ses finalités, des explications », observe Amélie Deleau. « Nous espérons que cet outil nous donnera des opportunités supplémentaires ! Dans tous les cas, il apporte de la crédibilité à notre projet et montre notre implication dans la recherche de foncier. »

A.L.

« Le foncier est un élément déterminant de l’installation agricole »
Sylvain Balmelle.

« Le foncier est un élément déterminant de l’installation agricole »

3 QUESTIONS À / Sylvain Balmelle, élu référent du service Entreprises à la Chambre d’agriculture de l’Ardèche, concernant les outils du « coin du foncier agricole ».

Pour quelles raisons la Chambre a-t-elle mis en place le « coin du foncier agricole » ?

Sylvain Balmelle : « Manquer de foncier ou avoir du mal à en trouver, ne pas savoir de combien de surfaces on peut disposer, sont de gros points de blocage pour l’installation agricole. On le constate dès la réflexion et la construction d’un projet. Il est difficile de se faire une idée de sa future production fourragère, par exemple, sans connaître les terres que l’on pourrait avoir. Et une fois le foncier trouvé, le projet n’est bien souvent plus en adéquation avec ce que l’on avait envisagé. Le foncier est un élément déterminant de l’installation agricole. Nous avons constaté aussi que les propriétaires se tournent plutôt vers l’agrandissement car ils avaient du mal à se mettre en relation avec des porteurs de projets bien définis et proches de l’installation. Il manquait un outil de recensement. La problématique des toutes petites surfaces un peu disséminées, très présente en Ardèche, se posait également. Nous avons beaucoup de surfaces d’un à deux hectares qui ne sont pas assez grandes pour envisager une installation, mais qui pourraient se regrouper avec 10 à 15 propriétaires et proposer une surface suffisante. »

Quels sont les objectifs de ce dispositif ?

S.B. : « En premier lieu, proposer aux propriétaires qui ont du foncier disponible des portraits de jeunes, formés et expérimentés le plus souvent, qui veulent s’installer très rapidement. Une vingtaine de portraits sont publiés pour le moment et nous monterons petit à petit en puissance. Le « coin du foncier agricole » propose aussi un répertoire de petites surfaces que des propriétaires souhaitent mettre à disposition. Nous espérons pouvoir nous appuyer sur les collectivités locales pour faire la promotion de ce dispositif, mobiliser les propriétaires fonciers, agriculteurs ou non. Nous pouvons les aider à réaliser un descriptif clair de leur parcelle et les recenser. Enfin, nous avons mis en place une veille foncière qui recense au même endroit toutes les annonces qui ont a priori un potentiel agricole, sélectionnées par des chargés de mission de la Chambre (via les sites d’annonces de la Safer, Leboncoin, etc.). Les annonces affichent souvent des prix de vente importants, car elles se composent d’une maison d’habitation, mais il est possible d’acquérir uniquement la partie foncière avec de la location ou de la mise à disposition des futurs acquéreurs. L’objectif est de se positionner tout de suite sur la mise en valeur de la partie agricole d’un bien. » 

Comment la Chambre accompagne l’installation et la transmission ?

S.B. : « Une partie de notre accompagnement est tournée vers les cédants : connaître leurs souhaits sur le devenir de leurs terres, les aider sur la construction des baux de location, la réflexion sur le découpage de l’habitat… L’autre partie concerne l’installation avec le Point Accueil Installation où l’on peut présenter son projet et, s’il est relativement avancé, bénéficier d’un appui individuel pour bien le définir. Par la suite, nous proposons un accompagnement technique avec un technicien Chambre qui réalise une étude économique, en matière de temps et d’organisation de travail, pour que le porteur de projet ne se retrouve pas « piégé » une fois installé. Nous avons une connaissance assez grande du territoire et des références assez précises sur les productions, les dimensions d’exploitation et les systèmes de commercialisation, pour pouvoir l’accompagner dans la construction de son projet. Nous pouvons l’aider à solliciter la commission départementale d’orientation de l’agriculture (CDOA) et la Dotation Jeunes Agriculteurs (DJA). Selon les demandes, nous proposons aussi des accompagnements complet ou plus partiel, pour des personnes qui sont hors cadre de la DJA mais souhaiteraient avoir notre expertise. »

Propos recueillis par A.L.

CHAMBRE D’AGRICULTURE /  Les outils du « coin du foncier agricole »

CHAMBRE D’AGRICULTURE / Les outils du « coin du foncier agricole »

La Chambre d’agriculture de l’Ardèche propose sur son site Internet trois nouveaux outils à destination des porteurs de projets, propriétaires ou collectivités, pour favoriser l’installation et la transmission agricole dans le département. 

Le « Portrait de candidat » recense les annonces de candidats à l’installation qui veulent faire connaître leur recherche de foncier. Ces annonces indiquent le projet, le secteur de recherche ainsi que le parcours et les coordonnées des candidats, après un RDV au Point Accueil Installation. Les porteurs de projets présentés sont formés ou en cours de formation, ils recherchent du foncier pour s’installer et vivre de leur activité agricole.

« Je propose du foncier » permet aux propriétaires (publics/privés) de faire connaître leur volonté de vendre ou de louer du foncier agricole. Chaque propriétaire s’inscrivant sur le formulaire sera recontacté par un conseiller spécialisé de la Chambre pour publier une offre détaillée sur le site.

« Je recherche du foncier » permet aux porteurs de projets de consulter les offres mises en ligne par la Chambre d’agriculture ainsi que les opportunités foncières repérées chaque mois.

Vous avez besoin de plus d’informations ? Contactez le chargé de mission Territoires Collectivités de votre secteur :