ADAPTATION

Comment les lycées agricoles s’adaptent aux défis de demain ?

Changement climatique, pénurie de main-d’œuvre, préservation de l’environnement... Nombreuses sont les problématiques rencontrées par le monde agricole. Pour préparer leurs élèves aux réalités qui les attendent, les établissements de l’enseignement agricole adaptent constamment leurs stratégies, tout en jonglant avec les exigences du gouvernement et de ses réformes. Exemple avec deux établissements du Puy-de-Dôme : l’Eplefpa de Marmilhat et le Lycée agricole de Rochefort-Montagne.

Marmilhat : formations horticulture et vétérinaire

Face à la pénurie de vétérinaires et au déclin de l’horticulture française, l’Eplefpa de Marmilhat a ouvert plusieurs nouvelles formations. « Notre objectif est qu’il n’y ait plus de trous dans la raquette », explique Isabelle Plassais, directrice de l’EPL. Depuis septembre 2023, le lycée Louis-Pasteur propose ainsi le BTS aménagement paysager en apprentissage, ainsi qu’un BTSA MVAOE (métiers du végétal, alimentation, ornement et environnement) pour répondre aux attentes sociétales en termes de maraîchage et assurer une activité viable aux futurs porteurs de projet, plus particulièrement en zone péri-urbaine. « En regroupant plusieurs filières dans une même formation, nous souhaitons rapprocher des professions qui seront amenées à se croiser de plus en plus, notamment avec l’évolution de l’agriculture urbaine. » Au-delà de produire de la nourriture, « les jardins maraîchers contribuent à réduire les températures estivales de plus en plus élevées en ville, en agissant comme des îlots de fraîcheur », illustre la directrice.

Un BTSA AnaBiotec (analyse agricoles, biologiques et biotechnologiques) s’est également ajouté au catalogue 2023, offrant aux étudiants la possibilité de se former aux métiers techniques de laboratoire, au service de la santé humaine et animale. « Ce BTS est très complémentaire de la formation vétérinaire », explique Isabelle Plassais. Depuis février 2023, le CFPPA de Marmilhat propose une formation sur deux ans pour devenir auxiliaire spécialisé vétérinaire (ASV). « Les vétérinaires demande de plus en plus d’ASV, pour assurer le secrétariat mais aussi et surtout pour les assister dans les soins. Cette voie offre une solution plus accessible que le concours vétérinaire pour celles et ceux qui souhaitent travailler dans ce milieu », ajoute Nissam Houssami, directeur adjoint de l’EPL.

Rochefort-Montagne : agriculture locale et raisonnée

De son côté, le lycée agricole de Rochefort-Montagne mise depuis près de 20 ans sur une agriculture raisonnée, avec une exploitation, un atelier de transformation des produits laitiers et des Bacs pro labellisés 100 % bio, un troupeau ovin avec des périodes d’estives ou encore l’autonomie alimentaire en élevage. « Nous avons une longueur d’avance sur la partie agro-environnementale », estime Bertrand Bissuel, directeur de l’établissement. « Nous étions déjà dans les clous depuis plusieurs années lors du lancement du plan EPA2¹ (enseigner à produire autrement) », poursuit Alice Chazal, directrice de l’exploitation du lycée, qui travaille entre autres sur l’amélioration du bilan carbone et l’amélioration des résultats technico-économiques de la ferme. « Nous testons sans cesse de nouvelles techniques sur notre exploitation, pour ne pas rester dans un système qui ronronne mais qui s’adapte avec son temps. » Par ailleurs, l’établissement met un point d’honneur à « supprimer l’opposition entre environnement et agriculture », notamment en incluant les élèves de BTS GPN (gestion et protection de la nature) à la vie de la ferme, afin que « tous les élèves comprennent les problématiques rencontrées par les uns et des autres ».

Résolument ancré dans le territoire des Combrailles, le lycée propose depuis 2021 une formation adulte « trayeur fromager » pour les futurs salariés de l’AOP saint-nectaire, et travaille actuellement à l’ouverture, d’ici 2025, d’une formation bergers et vachers de moyenne montagne. « Ce type de formation n’existe que dans les Alpes et les Pyrénées. Nous avons donc souhaité en créer une nouvelle, plus adaptée au Massif central et à ses transformations », explique le directeur.

Modules pour les Bac pro CGEA

Suite à la rénovation du bac pro CGEA (conduite et gestion de l’exploitation agricole) en 2023, les programmes intègrent désormais davantage les changements de pratiques en lien avec la conservation du sol et l’agriculture raisonnée. De leur côté, les lycées ont adapté leurs EIE (enseignement à l’initiative de l’établissement), modules complémentaires au programme des bacs pros, en fonction de leurs spécificités. À Marmilhat, l’accompagnement individuel prime, quel que soit le projet agricole envisagé par l’élève, tandis qu’à Rochefort-Montagne, les EIE portent davantage sur les circuits courts et la transformation fromagère à la ferme.

Léa Durif

^{1. L’EPA 2 lancé en 2018 par le ministère de l’Agriculture a pour ambition de développer les compétences professionnelles et citoyennes des apprenants pour leur permettre de contribuer activement aux transitions alimentaires, agro-écologiques et plus largement à toutes les transitions indispensables pour inventer un nouveau modèle.}