FORMATION
Promotion sociale à la MFR

Convaincue par les valeurs portées par les MFR qu’elle a découvert en tant qu’élève, Sophie Gachon, ancienne formatrice, occupe désormais la fonction de directrice de l’établissement « Le chalet » à Saint-André-le-Gaz.

Promotion sociale à la MFR
Sophie Gachon, ancienne formatrice, occupe désormais la fonction de directrice de l’établissement « Le chalet » à Saint-André-le-Gaz. Crédit photo IB

Agricultrice, formatrice, directrice d’établissements… Les différents métiers exercés par Sophie Gachon, attestent que sa carrière professionnelle n’était pas tracée d’avance. Mais bien décidée à évoluer, elle n’a eu de cesse de se former pour atteindre ses objectifs et avoir un travail dans lequel elle s’épanouit. Car elle l’assure : « il me serait impossible de m’ennuyer toute la journée ». Directrice de la MFR « Le chalet » à Saint-André-le-Gaz depuis la rentrée scolaire en septembre dernier, elle revient sur son parcours imprévu… mais cohérent.

Projet pédagogique

Sophie Gachon n’est pas issue du monde agricole. Originaire de Saint-Étienne, elle a suivi une formation agricole spécialisée dans la fiscalité, obtenue dans une MFR du Rhône. En 1995, elle s’est installée à Romagnieu, au sein d’une exploitation laitière avec son conjoint. Et ensemble, ils ont créé un atelier de volailles et de production d’œufs, et développé la vente directe. Mais en 2007, les difficultés financières de la ferme l’ont contrainte à chercher un emploi à l’extérieur. Se souvenant des bonnes années passées en MFR, elle s’est rapprochée de celle de Mozas qui à ce moment, cherchait une formatrice pour enseigner la comptabilité et la gestion, ainsi que la technique agricole. C’est ainsi qu’elle a réintégré le giron des MFR. De l’autre côté que celui qu’elle avait connu en tant qu’élève. Sans plus le quitter. « J’ai totalement adhéré au fonctionnement et aux valeurs portées par les MFR. C’est un projet qui autorise beaucoup de liberté dans la pédagogie pratiquée. Les équipes -d’enseignants, de maîtres de stage - avec lesquels nous travaillons au quotidien sont très investies. C’est motivant », indique-t-elle.

Enrichissant

Les années passant, Sophie Gachon a eu envie d’évoluer, de prendre des responsabilités. C’est ce qui l’a conduite à d’abord devenir responsable de pôle, toujours à Mozas, puis directrice de MFR. Avant cette rentrée, elle a officié dans différents établissements proposant des formations de différentes natures, à Saint-Germain-Lespinasse, dans la Loire puis à Franclens, en Haute-Savoie.

Ce parcours, Sophie Gachon l’a réalisé parce qu’elle avait un diplôme initial suffisant, qui lui a permis d’accéder à des formations du niveau supérieur quand elle a eu envie de devenir formatrice, puis directrice. C’est d’ailleurs le message qu’elle martèle à ses élèves : « c’est important de se former étant jeune, d’obtenir un diplôme, même s’il ne sert pas immédiatement. Car c’est ce qui permet d’accéder à de nouvelles formations par la suite. Si je ne l’avais pas eu, je n’aurais pas pu me retourner ainsi et faire ce qui me plaît tant aujourd’hui ». Mais elle avoue que « cela n’a pas été facile tous les jours. Cela demande de l’engagement de retourner à l’école à 40 ans, de devoir réécrire des mémoires, passer des oraux. Mais c’est très enrichissant. Cela permet de prendre du recul sur ses fonctions, de rencontrer de nouvelles personnes, et d’accompagner les jeunes différemment », assure-t-elle.

Savoir-faire

Les années passées auprès des jeunes en MFR lui permettent d’attester de l’intérêt de l’alternance. « Ce sont des jeunes qui grandissent encore plus vite, qui prennent davantage de maturité. Certes, ils sont payés, mais ils n’ont que cinq semaines de vacances par an. Ils ont un statut de salarié. Cela demande beaucoup d’engagement de leur part. Ces formations en alternance permettent de combiner trois ingrédients qui conduisent à la réussite : le talent, le travail et le réseau qu’ils acquièrent grâce à leurs stages en entreprise. Pour moi, c’est grâce à ces éléments que cela fonctionne. Pour les métiers manuels, l’alternance est vraiment une évidence, puisque c’est la pratique qui leur permet d’acquérir le savoir-faire indispensable à l’exercice de leur métier. En MFR, nous voyons les jeunes grandir, s’épanouir. Nous en avons beaucoup qui reviennent nous voir, une fois installés dans la vie active. Devenus chefs d’entreprise, ils prennent à leur tour des apprentis ».

Isabelle Brenguier