CHARMES-SUR-RHÔNES
Blédina : La « cueillette des curieux » séduit les familles

Mylène Coste
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Agriculteur à Charmes-sur-Rhône, Alain Mounier cultive des légumes pour l’alimentation infantile. Le 7 juillet dernier, il accueillait les tout petits et leurs parents venus découvrir l'envers du décor des petits pots de la marque Blédina.

Blédina : La « cueillette des curieux » séduit les familles
Alain Mounier a reçu plusieurs famille dans sa ferme, à Charmes-sur-Rhône, pour leur présenter ses pratiques culturales et échanger sur l'alimentation infantile.

Une vingtaine de personnes, petits et grands, étaient du rendez-vous, en bord de champs, pour la « cueillette des curieux » organisée par Blédina le 7 juillet chez son partenaire et fournisseur Alain Mounier. « Cela fait plus de 20 ans que je travaille avec Blédina, à qui je fournis 95 % de ma production de légumes (courgettes, aubergines, potimarons et butternut), répartie sur 23 ha », souligne le principal intéressé. Au programme de cette journée ? Divers ateliers ludiques et amusants autour de la biodiversité ou encore de l’alimentation infantile, suivis de travaux pratiques avec la cueillette des courgettes ! Le but de cette journée : comprendre l’importance de l’alimentation infantile et découvrir les pratiques culturales des producteurs qui en fournissent les ingrédients.

L’occasion pour Alain Mounier d’en dire un peu plus sur son travail : « La « baby-food » relève d’un cahier des charges très exigeant, par bien des aspects plus contraignant encore que l’agriculture biologique : pour les courgettes, le taux de nitrate doit être inférieur à 650 ppm, ce qui exclut la fertilisation azotée. Nous avons par ailleurs interdiction d’utiliser du cuivre ou des métaux lourds. Tout cela nécessite d’avoir beaucoup de surfaces, car les rendements sont beaucoup plus faibles : en moyenne, on peut produire 100 t/ha de courgette pour l’industrie « classique » ; c’est 40 t/ha avec le cahier des charges de la baby-food ! Il faut également avoir de la disponibilité en eau. » Outre le maraîchage, Alain Mounier cultive également 10 ha d'abricots destinés à l'industrie, avec Andros.

Les enfants et leurs parents ont pu s'adonner à la cueillette des courgettes d'Alain Mounier.
Les enfants et leurs parents ont pu s'adonner à la cueillette des courgettes d'Alain Mounier.

Des expérimentations en cours

Afin d’obtenir des légumes de manière plus précoce qu’avec les semis, et pour en évaluer la qualité, Alain Mounier s’est lancé cette année dans un essai de plantation de 50 000 pieds de courgette et 180 000 pieds d’aubergine, plantés début mai, avant les semis. Autre essai en cours pour la troisième année consécutive : la mise en place, en septembre, de couverts végétaux (phacélie, vesce, avoine, trèfle) dans l’inter-rang des légumes : « Le couvert se développe durant 8 mois avant d’être détruit au rouleau, explique Alain Mounier. Le but est d’une part d’éviter l’érosion des sols, d’autant plus ici sur des sols fragiles et des zones de pentes, mais également d’apporter une fertilisation naturelle aux sols en recyclant ces éléments nutritifs. L’objectif est aussi de diminuer le travail du sol et le désherbage, puisque le couvert étouffe les mauvaises herbes. » Si les essais s’avèrent concluants, le producteur compte bien généraliser cette pratique sur l’ensemble de ses cultures de légumes.

Mylène Coste

« Redynamiser la poire Williams dans les Monts du Lyonnais »

« Redynamiser la poire Williams dans les Monts du Lyonnais »

QUESTIONS À / Pierre-Antoine Morel, directeur des achats chez Blédina (groupe Danone)

Combien de producteurs travaillent aujourd’hui avec Blédina ?

Pierre-Antoine Morel : « Nous collaborons avec près de 200 producteurs de fruits et légumes, de toute la France : carottes et pommes de terre des Landes, pommes du Limousin, brocolis, épinards et choux du nord de la France... En Ardèche, Alain Mounier est notre seul producteur. Nous travaillons cependant avec des producteurs de lait de la laiterie Danone dans le département et la région, pour nos produits laitiers infantiles. En fruits, nous travaillons avec quelques producteurs de poire de la Drôme. Nous avons aussi conclu récemment un partenariat avec la coopérative Sicoly dans les coteaux du Lyonnais autour du programme « Sauvez Williams », dont le but est de redynamiser la production de poire Williams et de revaloriser les prix. 14 ha de cette variété ont été replantés dans les Monts du Lyonnais avec des contrats de 15 ans établis avec les producteurs ! »

Cherchez-vous de nouveaux producteurs ?

P-A.M. : « Aujourd’hui, notre objectif n’est pas forcément de rechercher de nouveaux producteurs, mais plutôt de les fidéliser. »

Comment la Baby-food est-elle valorisée au niveau des prix au producteur ?

P-A.M. : « L’alimentation infantile reste un débouché industriel, nous sommes donc à des prix inférieurs à ceux du frais. Toutefois, nous valorisons la prise de risque des producteurs (rendements plus faibles, risques sanitaires en l’absence de fertilisation azotée, etc.) : nous sommes ainsi à des niveaux de prix entre 10 et 20 % supérieurs à ceux de l’industrie « classique », et achetons à prix fixes. »

Quels sont vos principaux débouchés ?

P-A.M. : « Les produits Blédina, notamment les petits pots qui sont confectionnés dans notre usine à Brive-la-Gaillarde (Corrèze) sont très majoritairement vendus en France, en GMS. La division « Nutrition infantile » de Danone est également présente partout en Europe avec plusieurs gammes et marques selon les pays. »

Propos recueillis par M.C.