CHAMBRE D'AGRICULTURE
« Irriguer non pas pour augmenter le rendement, mais pour sauver le végétal »

La gestion de l’eau était au cœur des discussions lors de la session qui a réuni élus et partenaires de la Chambre d’agriculture de l’Ardèche, lundi 26 septembre.

« Irriguer non pas pour augmenter le rendement, mais pour sauver le végétal »
Benoit Claret, président de la Chambre d'agriculture, entourée par Jérôme Volle et Christel Cesana, vice-présidents

« L’Ardèche est en avance sur bien des sujets, mais sur la question de l’eau, elle a plutôt pris du retard », indique Christel Cesana, vice-présidente de la Chambre d’agriculture et présidente de la FDSEA. La preuve en chiffres : seule 6 % de la surface agricole ardéchoise est irriguée, contre 20 % dans la Drôme ou encore en région Paca. Contrairement à ces régions qui ont construit leurs modèles agricoles sur l’irrigation, l’Ardèche a développé des systèmes plus résilients… jusqu’à certaines limites. « Nous avons aujourd’hui besoin d'irriguer davantage, non pas pour augmenter le rendement mais pour sauver le végétal », affiche Benoit Claret, président de la Chambre d’agriculture. Et en la matière, toutes les cultures sont concernées, y compris la vigne. « Il ne s’agit pas d’arroser la vigne à tout prix, mais on peut avoir besoin d’arroser après les vendanges, lorsque les automnes sont trop secs, pour préserver le matériel végétal », explique le président de la Chambre. Qui se veut aussi rassurant : « Nous avons bien conscience qu’il faut économiser l’eau au maximum : ce qu’on veut, c’est irriguer ce qu’il faut pour sécuriser les exploitations. »

Stockage de l’eau : « Ne plus croire que c’est impossible »

Irriguer oui, à condition d’avoir la ressource pour. Les projets de stockage de l’eau, quasiment au point mort ces dernières années, devraient toutefois avancer. Les assises de l’eau (lire page 5) ont ainsi initié une approche territorialisée des projets de retenues. « Il faut maintenant qu’on travaille pour avoir un représentant des agriculteurs dans chaque bassin, dans chaque territoire, affiche Benoit Claret. Je ne dis pas que des projets vont voir le jour dès demain, mais je ne veux plus que les agriculteurs croient que c’est impossible. » Aujourd’hui, moins de 1 % des eaux de pluies sont stockées, soit 13 millions de m3.

Gestion des risques : des avancées, et quelques incertitudes

Suite à une année 2022 marquée par les calamités (gel, sécheresse), la Chambre d’agriculture demande que l’ensemble des productions et du territoire soient reconnus dans le dispositif en 2022. La réforme des outils de gestion des risques en agriculture, qui doit s’appliquer dès janvier 2023, a également été au cœur des débats. « Elle doit rendre l’assurance plus accessible, et inciter les productions qui sont peu assurées à la sauter le pas, comme l’arboriculture », indique Benoit Claret.

Pour cette réforme, Emmanuel Macron a confirmé le budget de 600 millions d’euros (M€) prévu, et a même annoncé qu’il était prêt à rallonger de 80 M€ si nécessaire. Le chef de l’État a aussi confirmé l’application à 100 % du règlement Omnibus, avec un seuil de déclenchement à  20% de pertes et un soutien public à hauteur de 70 %. Des annonces qui vont dans le sens des positions défendues par la Chambre d’agriculture.

En revanche, des incertitudes demeurent sur le seuil de déclenchement de l’indemnisation publique pour les pertes catastrophiques. Ce seuil devrait être fixé à 30 % de pertes pour l’arboriculture et les prairies, et à 50 ou 60 % pour la viticulture et les grandes cultures.

Une autre question reste en suspens : la moyenne olympique quinquennale, qui sert de base à l’historique de rendement, notamment pour les jeunes agriculteurs. Autre point de difficultés : les outils satellitaires pour évaluer l’état des prairies (Airbus, Isop) qui ne donnent pas satisfaction. Autant de questions qui devraient se préciser dans les prochains mois.

M.C.

Loup : vers la reconnaissance de la non-protégeabilité

Loup : vers la reconnaissance de la non-protégeabilité

18 attaques déclarées et 71 victimes ovines indemnisées : le bilan 2022 des attaques du loup en Ardèche engendre la colère des éleveurs. 

Pour prévenir et préparer les éleveurs aux attaques, la Chambre d’agriculture a mis en place des formations pour le dressage des chiens de protection, et a intégré le dispositif Maploup qui permet aux éleveurs d’être alertés en temps réel des attaques qui ont lieu près de leurs parcelles via leur téléphone. Un travail est également engagé avec les services de l’État pour définir des secteurs qui ne peuvent pas être protégés, de par leur système d’élevage et le morcellement des parcelles. « L’idée est de faire reconnaître la non-protégeabilité des parcelles sur certains territoires, en définissant des critères propres à l’Ardèche, explique Benoit Claret. La non-protégeabilité permettrait d’assouplir les modalités d’autorisation pour les tirs de défense. » Un dispositif similaire vient d’être mis en place dans l’Aveyron. Pour l’Ardèche, le travail ne fait que commencer.

6 %

de la SAU ardéchoise est irriguée (soit 8000 ha sur ne SAU totale de 122 000)